| Retour

Un beau dimanche

Film de Nicole Garcia Sortie en salles le 5 février

Depuis son premier film « Un week-end sur deux », Nicole Garcia n’a jamais cherché à faire une oeuvre d’art, une oeuvre marquante par son audace et son originalité, elle va plutôt voir du côté des problèmes de société du cinéma français classique.

Dans « Un beau dimanche », c’est le milieu de la grande bourgeoisie dans toute sa prétention que la réalisatrice pointe du doigt. Elle dénonce son hypocrisie et son « paraître », sa suffisance et sa rapacité ! Faire de l’argent, faire fructifier l’argent, amasser l’argent et l’exhiber aussi comme preuve de réussite. Et si on ne joue pas le jeu, on est bon pour l’hôpital psychiatrique. C’est ce qui est arrivé à Baptiste....

Le film débute avec ce jeune instituteur remplaçant (Pierre Rochefort) impliqué dans son travail et soucieux d’aider un de ses jeunes élèves oublié à la sortie de l’école par un père négligent. De fil en aiguille, voilà Baptiste avec l’enfant sur les bras pour un dimanche de Pentecôte, avant de réussir à retrouver la mère (Louise Bourgoin), serveuse saisonnière dans un restaurant de plage, près de Montpellier. Séduit par cette jeune femme fracassée par la vie, il décide de lui venir en aide lorsqu’elle est menacée par des individus louches pour cause de dette d’argent. Il ira chercher la part de son héritage dans sa famille qu’il avait fui à tout jamais croyait-il. Il arrive donc par surprise dans cette bourgeoisie, suffisante et âpre au gain, où il est accueilli diversement quoique ce soit le retour de l’enfant prodigue. Harcelé par tous, Baptiste reste très lucide sur ce monde des affaires avec sa part de comédie sociale.

Rien n’est moins naturel que de refuser un héritage, paraît-il. Et de préférer la transmission du savoir à de jeunes enfants plutôt qu’une vie cossue et le plaisir de jongler avec des actions en bourse. Lors de son retour impromptu, Baptiste se trouve confronté à une réunion de famille, toujours accompagné de la jolie serveuse – non, elle n’est pas de ce « monde », même les domestiques lui rappelleront - et il mesurera encore une fois la qualité de ses choix. Deux mondes s’opposent, celui de l’argent face à celui de la précarité.
Nicole Garcia revient à un de ses thèmes favoris, celui du « Fils préféré » (titre d’un de ses films). Baptiste était (reste encore) le fils préféré de la mère (Dominique Sanda, superbe) et du père décédé, mais on apprend que le jeune instit’ idéaliste a eu des relations conflictuelles avec lui et que dans ce monde misogyne l’amour de la mère n’a pu faire le poids. Brillant étudiant, il était parti : disparu sans donner de nouvelles. Il en avait marre de jouer le jeu social de son milieu ; aussi, idéaliste rêvant d’une autre vie, a-t-il tout largué.

Pierre Rochefort, fils de Nicole Garcia et de Jean Rochefort, est tout à fait convaincant dans ce rôle de bourgeois déclassé. Toute la distribution est excellente, chacun déployant des griefs qui montrent le mépris de la réalisatrice pour la classe possédante. Nicole Garcia a toujours été une remarquable directrice d’acteurs.

Artiste(s)