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Notre Dame de Vie : découverte d’un site et d’un festival de musique

Cinq ans déjà qu’existe, à Mougins, le jeune Festival de Musique de Notre-Dame de Vie. Niché dans la verdure, au milieu d’une allée de hauts cyprès, il faut parvenir à ce lieu qui semble secret, et n’en est ainsi que plus beau.

En arrivant à proximité du sanctuaire, il est conseillé de s’arrêter à l’étang de Fontmerle pour y admirer le vaste tapis d’immenses lotus qui recouvrent l’eau où s’ébrouent des ribambelles de familles de canards.

Une vue de la magnifique chapelle Notre Dame de Vie (DR Ville de Mougins/OT)

Devant l’entrée de la Chapelle Notre-Dame-de-Vie, sont installés, pour le Festival, sièges et gradins, face au sanctuaire, l’espace scénique étant sous l’auvent et la chapelle elle-même servant de « coulisses ».

La moindre surface est astucieusement utilisée.

On peut visiter la chapelle, plutôt austère, occupée seulement de quelques bancs et de quelques ex-votos. Elle est chargée d’Histoire, avec des inscriptions de l’époque gallo-romaine et un clocher-tour du XIème siècle. Mais surtout, le lieu est marqué de religion par ses pèlerinages en hommage aux enfants morts-nés que Notre-Dame de Vie permettait de ressusciter quelques instants afin de pouvoir les baptiser. Les parents exprimaient leur reconnaissance en offrant un ex-voto à la Vierge de Mougins, remerciée également en d’autres circonstances : noyades, chutes, maladies, accidents.

Attenant au sanctuaire, l’ancien ermitage abrite un espace muséographique contenant le Trésor de Notre-Dame de Vie qui retrace l’histoire de la chapelle, tandis qu’à l’étage sont exposées des photos de Picasso - prises par son ami le célèbre photographe Lucien Clergue - dans sa maison toute proche : Picasso y vécut à partir de 1961, jusqu’à sa mort en 1973.

C’était fort risqué de lancer un tel projet musical dans une région qui regorgeait déjà de multiples festivals estivaux, mais pari gagné et tous les sièges ont été occupés pour les quatre soirées exceptionnelles de cet été 2018.

Il faut dire que, avec des artistes de renommée internationale, la programmation était des plus alléchantes pour attirer les mélomanes de la région.

Edgar Moreau, jeune prodige a ébloui le public ©Julien Mignot

A commencer par un récital de piano d’Andreas Haefliger, jeune artiste allemand déjà connu pour la sensibilité de son jeu, même s’il n’a pas encore acquis la notoriété qui ne saurait tarder. Il a ébloui le public avec ses interprétations de deux sonates que Beethoven a composées cinq ans avant sa mort, et il a provoqué une « standing ovation » à la fin de « Tableaux d’une exposition » de Moussorgski. C’était la première fois que ce pianiste jouait dans la région et il était ravi de ce lieu intime qui offre une grande proximité entre interprètes et public. Ensuite, il partait se produire dans des festivals en Chine et en Australie.

La programmation se poursuivait avec le violoncelliste Edgar Moreau et le pianiste David Kadouch, un enfant du pays – selon l’expression consacrée – puisqu’il a commencé ses études au Conservatoire de Nice, avant de les poursuivre à Paris et d’acquérir, dès l’âge de 13 ans, une renommée internationale. Réserver des places pour cette soirée s’est vite montré impossible, car, malgré sa jeunesse, son partenaire au violoncelle est tout aussi célèbre. Avec le maximum de leur talent, ils ont interprété Schubert, Mendelssohn, Debussy et Franck.

Aussi à l’affiche, le jeune Apollon Musagète Quartet, déjà très apprécié de la presse et du public, venait interpréter Bach, Anton Arensky, Dvorak et le Finlandais Sibelius qu’on dit être difficile à jouer. Pour terminer, à nouveau un récital de piano au cours duquel Serguei Babayan aura donné toute l’émotion requise pour son programme de Liszt, Mozart, Chopin et Rachmaninov.

Devenu un événement incontournable de la région, ce petit Festival (petit, uniquement par l’espace !) offre l’opportunité de vivre des moments intenses dans un merveilleux lieu magique.

Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une : (détail) Le violoncelliste Edgar Moreau et le pianiste David Kadouch (DR richard Gally/Twitter)

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