Lorsqu’on me demande d’où vient l’idée de ce film et notamment le lieu et le sujet, la réalisatrice Alice Rohrwacher répond,
j’aimerais pouvoir répondre par une ville, comme Rome ou Milan, mais je dois situer ma région entre trois autres (l’Ombrie, le Latium et la Toscane), décrire une campagne où les identités régionales sont toutes détruites. Les gens connaissent parfois cet endroit, mais ils en gardent une impression moyenâgeuse !
C’est ce qui m’a poussée à travailler sur LES MERVEILLES : raconter les difficultés
rencontrées par la campagne ou ces petites villes qui se sont déguisées en endroits « purs », hors du temps… Avec un peu de recul, on comprend que ces endroits ne sont pas du tout comme ça et que la pureté n’est qu’une prison, dans laquelle ils se sont enfermés pour sauvegarder leur salut économique.
Quatre sœurs grandissent en marge de la société de consommation dans une ferme d’apiculteur, et sont tenues hors des tentations de notre monde par leur père (Sam Louvyck), qui outre de détester les chasseurs, dort à la belle étoile et prône le retour à la nature en défendant celle-ci corps et âme..
Élevées dans des règles strictes, et sous la forte autorité du père, la famille semble soudée. Cependant plusieurs éléments arrivent à confondre ce fragile édifice. Tout d’abord les normes européennes qui imposent de lourds investissement que la famille ne pourrait supporter, puis l’arrivée de Martin (Luis Huilca Logrono), un jeune délinquant placé à la ferme dans le cadre d’un programme de réinsertion, et enfin le tournage dans la région du "Village des merveilles", le célèbre jeu de télé réalité avec des agriculteurs ( cela ne vous rappelle rien ? ) animé par la présentatrice vedette de l’émission (Monica Bellucci), avec à la clef la possibilité de gagner un pactole, qui pourrait sauver l’exploitation familiale de la faillite qui la menace…
Malgré quelques longueurs et un sujet implicite sur le devenir de notre monde ou tout va trop vite, ou tout est "perdu".(comme semble le prévoir le Père), voila donc un film social, nature, et profond comme les aime le Festival de Cannes.
Pourtant cela ne décolle pas vraiment,et la force du sujet ne ressort pas totalement, le scénario ne portant pas véritablement l’objet.
Un accessit pour la belle évocation finale de la ferme abandonnée et du rideau se balançant doucement au vent, qui pourraient à eux seuls nous évoquer la force du message que tente de nous apporter ce film.
La puissance de chaque objet, de chaque lieu, et tout abandon sont certainement à l’origine issus d’une profonde, opulente et certainement fertile vie......fondu au noir.