Dans son désir de s’étendre dans les principaux théâtres de la région, le Festival a été programmé au cours d’une soirée à Anthéa pour deux chorégraphies « On n’est pas toutes des Cendrillons » et « Bad Nature ».
« On n’est pas toutes des Cendrillons » est une création mondiale d’Eugénie Andrin, danseuse et chorégraphe formée à l’ESDC - Rosella Hightower.
Mêmes perruques de cheveux blonds oxygénés et mêmes tenues (signées Véronique Tetu), collant à leurs corps, les danseuses font des mouvements absolument identiques entre chaussons de danse et chaussures à talons aiguilles. Chacun de ces deux accessoires de la féminité donnent un équilibre précaire. Pour plaire, la femme serait-elle tenue de se mettre en danger ?
Avec ces deux accessoires aux pieds de ses interprètes, Eugénie Andrin a pensé à Cendrillon, jeune fille vêtue de haillons qui vont se transformer en robe élégante pour séduire. De même que nombre de femmes ont recours à la chirurgie esthétique pour plaire davantage - supposent-elles -. Pourtant, rien ne vaut l’authenticité !
Les mouvements des danseuses s’accordent à merveille dans une esthétique fascinante, se déplaçant avec aisance malgré l’inconfort des chaussures et des chaussons. La fluidité des mouvements donne une étrange poésie au groupe de danseuses. Tout est très cadré, mais la magie opère grâce aux volutes gestuelles qu’elles exécutent.
Les danseuses vont jeter à terre talons aiguilles et chaussons de danse.
Vont-elles ainsi se libérer des contraintes imposées à leur sexe pour plaire et pour séduire ? Eugénie Andrin semble prendre plaisir à déstructurer les codes de la danse classique en détournant l’usage académique de la pointe pour réunir cette technique à un langage plus actuel.
Charnelles, tout autant que sublimées, ces femmes – toutes identiques, entre perruques et accessoires de luxe - ne pouvaient que séduire le public qui les a longuement applaudies.
Caroline Boudet-Lefort

