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Big Ben : Pourquoi j’aime Ben...

Ben est un roublard ? Pourquoi pas ! C’est avec plus d’un tour dans son sac que l’on monte un bon spectacle.

Ben en conférence de presse au MAC de Lyon - C/Harry KampianneBEN est un mégalo de première ? Ça serait un comble qu’un artiste ne le soit pas un peu plus que la moyenne du commun des mortels. « L’ego, c’est le moteur de la condition humaine. La source vient de Darwin qui dit que dès il y a vie, il y a survie, et si il y a survie, il y a ego. » assure t-il avec sa voix de rocaille méridionale à faire bronzer un esquimau en plein mois de janvier.

BEN est un has been ? Souhaitons-lui de conserver toute cette énergie présente que beaucoup conjuguent à tort au plus-que-parfait. Ben grande gueule qui n’a plus rien à vendre ? Drôle de camelot alors ! Avec une efficacité du rythme et de la performance qu’un "vieillard" de trente ans aurait fort à envier. Ben est un provocateur qui vieillit mal ? Sauf qu’avec ce genre de volcan en sommeil il suffit de souffler sur les braises pour que le feu d’artifice reprenne.

BEN est un "vieux cochon" qui fait ses conférences de presse dans un lit ? Allez il suffit d’une ou deux performances polissonnes (et encore !) amusant le public pour qu’on lui prête toutes les cochonnailles salaces de la planète Eros.

BEN n’en ai plus à un paradoxe près ? Après tout, c’est ce qui fait le piment et le sel de l’artiste. Il est toujours d’accord pour dire que « les musées ne servent à rien. Ce sont des espaces morts, des cimetières d’objets créés par des artistes. Vous avez remarqué comment les gens baissent d’un ton lorsqu’ils entrent dans un musée, un peu comme dans une église ou une bibliothèque ? Rien à voir avec un bar où l’on parle fort.  » Ce qui ne l’a pas empêché d’être réjoui de voir son expo Striptease accroché sur les trois étages du Musée d’Art Contemporain de Lyon en 2010. Au point d’assurer cette contradiction au feutre blanc « Être au musée et vouloir en sortir  »

BEN n’est qu’un vieux radoteur pessimiste ? Il verse plutôt dans la joute verbale, gourmand d’un bon mot, d’une belle phrase joliment tournée. On l’a même défini comme un cow-boy qui aurait plusieurs colts. Artiste multicarte faisait tourner le barillet de ses humeurs au gré de ses fantasmes, alors que l’écriture lui colle au train. « Quand on commence à travailler avec les mots, on se rend vite compte que ça véhicule de la vérité, du doute, du mensonge, de l’angoisse. Si je peins un bateau et j’écris que c’est un bateau, cela devient une tautologie mais si j’écris par exemple "j’ai peur du vent et de la mer", on peut imaginer un bateau. En vérité, je peins avec les mots. »

BEN cherchant la gloire posthume ? Pas le genre à chercher ni à trouver. Il véhicule un appel à la vie qu’il conjure sur son site et dans son journal truffé de citations en forme de virgules littéraires, de constats politiques, de prophéties et autres pitreries potaches et décoiffantes d’un drôle de gamin de 75 ans.

BEN est unique. Il finira ad vitam æternam au musée.

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