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Fin de cet événement Octobre 2016 - Date du 10 octobre 2016 au 30 octobre 2016

"La fille inconnue" de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Notre critique ciné de la semaine sur ce film des frères Dardenne présenté à Cannes lors du 69ème festival du film.

Tourné dans la région de Liège, « La fille inconnue » suit l’enquête d’une femme médecin qui culpabilise de ne pas avoir ouvert sa porte à une jeune fille qui avait sonné à son cabinet - censé être fermé depuis une heure ! - et qui sera ensuite retrouvée morte. Quelle est son identité ? Pourquoi venir aussi tardivement ? Etait-elle en danger ? Poursuivie peut-être ?

Qui était « la fille inconnue » ?

La jeune médecin veut comprendre les causes de ce décès dont elle se sent en partie responsable. Pour répondre à toutes ces questions son enquête se déroule comme celle d’un polar, mais avec une interrogation sur la responsabilité - ou l’irresponsabilité – qu’on porte en soi. Son enquête est plutôt une quête pour se pardonner une mort qu’un geste bienveillant de sa part aurait sans doute pu éviter. Alors que d’habitude elle répond aux patients qui l’appellent jusqu’au milieu de la nuit et qu’elle porte son attention à l’écoute des corps et à leurs réactions quand les mots ne sortent pas, ce soir-là elle refuse tout.

Rongée par la culpabilité alors qu’elle n’y est vraiment pour rien et à force d’insistance, cette « enquêtrice » candide finira par découvrir qui est la victime morte, mais aussi qui elle est elle-même. Elle passera du secret à la vérité, de l’ombre à la lumière, elle renaît à la vie et à elle-même en rencontrant les autres et c’est l’intérêt du film.

Après avoir fait appel à Cécile de France pour « Le gamin au vélo » (2011), puis à Marion Cotillard pour « Deux jours, une nuit » (2014), Jean-Pierre et Luc Dardenne ont confié le rôle principal de « La fille inconnue » à Adèle Haenel, aux côtés de trois de leurs interprètes de prédilection : Jérémie Renier (« La promesse », 1996), Fabrizio Rongione, qu’ils dirigent pour la 6e fois, et Olivier Gourmet, prix d’interprétation à Cannes pour « Le fils » en 2002. Adèle Haenel est parfaite de sobriété pour incarner le personnage conforme à ceux de ces cinéastes de l’absolu.

Au Festival de Cannes, certains ont reproché aux frères Dardenne de manifester un certain essoufflement et d’avoir réalisé un film de routine, avec toujours les mêmes procédés narratifs selon leur recette habituelle, sans élargir leur domaine.

Car, si le début du film est toujours aussi captivant, l’enquête sur cette inconnue faite par le médecin représente davantage une obsession personnelle. Celle-ci croise des personnages sans grand intérêt. Bien sûr, ce dont il est question c’est de sa culpabilité qui va changer sa vue sur le monde, mais cette héroïne n’est guère crédible, malgré le jeu d’Adèle Haenel, remarquable d’intensité.

C’est un bon film des frères Dardenne, mais juste un de plus. Sans surprise !

Photo de Une : (détail) Adèle Haenel |Copyright Christine Plenus

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