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Fin de cet événement Octobre 2014 - Date du 4 octobre 2014 au 24 octobre 2014

Colloques

Depuis 1999, la Ville de Menton organise les Colloques « Penser notre temps ». Ce sont des conférences-débats tout public, qui ont lieu chaque samedi du mois d’octobre. Les Colloques permettent d’approfondir différents sujets au cœur de l’actualité selon quatre thématiques successives : « Rencontres sur les Origines », « Quelle Philosophie pour notre Temps ? », « La Cité des Hommes » et « Science et Conscience ».

Chaque conférence réunit un public de 700 personnes environ, venu écouter et rencontrer des intervenants prestigieux tels que Luc Ferry, Axel Kahn, Alain Finkielkraut, Jean-François Mattéi, Malek Chebel, Franz-Olivier Giesbert, Henry de Lumley, Etienne Klein, Robert Misrahi, Pascal Bruckner, Dalil Boubakeur, Jean-François Colosimo…

A l’issue des débats, un espace librairie et une séance de dédicaces permettent au public de prolonger sa rencontre avec les conférenciers. Un concours ouvert aux collégiens et lycéens de la Ville de Menton offre aux lauréats l’opportunité d’assister à la séance des questions au Gouvernement à l’Assemblée Nationale et de visiter ainsi cette institution de la République.

samedi 4 octobre - Les Origines de l’Homme

EMERGENCE DU SENS DE LA TRANSCENDANCE – SUR LE CHEMIN DU SACRE

Père Richard BEAUD, Dominicain, Egyptologue, Professeur de philosophie
Brigitte DELLUC, Docteur en Préhistoire, Chercheur attaché au Département de Préhistoire du Musée national d’Histoire naturelle
Henry de LUMLEY, Membre correspondant de l’Académie des Sciences et de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Directeur de l’Institut de Paléontologie Humaine, Président de l’ADEVREPAM, Laboratoire Départemental de Préhistoire du Lazaret
Jean-Pierre MOHEN, Conservateur général du Patrimoine, Docteur en Préhistoire, Conservateur des musées de France, Chevalier de la Légion d’honneur

Toutes les sociétés humaines sont portées vers une ambition analogue, la recherche du beau. Le sens de la beauté est, avec l’art, la poésie, la musique, une des aspirations les plus profondes de la nature humaine, à la recherche de la transcendance. La quête d’harmonie, est avec l’audace de savoir, la recherche de signification, l’altruisme, une des caractéristiques typiquement humaines.
Le sens de l’esthétique et l’art paléolithique apparaissent en Europe il y a environ 35 000 ans, avec l’arrivée des premiers Homo sapiens. Quels que soient le style des tracés et la complexité des sujets figurés (animaux, humains ou signes géométriques), ces œuvres ne décrivent pas la nature environnante. En revanche, elles présentent des thèmes choisis, des associations de thèmes, des choix de supports. Durant 25 000 ans, cet art est à la fois figuratif et symbolique. Dès le début, la recherche de l’esthétique accompagne l’expression de la pensée de ces groupes paléolithiques.
L’émergence de la conscience réflexive a amené l’être humain à une double expérience et à la formulation de celle-ci ; c’est d’abord sa finitude, sa vulnérabilité, sa limite qu’elle découvre, puis, liée à cette expérience, la conscience découvre qu’elle dépasse cette immédiateté. Là se trouve le fondement de la transcendance. C’est sur cette base que naquirent les puissances célestes et les divinités diverses auxquelles l’homme s’est senti uni. Lié à cette expérience se trouve le domaine du « sacré » dont la racine « sak » exprime la séparation. Les dieux sont à part, leur domaine est à part. Ils habitent dans le « fanum », les hommes sont dans l’espace qui le précède, dans le « pro-fanum ». C’est l’homme qui crée le « sacré » ; il s’y relie. La « création » de la religion par l’homme est l’expression de sa recherche d’un sens.
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Samedi 11 octobre - Science et Conscience

LE TRANSHUMANISME OU COMMENT GOOGLE FABRIQUE UNE NOUVELLE ESPECE HUMAINE

Jean-Michel BESNIER, Professeur de Philosophie à l’Université Paris-Sorbonne, Directeur de l’équipe de recherches « Rationalités contemporaines », Ancien membre du Comité d’Ethique du CNRS, du Conseil scientifique de l’Institut des Hautes Etudes en Science et Technologie et du Conseil d’administration de Universcience, Ancien directeur scientifique du secteur Sciences et Société du Ministère de la Recherche
Daniela CERQUI, Anthropologue spécialisée dans l’étude des rapports entre technologie et société, Maître d’enseignement et de recherche en anthropologie culturelle et sociale à l’Université de Lausanne
Jean-Claude WEILL, Professeur d’immunologie à l’université Paris-Descartes, unité Inserm de développement du système immunitaire à la faculté de médecine Necker-Enfants malades, Membre de l’Académie des Sciences

