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FESTIVAL DE CANNES : De rouille et d’os

Film de Jacques Audiard, sortie en salle le 17 mai

SYNOPSIS :

Ça commence dans le Nord.
Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, son fils, il le connaît à peine.
Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa soeur à Antibes.
Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau.
À la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose.
Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau.
Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions.
Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.

Audiard, debute la présentation de son film de la façon suivante : Il y a quelque chose de saisissant dans le recueil de nouvelles de Craig Davidson
« De Rouille Et d’Os » : le tableau d’un monde moderne vacillant, à l’intérieur duquel des trajectoires individuelles, des destins simples, se trouveraient magnifiés par le drame et les accidents.

Ce film est un mélo, ou pas ? Une vraie histoire d’amour, ou pas ? En fait c’est tout en puissance, dans la passion amoureuse, dans la bestialité, dans les échanges et dans la rudesse de ces deux destins dramatiques et leurs corollaires de vies accidentées.

La rencontre de ces deux êtres écorchés, admirablement servie par Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts. L’une est dresseuse dans un parc aquatique du sud de la France, amputée des deux jambes à la suite d’un accident, l’autre est boxeur de rue, une bête en somme, qui combat pour survivre.

Les rapports à la boxe, aux blessures et à l’amputation, sont déja programmés dans le titre, de rouille pour le sang, et d’os qui se brisent, ce que dans les deux cas les boxeurs autant que les handicapés connaissent.

Il y a de ceux qui diraient, nous avons démarré un sacré cycle sur le cinéma et les handicaps, aprés "Intouchables", que voudrait nous servir encore Audiard ?

Autant vous dire, que nous ne sommes plus du tout dans le même registre, à la comédie, se place la profondeur des êtres, on va beaucoup plus loin, beaucoup plus fort, c’est en somme tout en puissance et en beauté.

La société est barbare, elle laisse peu de place aux différences, seuls ceux qui se battent perdurent. Ces deux êtres se magnifient.
Aprés Prophete en 2009, le nouveau film d’Audiard est un choc en soi : puissance des portraits, puissance graphique et esthétique (la lumière, les cadrages, les décors et la musique, un summum à chaque niveau), puissance des mots et de leur restitution.

Comment vous décrire la scène la plus impressionnante, dans un cinéma sans cesse en mouvement et amenant un choc emotionnel constant ? L’histoire de ce cinéma retiendra sûrement la mise en lumière de l’accident de Stéphanie, bijou de réalisation, dans le timing et le découpage.

Cela laisse au souvenir, il y a quelques années du film "Sur mes lévres"... Nous avons ici encore, deux abîmés de la vie, mais la force du romantisme dans un recit poignant, en constante mouvance, provoque lorsque l’on si attend le moins des "uppercut" d’émotions. C’est un trés beau cinéma, à n’en pas douter un "primable", tant dans la réalisation, que dans les interprétations.

Merci Monsieur Audiard, il nous faudra donc attendre encore trois ans pour un nouveau chef d’oeuvre..

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