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FESTIVAL DE CANNES : Révélations de la Quinzaine des Réalisateurs

La semaine dernière, Edouard Waintrop, délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs, a présenté à Cannes la sélection cannoise aux cinéphiles de la région. Avant de dévoiler les titres des films retenus, il a rappelé que la Quinzaine des Réalisateurs est née de mai 68. Lors des manifestations qui ont entraîné une grève générale en France, le Festival de Cannes est interrompu par Godard, Truffaut, Malle et les autres : les images de ce moment mémorable repassent de temps à autre sur le petit écran.

Robin Wright animée dans "Le Congrès" d’Ari Folman
© DR

En marge du Festival officiel, des réalisateurs décident de la création de « la Quinzaine », considérée donc comme rebelle. Elle restera la plus libre et la plus ouverte au public. Edouard Waintrop en a repris la direction artistique l’an dernier, avec une première sélection bien accueillie tant par la critique que par les spectateurs. Cette année sera plus « aventureuse », a-t-il annoncé, et déjà elle semble fort alléchante, passant du polar à la comédie française, sans négliger le documentaire ou le film d’horreur. Les sélectionneurs ont retenu 21 longs-métrages sur les 1500 visionnés. Pour l’ouverture, ils ont retenu Le Congrès, nouveau film très attendu d’Ari Folman, l’auteur de La Valse avec Bachir, en compétition en 2008. Quoique la deuxième partie soit en animation, Robin Wright, Harvey Keitel, Paul Giamatti sont parmi les interprètes de ce film hybride adapté d’un roman culte de Stanislas Lem. Au cours de cette cérémonie d’ouverture, le Carrosse d’Or sera remis par la SFR (la Société des Réalisateurs de Films) à Jane Campion. Les deux premiers épisodes de la série qu’elle a récemment réalisée « Top of the Lake » seront projetés le jour même.

Parmi les comédies, retenons A Strange Course of Events de l’Israélien Raphaël Nadjari, sur les rapports entre une fille et son père : « un très joli film », a précisé Edouard Waintrop ! Il a aussi qualifié de « délirant du début à la fin » La Fille du 14 Juillet d’Antonin Peretjatko, un digne « héritier d’Hara-Kiri et de Jean-Luc Godard », selon le sélectionneur. Serge Bozon a réalisé aussi une comédie « étrange et drôle », Tip Top, où Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain et François Damiens jouent sur trois registres comiques différents. Peut-on classer parmi les comédies Les garçons et Guillaume, à table ! L’émotion est aussi au rendez-vous dans le film que le comédien Guillaume Gallienne a lui-même réalisé d’après sa pièce de théâtre à succès : il a su trouver des équivalents cinématographiques pour surprendre sur l’amour et ses rapports compliqués à sa mère.
Encore une comédie teintée de forte émotion, Henri de Yolande Moreau dont nous avions adoré La mer monte. Pippo Delbono (le célèbre acteur et metteur en scène du théâtre italien) y incarne la solitude d’abord dans le Borinage, ensuite dans les Flandres : nous sommes bien en Belgique !

Henri, de Yolande Moreau
© DR

Les Apaches, premier long-métrage du Français Thierry de Peretti, a sidéré les sélectionneurs. Il concourt pour la Caméra d’Or, de même qu’un autre premier film découvert à Singapour : Ilo Ilo d’Anthony Chen oscille entre comédie et drame. Un polar sur la corruption aux Philippines : On the Job d’Erik Watti. L’Indien Anurag Kashyap, qui avait présenté l’an dernier la passionnante saga de 5 heures Gangs of Wasseypur, revient avec Ugly, une satire virulente de la société actuelle dans son pays. Venu de Suisse, Après la nuit de Basil Da Cunha est un polar en portugais, car tourné dans un bidonville de Lisbonne. Se passant dans la haute bourgeoisie chilienne, L’Eté des poissons volants de Marcela Said, « un talent prometteur du cinéma latino-américain », parait-il. Le film le plus émouvant de la sélection : Le Géant égoïste de la jeune Anglaise Clio Barnard, sur l’amitié et les illusions de deux garçons qui rêvent de s’en sortir.
Trois films américains : Blue Ruin de Jeremy Saulnier, un film policier style années 50, Magic Magic de Sebastian Silva, l’auteur chilien de La Nana, qui vit à Brooklyn, et We Are What We Are, un film d’horreur de Jim Mickle. Last Days on Mars, premier film de science fiction de Ruairi Robinson, un Irlandais vivant aux Etats-Unis. Présenté par la Suisse, L’Escale de Kaveh Bakhtiari est un documentaire impressionnant sur des immigrés clandestins iraniens en Grèce.
Un revenant qui n’a pas fait de film depuis 18 ans, Marcel Ophuls s’attaquera à ses mémoires dans Un Voyageur, parlant de sa famille sans ménager personne. C’est un véritable roman sur presque un siècle qu’il nous offre. Aussi disparu de longue date du cinéma, le Chilien Alejandro Jodorowsky qui viendra présenter son nouveau film La Danza de la realidad, une confession sur son père et sa mère. Par ailleurs, un documentaire de Franck Pavich lui est consacré, Jodorowsky’s Dune, racontant le tournage avorté de l’adaptation du fameux roman Dune que le réalisateur chilien préparait et qui devait durer dix heures !

Aux festivaliers et aux professionnels de découvrir la richesse de cette programmation intense et diversifiée qui donnera des nouvelles du monde, du cinéma et des réalisateurs !

Festival de Cannes
Quinzaine des Réalisateurs
Du 15 au 26 mai

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