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A Touch of Sin

De Jia Zhang-Ke

Sortie en salles le 11 décembre 2013

Depuis Xiao Wu, artisan pickpocket, on sait que Jia Zhang-Ke s’intéresse à l’histoire au présent de la Chine et à son entrée – à marche forcée – dans l’ère du capitalisme sauvage. A Touch of Sin (« Un soupçon de péché » !) raconte quatre histoires de violence pour cause d’humiliations et d’exploitations. Un mineur exaspéré par la corruption des dirigeants de son village décide de passer à l’action. Un travailleur migrant découvre les possibilités offertes par son arme à feu. Une hôtesse d’accueil dans un sauna est poussée à bout par le harcèlement d’un riche client. Enfin, le quatrième passe d’un travail à un autre, dans des conditions de plus en plus dégradantes.

Affiche du film
© Ad Vitam

Film à sketchs ? Non, mais des histoires indépendantes les unes des autres situées dans quatre régions différentes de la Chine, des lieux montrant l’exploitation de l’homme par l’homme et une société qui impose corruption et humiliation. Quatre faits-divers tragiques et authentiques sur la brutalité d’un monde dépeint comme le symbole de la modernité accélérée. Leur enchaînement est déroutant, même si chaque histoire se passe le relais pour montrer les soudaines irruptions de la brutalité et du désir de vengeance. C’est la lutte des petites gens, des démunis, contre la corruption des puissants. Ce basculement dans la violence est une colère qui prouve le refus à la résignation. Tous se battent contre l’injustice et la perte des valeurs morales. Le désarroi et la rage sont les moteurs provoquant une pulsion irrépressible pour répondre à une violence autrement plus insidieuse : celle de l’humiliation.
Avec des acteurs professionnels et d’autres non professionnels mêlés avec cohérence, Jia Zhang-Ke s’attache à prouver que les comportements violents sont provoqués par les transformations de la société chinoise et que, par conséquent, les bouleversements inéluctables chez des individus vont jusqu’au crime. Le réalisateur sait garder une distance de réflexion par un traitement stylisé. C’est pourtant le Prix du scénario qui a couronné son film à Cannes et non celui, qui aurait largement été mérité, de la mise en scène. Magistrale, elle impressionne par sa beauté visuelle et sa fluidité esthétique, malgré une violence exacerbée, montrée crûment, comme évidente.

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