- Yann LERAT
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Comment vous est venue cette envie de devenir acteur ?
Je pense que c’était plus ou moins inné, que c’était une vocation. En fait, je ne viens pas d’une famille très riche, et je n’avais pas les jouets du genre « PlayStation » ou autres consoles, et donc j’allais jouer dans la rue et je m’amusais avec mes copains à refaire des scènes de films que j’avais vus la veille à la télé.
J’ai ensuite eu l’envie de faire du théâtre durant ma scolarité, mais je ne pensais pas en faire mon métier au départ. Ma famille n’a rien à voir avec le milieu artistique, et il fallait d’abord avoir des diplômes et faire des études. Malgré cela, j’ai senti qu’il me manquait quelque chose pour m’épanouir. Je suis donc parti à Montréal pendant un an, où j’ai fait une année sabbatique et j’ai fréquenté les plateaux de tournage, et j’ai d’ailleurs eu mon premier rôle dans "Escapade" de Elrich ROBICHON.
Au contact des gens sur place, je me suis rendu compte que c’était ça que je voulais faire, et une fois rentré en France, j’ai commencé des études en art dramatique au Conservatoire de Strasbourg. Par la suite, j’ai fait du théâtre, notamment avec un spécialiste de Molière, Jacques Bachelier, puis, de fil en aiguille, j’ai commencé à me former, et à prendre des cours dans des ateliers de jeu d’acteurs devant la caméra.
Je faisais les allers-retours entre Paris et Strasbourg, puis Cannes et Paris, où j’ai approfondi les techniques de l’Actors Studio, notamment avec des coachs de la Drama School de Londres, qui ont formé les James Bond par exemple (de Sean Connery à Daniel Craig, ndlr).
- "I.M.N.T" pour Kiss Kiss Bank Bank à Monaco - Kevin DELANNE 2014
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Vous avez fait beaucoup de longs et courts métrages, dans lesquels vous incarnez des personnages très différents les uns des autres. Quel genre de personnage préférez-vous jouer ?
Alors j’ai une préférence pour la comédie dramatique, je trouve qu’on vit dans une société qui ne nous permet pas d’exprimer facilement nos émotions, principalement quand il s’agit de quelque chose de triste. Dans cette société, on doit être beau, fort, jeune, souriant et en bonne santé, on n’a pas toujours l’occasion d’exprimer ces mal-être parfois trop profonds. Je trouve que c’est très intéressant d’exploiter ces sensations, car ça permet un juste équilibre émotionnellement, donc j’aime beaucoup les rôles dramatiques. Les colères, les crises de larmes, les doutes, les angoisses, ces choses qu’on n’est pas habitués à montrer.
Justement, comment faites-vous pour préparer un rôle ?
Je me pose toujours la question « pourquoi ? ». Pourquoi le personnage fait ça ? Comment il a été élevé ?
C’est vraiment par étapes successives, pour construire tout un personnage, pour comprendre pourquoi il réagit comme ça et pourquoi il a cette personnalité. Comme la personnalité vient de la petite enfance, il faut remonter très très loin, et donc du coup, il y a un travail de recherche, et c’est ça qui est très intéressant quand on travaille sur un personnage de composition. On arrive à avoir une espèce d’essence de personnalité, qui fait qu’au moment où on joue, on ne joue pas, mais on devient. Les réactions deviennent totalement naturelles du moment où on a travaillé à fond le personnage.
- Yann LERAT
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Avez-vous un acteur ou un réalisateur pour lequel, s’il vous présentait un scénario, vous accepteriez sans même le lire ?
John Malkovich sans hésitation ! (rires). En fait, je l’ai vu jouer dans "Les Liaisons Dangereuses", et j’étais là, « wahou ! ». C’est génial de pouvoir se mettre en scène dans des états émotionnels comme ça, dans les scènes de colère ou de séduction, je trouve ça extraordinaire. J’ai eu l’occasion de le rencontrer à Cannes l’année dernière, et je dois dire que c’était un des plus beaux jours de ma vie ! (rires)
Avez-vous un souvenir mémorable autour du cinéma, ou d’une rencontre ?
Ça a été une rencontre avec Jane Fonda, à Cannes. Je trouve que c’est une vraie personnalité, qui a quelque chose, comment dire, c’est comme une légende. Elle fait partie de ces acteurs mythiques des années 60-70 du cinéma américain. Du coup, être en contact avec elle, c’est presque comme si on était en contact avec toute l’histoire du cinéma. Entre son père et elle, il y a tout un monde cinématographique à part entière, qui est presque culte. C’est une légende, même si elle n’est pas encore morte (rires !).
- "Un indien dans la Sierra" pour Citizen Cannes Tv - Gérard CAMY 2013
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Cet acteur aux multiples facettes va présenter le court-métrage "Enjeu" dans les festivals, un thriller angoissant autour de la crise économique aux États-Unis, avec des personnes prêtes à tout pour récupérer l’argent qu’elles ont perdu. De plus, une série, "Bedroom Stories 2", pour Citizen Cannes TV sera tournée dans l’année.
Un emploi du temps chargé pour un acteur à suivre dès aujourd’hui...