Dans des montagnes désertiques au Sud du Maroc, Luis (Sergi Lopez), accompagné de son fils Esteban (Bruno Nunez), recherche sa fille aînée qui a disparu depuis quelques temps alors qu’elle était venue jusqu’ici pour une « rave party ».
Tous deux se joignent sur la route à un groupe hétéroclite de ravers pour rejoindre une autre rave party plus loin dans le désert saharien où, à bord de véhicules des plus vétustes qui font une poussière parfois onirique, ils s’enfoncent de plus en plus dans de grands espaces inconnus. Sans cesse le père et son fils montrent des photos de la fille (ou la sœur) recherchée dans l’espoir d’avoir une information sur elle de quelqu’un qui l’aurait rencontrée, mais personne ne semble l’avoir vue.
Le récit est âpre en nous entraînant à suivre dans ce paysage minéral ces deux personnages coupés de leur monde habituel, mais qui sont rattrapés par la force de la musique et entrainés dans le délire et le vertige de la danse.
Chacun des personnages se trouve confronté à ses propres limites.
La musique techno met les corps en transe sous une chaleur infernale, quoique l’immensité aride de ces grandioses paysages désertiques ne laisse pas les corps perdre le contact avec la terre.
Bustes courbés, bras enchaînés, les corps se déplacent en lignes infinies avec un fluide de vie toujours plus fort.
Mené par sa folle liberté qu’il est impossible à résumer ou à décrire, le film embarque personnages et spectateurs dans un univers où la musique entraîne tout avec une grande vigueur et à un rythme qui ne laisse pas le temps de reprendre son souffle.
Comme toujours excellent, Sergi Lopez interprète ce père déboussolé et inquiet. L’acteur est un grand habitué du Festival de Cannes où il vient pratiquement chaque année.
Oliver Laxe avait déjà été primé à la Semaine de la Critique pour « Mimosas, la voie de l’Atlas » en 2016, et, à Un Certain Regard en 2019, pour « Viendra le feu ». Cette année, « Sirât » était en compétition officielle où ce film étourdissant a obtenu le prix du Jury.
Caroline Boudet-Lefort