Un Jury, présidé par le comédien Philippe Torreton, avait pour mission de choisir un film dans une sélection baptisée « Panorama des Festivals » puisque ce sont des films primés dans d’autres festivals internationaux et encore inédits en France. Ainsi était-il possible de voir « Mère et fils » du Roumain Calin Peter Netzer, Ours d’or à Berlin, ou « Le Grand cahier » du Hongrois Janos Szasz, Grand Prix à Karlovy Vary. Le jury a attribué son prix à « Pelo Malo » de la Vénézuelienne Mariana Randon, tandis que le public primait « Viva la Liberta » le malicieux film politique de l’Italien Roberto Ando.
Plusieurs sélections de qualité dont une rétrospective ayant pour thème cette année « Le Secret » offrait l’occasion de découvrir quelques films astucieusement choisis pour illustrer cette thématique, citons « Incendies », « Nobody Knows », « Certains l’aiment chaud », « Amen », « Secrets et Mensonges », « In the Mood for Love »... Secrets d’Etat ou secrets amoureux...
De nombreuses personnalités invitées sont venues : Nicole Garcia, tout sourire, pour présenter, en ouverture des Rencontres, sa nouvelle réalisation « Un Beau Dimanche » (sortie prévue le 5 février). Philippe Torreton a donné une leçon de cinéma, ainsi que Brigitte Roüan, réalisatrice de renom, et Noëlle Boisson, monteuse aux multiples Césars. Enfin Mathieu Kassovitz, à la fois comédien et réalisateur. Les comédiens Daniel Prévost et Guillaume Gouix, ancien élève de l’ERAC, étaient aussi venus pour présenter des films. Sous forme d’une vidéo d’une dizaine de minutes, un hommage a été rendu à Georges Lautner, réalisateur populaire décédé quelques jours avant la manifestation.
- L’éventail de Lady Windermere, film muet de Ernst Lubitsch (1925)
- © DR
Un ciné-concert a réuni un chef d’oeuvre du temps du muet d’Ernst Lubitsch, « L’éventail de Lady Windermere » et la musique du groupe l’Attirail sur une création originale de Xavier Demerliac. Etait-il possible d’avoir la subtilité assortie à la fameuse « Lubitsch touch » ?
Au cours d’une conférence de presse, Mathieu Kassovitz, arrivé regard anxieux, mains nouées et voix détimbrée, s’est vite détendu face à la poignée de journalistes bienveillants. Il dit être venu suite à la persuasion de Gérard Camy, Président de Cannes Cinéma, et comment résister à l’attrait de Cannes, capitale du cinéma ! L’échange a amené le jeune cinéaste à parler de « L’ordre et la morale » écrit, réalisé et interprété par lui-même. Le film est la reconstitution de l’assaut donné par les forces de l’ordre face aux Kanaks en Nouvelle-Calédonie, en avril 1988. Il y eut des remous lors de la sortie du film, en novembre 2011, plus de vingt-trois ans après les événements qui l’ont inspiré, car il mettait en cause des hommes politiques encore influents. Mathieu Kassovitz reste amer devant l’accueil fait au film en France, tant par la Presse que par le public. Il se montre critique sur le cinéma français qui produit des films pour la télévision, toujours soumise à la publicité. L’exception culturelle se perd. Le cinéma américain l’attire davantage, Spielberg, Coppola, Scorsese. Aussi envisage-t-il d’aller aux Etats-Unis tourner un film sur le 11-septembre, afin de soulever des secrets encore dissimulés (toujours des secrets !) Pour lui, le cinéma politique est primordial. Du moins, le cinéma doit-il éveiller les esprits.
Biberonné au cinéma, le public cannois a pu trouver, grâce aux 26èmes RCC, sa nourriture cinématographique hivernale et s’enrichir d’échanges fructueux.
- Matthieu Kassovitz était présent aux 26e Rencontres Cinématographiques de Cannes
- Photo : Film "L’ordre et la Morale" © UGC Distribution