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Fin de cet événement Juin 2021 - Date du 1er juin 2021 au 26 juin 2021

« The Father », de Florian Zeller

Magistralement interprété par l’immense Robert Hirsch qui l’a joué sur scène plus de 300 fois, « Le Père » de Florian Zeller a d’abord été un grand succès théâtral. Pour réaliser son premier film, l’auteur en a fait lui-même l’adaptation cinématographique, en compagnie de Christopher Hampton, et a choisi dans le rôle principal, le grand comédien anglais Anthony Hopkins avec le changement du titre pour « The Father ».

Bien sûr on pourrait reprocher au film d’être du théâtre filmé, d’autant plus qu’il n’y a aucune échappée sur l’extérieur et qu’on reste enfermé en huis clos dans l’appartement londonien, certes spacieux, de cet homme d’un âge avancé qui perd la boule.
On plonge véritablement dans sa tête, et chacun ressent son état de confusion, sa faiblesse, son extrême vulnérabilité. Car, ce film bouleversant est farci de trouvailles cinématographiques comme de faire jouer un même personnage par des acteurs différents, troublant le spectateur autant que le « malade ». Il n’y a qu’au cinéma qu’un tel micmac est possible. Cela justifie l’adaptation en film et c’est son audace de rendre aussi dingue le spectateur que le personnage d’Anthony. Et parfois aussi sa fille Anne qui s’occupe de lui au maximum de son temps disponible et qui reste impuissante devant le désastre de sa dégradation. Ainsi chacun vit les embrouilles qui passent dans la tête de cet homme dont les repères sont de plus en plus vacillants et tout devient factice. L’avance de la maladie semble inexorable, avec perte de la mémoire et perte d’autonomie.

Cet homme d’importance professionnelle en son temps et de grande culture – il écoute sans cesse la « Norma » de Bellini et « Les pêcheurs de perles » de Bizet -, prouve maintenant son incapacité à ordonner ses idées correctement. Ainsi donne-t-il une place énorme à sa montre soi-disant sans cesse volée par les aides-soignantes qui défilent, toujours renvoyées par ce père estimant pouvoir se débrouiller seul dans sa vie quotidienne. Evidemment, sa fille Anne retrouve la montre planquée par lui toujours dans la même cachette.

Le film est émouvant !
Et magistralement interprété aussi bien par Anthony Hopkins que par tous les comédiens qui l’entourent dont particulièrement Olivia Colman dans le rôle de la fille désemparée par celui qui semble être un monstre d’égoïsme. Alors qu’il est uniquement à côté de ses pompes et par moments s’en rend compte avec une touchante inquiétude. Le film montre ses visions, ses absences, sa dégradation.

Certains diront qu’un portrait ne fait pas un film. Mais la maladie d’Alzheimer est un sujet qui nous touche tous.

Chacun a connu des cas dans son entourage et en a la crainte pour sa famille et pour lui-même... Aussi tout film centré sur ce sujet est-il promis au succès en salles.

« The Father » a remporté deux Oscars. Celui de la meilleure adaptation - sans doute pour avoir su traduire en images les troubles de la maladie - et celui bien mérité de meilleur acteur pour Anthony Hopkins, qui avait déjà obtenu la fameuse statuette, il y a 30 ans, pour « Le silence des agneaux ».

Caroline Boudet-Lefort

Sortie en salle depuis le 26 mai 2021 / Drame
De Florian Zeller
Avec Anthony Hopkins, Olivia Colman, Mark Gatiss
Photo de Une : (détail) Copyright Orange Studio Cinéma / UGC Distribution

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