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CINEMA : Au-delà des collines et Thérèse Desqueyroux - Sortie en salles le 21 novembre

Parmi les films sélectionnés à Cannes, deux adaptations littéraires sortent cette semaine. En compétition Au-delà des collines d’après deux romans non fictionnels de la journaliste de la BBC, Tatiana Nicalescu Bran, et le film de clôture du festival Thérèse Desqueyroux, adapté de l’oeuvre, devenue classique, de François Mauriac.

Déjà palmé d’or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, Cristian Mungiu, a été récompensé au dernier festival de Cannes pour Au-delà des collines par le Prix du scénario et le Prix d’interprétation ex-aequo pour ses principales comédiennes : Cosmina Stratan et Cristina Flutur.
Amies d’enfance depuis l’orphelinat, deux jeunes filles se retrouvent, après une longue séparation, dans un couvent d’un coin reculé de la Roumanie. L’une, devenue nonne, essaie de maîtriser les sentiments d’amour excessifs que l’autre éprouve à son égard. Celle-ci, étant partie travailler en Allemagne, tente en vain d’entraîner son amie à y retourner avec elle. Elle ne comprend pas qu’elle lui préfère Dieu et trouve la paix dans un monastère où religieuses et prêtre sont devenus sa famille. Son comportement exalté et son refus de se confesser seront considérés comme blasphématoires par le Pope et la Mère supérieure, qui, au nom du bien, ne reculeront devant aucune torture morale et physique. Leurs fièvres mystiques et l’hystérie générale conduiront à un exorcisme radical. Le film pourrait sembler austère, il sollicite toute l’attention : chaque détail compte pour comprendre ce monde de croyances profondes que Cristian Mungiu a su décrire sans charger le clergé, ce qui rend d’autant plus forte la dénonciation de l’archaïsme de certaines pratiques religieuses et le danger du fanatisme. Le réalisateur s’est inspiré d’un fait réel qui défraya la chronique en Roumanie et sur lequel une journaliste a enquêté : la jeune fille étant morte de privations, le prêtre fut considéré coupable. La mise en scène d’une grande rigueur laisse le film constamment sous tension et a permis au réalisateur de montrer des stigmates de la dictature roumaine toujours évidents dans certains domaines : la médecine, la police. L’image finale en dit long : un essuie glace n’arrive pas à éliminer toute la boue.

Une autre femme est aussi victime du monde qui l’entoure : Thérèse Desqueyroux de Claude Miller est la deuxième adaptation du roman de François Mauriac, cinquante ans après la version de Georges Franju. Parfaite pour exprimer les contradictions de son personnage, Audrey Tautou y tient le rôle-titre : une femme bourgeoise qui étouffe sous le poids des conventions de son milieu et de son mariage tristounet dans la France des années 20. Dans les Landes, les unions sont « arrangées » pour augmenter les possessions de terre et allier les familles. Son mari étriqué (Gilles Lellouche, convaincant) ne peut comprendre ses désirs de curiosité sur le monde et ses idées avant-gardistes loin des habitudes de vie provinciale. Pour se libérer de son destin déjà tout tracé, la jeune femme tentera tout pour vivre pleinement sa vie. Très classique, le dernier film de Claude Miller – mort juste après l’avoir terminé - passe peut-être à côté de l’aspect subversif du livre qui avait créé la polémique lors de sa sortie en 1927.

Voici la bande-annonce du film "Au-delà des collines" ci-dessous

Voici la bande-annonce du film "Thérèse Desqueyroux" ci-dessous

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