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Retour sur le Festival de Cannes

Bravo pour ce Palmarès qui fait preuve de radicalité et de diplomatie afin de satisfaire tout le monde ! D’abord la Palme d’or ! Sitôt dévoilée la liste des films sélectionnés, nous étions certains que Nuri Bilge Ceylan l’obtiendrait pour « Winter Sleep ». Cette certitude s’est trouvée renforcée à la vision de ce splendide film qui réunit beauté et intelligence durant 3 heures 20 qu’on ne sent pas passer (Nous en reparlerons dès sa sortie le 13 août).

Au grand étonnement de tous, le Grand Prix est revenu à l’Italienne Alice Rohrwacher pour « Les Merveilles », film très attachant sur une famille d’apiculteurs vivant en marge du monde dans une ferme d’Ombrie. La surprise de le voir cité au Palmarès résultait du manque d’enthousiasme manifesté par quelques critiques pour ce radieux film inclassable.

Les Américains sont repartis avec deux médailles, ce qui est important pour ne pas qu’ils boudent le Festival l’an prochain. Julianne Moore a obtenu le Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans « Maps to the Stars » où David Cronenberg dépeint Hollywood comme une société maudite croupissant dans l’inceste et poussant ses enfants à s’auto immoler.

La mise en scène d’un très grand classicisme de « Foxcatcher » aurait pu rebuter Jane Campion, présidente du Jury. C’est pourtant le prix qu’il a décroché alors que ce film méritait plutôt des prix d’interprétations masculines pour les excellents Steve Carrell et Mark Ruffalo ! Ce prix, toujours très convoité, est revenu à Timothy Spall qui incarne dans « Mr Turner » de Mike Leigh, l’un des plus grands peintres anglais dans les dernières années de sa vie. Les magnifiques paysages de la campagne anglaise ne font pas oublier le jeu très caricatural du comédien pourtant récompensé.

Avec un talent digne de Tarkovski ou de Bresson, Andreï Zviaguintsev a déjà eu le Lion d’Or à Venise pour « Le Retour » son premier long-métrage et, en 2012, le Prix du Jury de la section Un Certain regard pour « Elena ». En racontant dans « Leviathan » la corruption galopante qui règne en Russie et produit un drame familial, il a obtenu cette année le prix du scénario, très largement mérité. Le Prix du Jury a été attribué ex-aequo au plus jeune et au plus âgé des réalisateurs en compétition. A 25 ans, Xavier Dolan a déjà signé cinq longs métrages et, pour la première fois en compétition, il espérait bien décrocher la palme avec « Mommy » qui a épaté par ses multiples trouvailles pour narrer l’histoire d’une mère se voyant confier la garde d’un enfant agité par des troubles de comportement. Quant à Jean-Luc Godard, est-ce l’ensemble de son oeuvre qui a été récompensé dans cet « Adieu au langage » où il « godardise » avec des maximes sentencieuses sur un monde qui n’est plus le sien ? Ou est-ce l’adieu au cinéma du réalisateur de 83 ans qui parle nostalgiquement du temps qui passe ?

Pour la Caméra d’Or qui récompense un premier film, un autre Jury, présidé cette année par Nicole Garcia, a attribué le prix à trois anciens élèves de la Fémis, Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis. Ils ont réalisé ensemble « Party Girl », sur une entraîneuse de cabaret à la soixantaine bien tassée, mais encore séductrice et dynamique. Avec des applaudissements frénétiques, le film a fait l’unanimité sur la Croisette !

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