Ce diagnostic, totalement inattendu, bouleverse Nino, et nous aussi dans nos fauteuils de spectateurs. Nino n’arrive pas à suivre les instructions, qui lui sont données à l’hôpital, sur sa façon de se comporter avant le début de sa chimiothérapie. Il n’arrive pas non plus à dire aux autres cette maladie qui le ronge irrémédiablement. Même à sa mère (Jeanne Balibar) qu’il va voir en premier lieu sans qu’elle ne soupçonne rien et dont la conversation est loin d’être adaptée puisqu’il ne parvient pas à lui dire ce diagnostic. Ensuite il enchaîne avec des amis, eux aussi en décalage : ils l’entraînent d’ailleurs dans une fête.
Les spectateurs, eux, ressentent le mal qui le ronge et occupe son esprit.
Bien sûr, la mort est là, au-delà de la maladie. Le délai est bref.
Cette chronique d’une maladie nous fait croiser divers personnages dont la plupart sont loin de la situation que vit Nino. Matthieu Amalric fait une brève apparition bouleversante en récent veuf encore fragilisé.
Bien sûr, on pense à « Cléo de 5 à 7 » d’Agnès Varda, où c’était l’attente du verdict qui créait le suspens. « Nino » est totalement différent par son rythme d’abord. Par la ribambelle d’amis qui entourent Nino ensuite et le fait qu’il ne soit guère conscient de la gravité de sa situation médicale, bien qu’il sache que la mort le guette.
Présenté au Festival de Cannes à la Semaine de la Critique, ce premier long métrage de Pauline Loquès nous interpelle.
C’est l’acteur québécois Théodore Pellerin qui interprète de façon fort subtile, sensible et émouvante le jeune Nino dans son errance captivante.
Caroline Boudet-Lefort