Film de Solveig Anspach
Sortie en salles le 22 janvier 2014
A la suite d’un entretien d’embauche catastrophique, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle et délaisse son mari et ses trois enfants pour quelques jours de liberté, seule sur la côte. Elle rencontre ainsi un énergumène (Bouli Lanners, au mieux de sa forme), drôle d’oiseau couvé par ses deux frères un peu siphonnés. Il commence par balancer à la mer son portable, ce qui, en fait, ravit Lulu harcelée par son mari déboussolé. Plus tard, c’est la rencontre d’une vieille dame (savoureuse Claude Gensac) qui s’ennuie à mourir et à laquelle elle s’attache. Et enfin, ce sera une serveuse de bar exploitée et harcelée par sa patronne (Corinne Masiero). Le film est tiré d’une BD du même titre, dessinée par Etienne Davodeau. En gardant la trame, la réalisatrice en parcourt les grandes lignes racontées par ses amis dans la BD et par Lulu elle-même dans le film.
Mère de famille éteinte, femme timorée, Lulu ne se sent pas exister et a l’impression d’être juste « une extension de sa gazinière et de son lave-linge ». Le jour où, sans aucune préméditation, elle prend la décision de ne pas rentrer, elle découvre le bonheur de la solitude, de l’indépendance, de pouvoir déambuler où bon lui semble, sans forcément aller loin, mais simplement marcher au bord de la mer au bout de sa Vendée. Sans argent (son mari a bloqué sa carte bancaire), sa sympathique escapade qui ne devait durer qu’une nuit, pour cause de train loupé, se prolonge au gré de son désir et des incroyables rencontres qu’elle fait et qui ravive son désir éteint par l’usure du quotidien.
Moins doux-dingue que « Queen of Montreuil », le bonheur et la délicatesse qui se dégagent de ce road movie transforment cependant le film en une vivifiante échappée belle aux accents déroutants. Chaque rencontre révèle à Lulu un aspect d’elle, ainsi la serveuse souffre-douleur de sa patronne lui renvoie en miroir son propre masochisme. Karin Viard retrouve Solveig Anspach qui l’avait mise en scène dans son premier film autobiographique « Haut les coeurs ». Comme toujours, la réalisatrice filme la grandeur des gens modestes et accorde un regard bienveillant à ses comédiens, tel Bouli Lanners en repri de justice pétri d’humanité. Mais ce sont surtout les femmes qui sont solides chez Solveig Anspach. Si elles ne le savent pas, elles le découvrent en se servant de ce que la vie leur donne pour avancer. Karin Viard montre Lulu ahurie par son comportement, heureuse de découvrir le plaisir de ne rien faire, d’être comme une voile onirique dans de magnifiques paysages qu’elle arpente pour se regarder elle-même, se mettant à nu.
Car, le titre, direz-vous ? Voilà qu’un soir, sur la plage, Lulu (la fameuse « ménagère de 40 ans » visée dans les sondages d’opinion) se met à poil pour prendre un bain de mer, malgré le froid. Et comme elle est vue par ses anciens amis qui l’épient, la sidération de tous est totale ! La leur et la nôtre ! Quelle bonne surprise !