« Né en 2020, je suis un des premiers bébés « sur-mesure », au génotype customisé. Les chances que je développe un cancer du pancréas sont infinitésimales. Une société de biotechnologies parente de Google a déposé en 2012 un brevet permettant de sélectionner les gamètes des donneurs en fonction des souhaits des parents lors d’une fécondation in vitro. Mon ADN étant séquencé, les éventuelles 250 maladies génétiques que je pourrais développer sont anticipées. A la suite d’un accident, des nanorobots ont été injectés dans mon corps afin de régénérer cellules, fibres musculaires et organes endommagés. A chaque seconde de ma vie, un bracelet autour de mon poignet mesure mon niveau d’activité, mon diabète, analyse mon sommeil et mon rythme cardiaque, afin d’anticiper toute fluctuation dangereuse de mon organisme. Aujourd’hui, j’ai 80 ans, mon pancréas m’a laissé vivre, ma perte d’autonomie est progressive mais compensée par des dizaines d’appareils intelligents. La semaine dernière sous l’impulsion des médecins, mes enfants m’ont incité à numériser un maximum d’informations me concernant ; ils espèrent modéliser un avatar réaliste après mon décès. A défaut de tuer ma propre mort. » Récit fictif.
« L’humanité n’en est pas au stade final de son évolution mais plutôt à une phase de commencement » Darwin.
Les Nanotechnologies, la Biotechnologie, l’Informatique et les Sciences Cognitives (NBIC) convergent aujourd’hui afin de combattre la maladie, la vieillesse, le handicap et toutes sortes de « défaillances » propres à l’Homme, mais aussi de développer ses capacités physiques et mentales et lui permettre de se surpasser, d’atteindre un niveau de performance toujours plus haut. Autrement dit, multiplier prothèses, implants, transgénèses et autres produits stimulants, non seulement pour réparer l’individu si besoin, mais aussi pour l’améliorer.
Derrière la convergence des NBIC, le transhumanisme - mouvement intellectuel popularisé dans les années 1990 - rêve de changer l’homme, jugé imparfait. Ray Kurzweil, théoricien de ce mouvement et recruté par la multinationale Google, a pour objectif de transformer le moteur de recherche en une véritable intelligence artificielle et d’imaginer un monde meilleur, façonné, perfectionné par les progrès des technologies de pointe. Ainsi dès 2001, Google fait l’acquisition de près de 150 sociétés, poids lourds dans des domaines aussi variés que la publicité en ligne, la photographie aérienne, la santé, la robotique ou l’intelligence artificielle.
Les cinquante prochaines années verront apparaître non seulement des avancées technologiques radicales, mais aussi une singularité technologique, un point d’inflexion qui changera la nature même de l’homme. L’avènement d’une nouvelle humanité « déshumanisée » par les technologies : récit d’anticipation ou de science-fiction ? L’opinion publique doit entamer dès à présent un débat éthique.

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Samedi 18 octobre - La Cité des Hommes

D’HIER A AUJOURD’HUI : QU’EST CE QU’UN PEUPLE ?

Hervé LE BRAS, Historien, Démographe, Directeur d’études à l’EHESS, chaire "Territoires et populations" au Collège d’études mondiales
Pascal PERRINEAU, Professeur des Universités à Sciences Po
Ivan RIOUFOL, Journaliste, Essayiste, Editorialiste, Ancien rédacteur en chef au Figaro

