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Jazz à Domergue, l’art de la découverte !

Sur les hauteurs de Cannes - la Californie -, on retrouve, chaque été, avec plaisir le cadre idyllique des jardins de la Villa Domergue pour un Festival de Jazz à nul autre pareil. Frédéric Ballester, son directeur artistique, maintient son caractère intime avec un jazz tout en sérénité dans cet espace limité qui oblige à ne sélectionner que des trios ou des quartets. Et c’est tant mieux !

Au cours de ces soirées, dès les premières notes jouées, un sentiment de bien-être pénètre chaque amoureux du jazz. Si la montée à pied a été rude pour atteindre la Villa haut perchée, la récompense est d’autant plus suprême.

Cette année, la programmation a débuté par Champian Fulton, chanteuse et pianiste, accompagnée par Gilles Naturel à la contrebasse et Bernd Reiter à la batterie.

Toute en rondeurs sensuelles qu’on retrouve dans sa voix, cette trentenaire, au sourire radieux illuminant son visage, joue et chante avec un rythme qui invite à danser. Grâce à une famille de musiciens – son père, Stephen Fulton, est un trompettiste de talent – elle a grandi dans l’univers du jazz. Aussi, est-ce dès l’âge de 5 ans que Champian a commencé le piano, le chant, la batterie... Elle fait maintenant le bonheur des clubs de jazz new-yorkais et sa renommée ne cesse de grimper.... Comment ne pas être admiratif de sa dextérité inouïe : ses doigts continuent à jouer avec la même aisance sur le clavier tandis qu’elle se tourne vers le public ou les musiciens !

Le jour suivant, c’est Tricia Evy, une chanteuse très sexy qui entre en scène avec le trio qui l’accompagne (David Fackeure au piano, Thierry Fanfant à la contrebasse et Francis Arnaud à la batterie).

Grande, mince dans une longue robe rouge fendue sur une jambe superbe, elle en jette ! Dès qu’elle chante « I fall in love too easely », une ballade de Chet Baker, elle séduit le public. Elle n’aura de cesse de le mettre dans sa poche en l’interpellant et en l’invitant, malgré ses réticences, à chanter avec elle. Elle termine la soirée par une chanson de Georges Brassens qu’elle interprète à sa manière.
Après s’être produit l’an dernier sur cette même scène avec son frère Pierre sous la direction de leur père Romane, le guitariste Richard Manetti est revenu cette année avec son groupe pour une soirée manouche, mais pas seulement... Très prisé, son programme a aussitôt affiché complet en attirant un public conquis d’avance et qui n’a pas été déçu !


Le clou de la programmation cette année était Thomas Enhco, jeune pianiste encensé autant par les mélomanes que par la critique pour son jeu très inspiré.

Il a déjà remporté de multiples Prix en jazz et en classique. Habité par la musique et fermant les yeux pour faire abstraction du public et de tout ce qui l’entoure, il semble être seul avec son piano. Son corps suit ses mains pour jouer des morceaux qui racontent toujours des histoires d’amour, parmi lesquels, vitaminés à sa jeunesse, « La Javanaise » de Serge Gainsbourg ou « Les enfants qui s’aiment » de Joseph Kosma. De l’approche tendre et réfléchie de ses propres compositions aux tempos lents ou accélérés, émerge la grandeur discrète d’une musique dépourvue de toute mièvrerie sentimentale. L’assurance de son toucher, à la fois énergique et léger, et son habile jeu de pédales donnent toute son ampleur au piano en l’associant à une liberté audacieuse pour offrir un moment de pure magie !

Expérimentant chaque année un programme diversifié, Frédéric Ballester, qui assure lui-même une présentation chaque soir, insiste sur son désir de découvertes hors des sentiers battus, et le public le suit !

Et pour couronner le tout, l’entr’acte permet d’admirer « l’arbre de vie » de Stefan Szczesny, momentanément exposé, et de se promener jusqu’à l’insolite tombeau de Jean-Gabriel et Odette Domergue, copie conforme d’une oeuvre étrusque découverte dans la nécropole de Cerveteri et baptisée « Sarcophage des époux ».

Il est aussi possible de voir (ou de revoir), dans le superbe décor de la Villa, l’exposition d’une centaine d’oeuvres inédites de César. Véritables expériences stylistiques, ces dessins, qui échappent au travail habituel du sculpteur, appartiennent à la collection privée de Jean Ferrero. Acquises à partir des années 60 au sein des avant-gardes du XXe siècle, ces oeuvres, parmi lesquelles de nombreux autoportraits fort ressemblants, sont aussi une véritable découverte !

Tombeau de Jean-Gabriel et Odette Domergue - DR

Photo de Une : DR - Courtesy Ville de Cannes
Photos de l’article : DR

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