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CINEMA : Cogan - La mort en douce - Sortie en salles le 5 décembre

Film d’Andrew Dominik

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford était un magnifique duel de non-dits en forme d’anti-western, aussi hypnotique qu’esthétisant, entre un desperado à bout de souffle et un bleu à l’admiration maladroite. Andrew Dominik revient avec Cogan – La Mort en douce, où il signe l’adaptation du polar ironique L’Art et la manière (1974), chef d’oeuvre de George V.Higgins, procureur et écrivain surnommé « le Balzac des bas-fonds de Boston ». Revisitant le film noir avec brio, Dominik transpose l’action du roman à la Nouvelle-Orléans, durant la campagne électorale de 2008 où Obama et Bush s’affrontent dans des débats télévisuels, ce qui permet de dater l’action. L’histoire nous conduit dans les arcanes de l’enfer d’une pègre de magouilleurs, mafieux, petites frappes et avocats véreux, dont certains piétinent les codes d’honneur. Quartiers à l’abandon, villes désertes, rues battues par les vents avec détritus qui virevoltent, tripots cheap d’arrière-cuisine, appartements minables servent de décor. L’Amérique est alors en crise, de même que le microcosme des gangsters suite à un braquage par des petits malfrats d’une partie de poker illégale avec réactions en chaîne. L’argent est au coeur de toutes les négociations : pourboire et notes de frais du tueur à gages sont discutés, métaphore de la crise économique et sociale. On devine que tout va foirer. Mais allez savoir comment ! La Mafia fait appel à un super spécialiste pour mettre de l’ordre dans le chaos et tirer au clair ce casse. C’est Brad Pitt - acteur toujours magnétique - qui retrouve colt et flegme pour débusquer les braqueurs et les tuer avec élégance, sur des musiques douces qui accompagnent toutes les scènes de violence. C’est donc une histoire d’hommes où ne reste à la femme qu’un petit rôle de putain.


Dans ce film noir classique vraiment très réussi, les assassins philosophes et fatigués convoquent bien des fantômes connus chez Tarantino ou les frères Coen, même si Ray Liotta, Sam Shepard et James Gandolfini semblent se caricaturer eux-mêmes en escrocs à la petite semaine.

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