Mentonnais, Parisien, Français, Méditerranéen, Allemand, Européen, Citoyen du monde… Comment se définit, se reconnaît et s’identifie un peuple ?
Face aux bouleversements qui ont traversé l’histoire des peuples, la notion de peuple est aujourd’hui floue. Les termes « nation » et « peuple » se distinguent ainsi l’un de l’autre : le terme de « nation » intègre une construction politique et désigne un Etat codifié strictement par son territoire, ses lois, son système de gouvernement. Le peuple est une entité plus complexe et difficile à saisir.
Dans la Rome antique, le peuple, populus en latin, désigne l’ensemble des citoyens romains. Cicéron écrit dans La République : « Par peuple, il faut entendre, non tout un assemblage d’hommes groupés en un troupeau d’une manière quelconque, mais un groupe d’hommes associés les uns aux autres par leur adhésion à une même loi et par une certaine communauté d’intérêts. » De façon plus prosaïque, au Moyen-âge, le mot peuple a alors un sens précis lorsque la population est en mesure de se rassembler autour d’un tertre, d’un champ de Mars. Mais l’accroissement du nombre, le passage de l’ordre des mille à celui des millions a fait de ce mot un terme immensément vaste. Au XVIIIe siècle, les guerres napoléoniennes remodèlent complètement l’Europe, de la Belgique à l’Empire ottoman. Lorsque l’Empereur est déchu, des révolutions éclatent sur tout le continent, connues sous le nom de « printemps des peuples », certaines populations aspirant à plus d’indépendance. Inspiré par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et le Code civil, le principe de liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes s’impose, s’accompagnant de l’idée d’identité.
Au cours de ses nombreux voyages auprès de peuples dits « premiers », l’ethnologue Claude Lévi-Strauss s’est intéressé aux moindres aspects de leur vie en société, tous régis par des codes, qu’il s’agisse des recettes de cuisine, des règles de politesse, de l’usage des parures et des masques ou de la narration des mythes. Le sentiment d’appartenance à un groupe, à un peuple n’est pas systématiquement fondé sur la souveraineté d’un monarque ou d’un gouvernement sur une ou plusieurs populations, mais sur l’existence d’une culture sociale, historique et commune, tels que la langue, les valeurs ou la religion. Entité à géométrie variable constituée de multiples facettes, le peuple ne se définit plus uniquement par sa situation géographique mais aussi par son histoire, sa culture et son imaginaire.
Comment ce sentiment identitaire se transmet-il ? Quel avenir pour les peuples de France et d’Europe ?

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Samedi 25 octobre - Quelle philosophie pour notre Temps

BIEN-PENSANTS ET MECONTEMPORAINS

Chantal DELSOL, Philosophe, Historienne des idées politiques, Romancière, Editorialiste, Professeur de philosophie politique à l’université de Paris-Est, Membre de l’Institut (Académie des Sciences morales et politiques)
Michel MAFFESOLI, Membre de l’institut Universitaire de France, Professeur de sociologie à la Sorbonne, Directeur du Centre d’Etudes sur l’Actuel et le Quotidien à l’Université Paris Descartes, Directeur du Centre de Recherche sur l’Imaginaire à la Maison des Sciences de l’Homme, Administrateur du CNRS, Membre de l’Académie Européenne des Sciences et des Arts
Alain-Gérard SLAMA, Essayiste, Chroniqueur au Point, Professeur à Science-Po

« Qui ne gueule pas la vérité, quand il sait la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires ! » Voilà la probité de la raison selon Charles Peguy et l’engagement du mécontemporain de s’élever contre le dogmatisme de la pensée unique, car « Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvais pensée, c’est d’avoir une pensée toute faite ». Mais qui est exactement ce mécontemporain décrit par Peguy ?
Le mécontemporain est, selon les mots de Milan Kundera, « L’homme qui ne sait pas ne pas réagir, qui ressent un besoin indomptable d’élever la voix quand il rencontre quelque chose qui lui paraît stupide ou injuste. » Quel est le devoir qu’il s’est imposé d’accomplir ?
En guerre contre la bien-pensance, le mécontemporain jette dans la mare un pavé pour en dénoncer les dérives. Employé par antiphrase, le terme de « bien-pensance », petite variante de « la pensée unique », est profondément négatif : il glorifie pour mieux sabrer. Mais que signifie exactement cette formule ? La bien-pensance endormirait les esprits, usant des émotions plutôt que des faits, fabriquant une information à partir d’une pensée uniformisée. Ces comportements sont perçus comme une trahison par les mécontemporains : la société ne souhaitant ni masque, ni euphémisme, ni mensonge dans la description des réalités. La modernité, les techniques mais surtout les médias sont désignés comme vecteur de cette bien-pensance ambiante. Car selon Michel Maffesoli : « Ceux qui ont le pouvoir de dire et de décider ne veulent pas voir le monde, leur monde, changer. Il faut, pourtant, trouver de nouveaux mots pour éviter les maux qui frappent notre société et construire de nouvelles règles du vivre-ensemble. »
Nombreux dans les médias à soulever les œillères du politiquement correct, les mécontemporains ne défendent-ils pas, en définitive, la liberté d’expression ?

LES COLLOQUES DE MENTON « PENSER NOTRE TEMPS »
4, 11, 18 et 25 octobre 2014 à 14h30
Palais de l’Europe – Théâtre Francis Palmero

Conférences-débats – entrée libre

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