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CINEMA : Gatsby le Magnifique - De Baz Luhrmann

Sortie en salles le 15 mai 2013

Cannes aime le cinéma et les paillettes ! En sélectionnant Gatsby le magnifique de Baz Luhrman en ouverture du Festival, les deux étaient réunis ! En 3D, le film remplit largement les mirettes avec les feux d’artifice et les paillettes de fêtes éblouissantes. De plus, des super vedettes pour une montée glamour sur le fameux tapis rouge, même sous la pluie !

© Warner Bros, France

Dans les années 20, Jay Gatsby, personnage séduisant, énigmatique et richissime, s’installe à Long Island dans une sorte de château d’une absurdité exubérante où il mène grand train. On s’empresse à ses fêtes somptueuses dont il éclabousse la région, mais personne ne saurait dire qui est ce Gatsby légendaire sorti de nulle part, ni d’où vient son argent. A-t-il été un espion ? Un héros de la guerre ? Un mythomane ? Aux yeux de tous, il incarne la volonté de puissance et la réussite toutes portes ouvertes. En fait cette splendeur orgueilleuse, patiemment conquise, abrite un amoureux. Entre bals, garden-parties et dîners luxueux, il croise Daisy, qu’il a toujours aimée. Tout s’écroule le jour où il comprendra ne jamais pouvoir conquérir cette femme, frivole et lâche, engagée ailleurs. Adieu les fêtes....

Fidèle au roman, Gatsby promène son spleen dans le tourbillon de la haute société américaine d’une époque d’ultra riches, une époque où l’on flambe sa vie dans les vapeurs de l’alcool et au son du jazz (un jazz qui n’est pas celui d’alors : quoique les orchestres soient composés de Noirs, le frénétique be-bop s’est transformé en bruyante mixture hip-hop et rap).

Carey Mulligan et Leonardo DiCaprio
© Warner Bros France

La reconstitution excessive de l’époque des « années folles » et le mélo étourdissant et clinquant donne le vertige, loin de la légèreté et du désenchantement de l’écriture de Francis Scott Fitzgerald. Dans les falbalas de la fiction, s’agit-il pour Baz Luhrmann de légitimer son titre de créateur par un excès de paillettes ? Faut-il s’interroger sur la projection du réalisateur dans le personnage du roman ? Désirait-il réellement rendre compte du mythique roman par une orgie d’images, une débauche d’effets visuels et sonores ? Est-ce là le rêve américain ?

L’histoire est contée par le jeune Nick Carraway (Tobey Maguire), cousin de Daisy, qui constate que tout est factice, car la fascinante frénésie de cette société sera bientôt engloutie dans la crise de 1929. Davantage que dans le roman, Gatsby-DiCaprio se montre un parvenu où grincent ses origines modestes, bâtissant son identité grâce à ses fêtes bling-bling. Dans un ailleurs indéfinissable, le couple formé par Leonardo DiCaprio et Carey Mulligan ne semble guère crédible, comme absent de tout sentiment. Comment ne pas penser avec nostalgie au couple Robert Redford et Mia Farrow, réunis par Jack Clayton dans l’adaptation précédente – déjà discutable - de ce chef d’oeuvre de la littérature américaine !

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