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CINEMA : Les Chevaux de Dieu - De Nabil Ayouch

Sortie le 20 février

Un petit caïd d’un bidonville de Casablanca devient islamiste radical à la faveur d’une incarcération. Une fois libéré, il persuade son petit frère de 10 ans, et les amis de celui-ci, de s’engager auprès de lui dans la voie de Dieu. Après une longue préparation physique et mentale, les membres du groupe sont prêts à mourir en martyrs. Leur chef spirituel annonce alors que les deux frères ont été désignés pour perpétrer un important attentat : celui de Casablanca en mai 2003 qui fit de nombreuses victimes.

Pour Les Chevaux de Dieu, Nabil Ayouch s’est inspiré des Etoiles de Sidi Moumen, un roman de Mahi Binebine qui tente d’élucider comment quelques déshérités ont pu se laisser instrumentaliser jusqu’à devenir terroristes. Déjà, dans plusieurs films, le sujet central est la montée en puissance de l’intégrisme musulman parmi une population défavorisée (voir La désintégration de Philippe Faucon), mais, cette fois, le film est tourné avec des acteurs non professionnels et dans un bidonville de faubourgs marocains envahis par la misère et la violence, ce qui lui donne une authenticité remarquable. Les détails sonnent justes, tant dans le cadre véritable de cette banlieue pauvre en périphérie de Casablanca qu’au sein de la famille où le père est dépressif et la mère contrainte de diriger comme elle peut la maisonnée avec un fils à l’armée, un autre autiste, un troisième en prison. Quoique l’entourage manifeste une solidarité et des échanges que ne permet plus la verticalité des grandes villes, le jeune Yacine est obligé de faire toutes sortes de petits boulots pour amener un peu d’argent à la famille.

Pour montrer comment des gamins ordinaires deviennent les martyrs d’attentats suicide, le film de Nabil Ayouch est quelque peu démonstratif sur la misère responsable de toutes les horreurs, alors que le discours religieux reste hors champ. Les comédiens en herbe, Abdelhakim et Abdelilah Rachid, frères dans la vie et à l’écran, sont convaincants, portés par leur énergie et l’aventure hors norme de participer à ce film.

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