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Soirée courts métrages brésiliens à Casa Doc’

Connaissez-vous Casa Doc’ ? Cette association œuvre à Nice pour la promotion et le développement du cinéma documentaire de création.
Dans le cadre de soirées à thèmes, Casa Doc’ nous a présenté dans son charmant jardin sous les étoiles trois courts métrages de réalisateurs brésiliens. Grâce à Casa Doc’, nous avons pu découvrir la richesse et l’originalité de ce cinéma brésilien riche et inventif qui a du mal à arriver jusqu’à nous. On partage !!

Le documentaire dans ses formes actuelles cherche à cerner au plus près le réel. Il part d’un point de vue (ou de plusieurs-le cinéma est un art collectif), d’une analyse et d’une reconstruction (le montage) pour faire accéder à une vérité supérieure tenant compte de la polysémie et de la complexité de toute chose. Il ne s’oppose pas à la fiction car il en contient une part, tout comme la fiction est un miroir de la réalité.


Présentés par Tiago Andrade, cinéaste brésilien vivant à Nice, nous avons pu voir trois films originaux, dépaysant, traitant de sujets universels et de personnages humains, très humains.

Carneiro de Ouro

Réalisation : Dàcia Ibiapina, 2017

Le ton était donné par le premier court-métrage consacré à Dédé Rodrigues, un auteur réalisateur vivant dans la région particulièrement pauvre du Nordeste où il fabrique des « films de Cangaceros », ces bandits qui écument les villages.
« Faits à la maison », avec très peu de moyens, il crée dans le décor de savane pauvre de l’arrière-pays de Piauí l’équivalent des superproductions hollywoodiennes avec des costumes de bric et de broc, des chapeaux en carton et une mise en scène laissant aux acteurs (les amis du village) une très libre expression de leur jeu.
Dédé fait tout : mise en scène, direction d’acteurs, maquillage, cameraman, monteur, réalisateur et producteur, il crée même ses propres effets spéciaux.
Avec sa caméra, il raconte des histoires de brigands, de combats avec des animaux, de chevauchées dans les plaines sablonneuses.
Ses amis l’appellent Spielberg mais il est plutôt le Méliès du Nordeste.
Il gagne sa vie comme peintre fresquiste, mais ne cède pas sur son désir de cinéma. Ses films ont du succès et attirent un grand public, notamment sa trilogie « Cangaceiros Fora de Tempo »

Avec Dédé Rodrigues, nous découvrons la réalisatrice Dacia Ibiapina qui pose un regard amusé et emphatique sur ce tout autre cinéma, et nous montre que cet art est aussi à la portée de chacun.
Dédé dit d’ailleurs qu’il continuera à faire des films comme il l’entend. Il prévoit de faire ses prochains films dans la verdure alors que jusque-là, il filmait des paysages désolés, écrasés de soleil.
La réalisatrice, bien connue au Brésil, lauréate de plusieurs prix, a créé Honey Bee Group, pour réaliser des documentaires en Super 8 et des films s’intéressant de plus près à la vie des gens. Comment mettre le social à l’écran de façon non militante, plus sensible et plus subtile ?
Elle essaie de répondre à cette question avec « Beauty Environment », son film sur le monde des concours de beauté.

Divina Luz

Réalisation : Ricardo Sà, 2017
 
Autre réalisateur et autre personnage étonnant : Luz del Fuego, une danseuse et chanteuse féministe et naturiste, qui joue et danse avec des pythons qu’elle a apprivoisés. Célèbre dans les années 1950, elle a défrayé la chronique et divisé les brésiliens. Elle a choisi de finir ses jours sur une île entourée de ses serpents.
Nous découvrons un personnage hors norme, ses spectacles, ses danses et les polémiques créées autour d’elle par les autorités et les religieux.

Ricardo Salles de Sá, le réalisateur, a vécu entre l’Europe et les Etats-Unis. Dans les années 90, il a participé à des tournages de films comme Central do Brasil, un film qui a connu une diffusion internationale.
Il est aussi l’auteur de plusieurs courts-métrages de fiction (en super 8, 16mm et 35 mm) et de documentaires de création (en vidéo). 
Son regard sur Divina Luz a été documenté à partir de très nombreuses archives, de coupures de presse et d’extraits de spectacles. Une manière originale de conter une histoire.

Trailer - Divina Luz - Direção : Ricardo Sá - Narração : Letícia Braga from Leticia Braga on Vimeo.

A Casa de Catharina

Direction : Felipe Poroger, 2018

Le réalisateur a choisi sa grand-mère pour nous parler de la fuite du temps, de l’absence, du travail sur la mémoire. Comment une maison remplie d’enfants, d’adultes, de vie, s’est peu à peu vidée. Catharina confie à son petit-fils que le passé est tout ce qui lui reste. Affaiblie, se mouvant avec difficulté, ses souvenirs demeurent ses derniers compagnons.
Après son décès, le réalisateur nous montre l’appartement vide. Que reste-t-il d’une vie ?
Un documentaire émouvant.

Felipe Arrojo Poroger, philosophe et réalisateur a reçu plusieurs prix pour son film “O Filho Pródigo”. Il est directeur de la Mostra Paulistana de Curtas et écrit aussi des articles pour une revue au Brésil (Carta Capital).


Cette double rencontre de réalisateurs et des personnages dont ils ont choisi de faire des portraits touchants, signe l’inventivité et la sensibilité des cinéastes brésiliens, rendant hommage à des gens anonymes et aux parcours singuliers.
Deux des réalisateurs étaient présents : Ricardo Salles de Sá et Felipe Arrojo Poroger, avec lesquels un riche dialogue s’est établi.

L’atelier caïpirinha mené par le beau Mario a été très apprécié lors de la soirée ainsi que le buffet fait maison ! Chez Casa Doc’, l’ouïe, le gout et la vue sont stimulés pour nous amener en voyage !

L’association Casa Doc’ réalise et produit des documentaires de création sur le territoire. Elle s’engage pour la promotion et la diffusion du film court documentaire et propose aussi des formations. Elle dispose d’un espace équipé et modulable pour tous les faiseurs d’images !

Nous vous tiendrons au courant des prochaines soirées :)

Contacts : Association Casa Doc’ :Virginie Fonseca, Tiago Andrade, Benjamin Walter
[email protected]

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