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Oscar Niemeyer sur la Côte d’Azur

En partant d’une feuille blanche, l’architecte Oscar Niemeyer dessina Brasilia. C’était au début des années 60, lorsque le Brésil dont l’activité se concentrait sur la côte ouest voulut installer sa nouvelle capitale au centre du pays dans un but de rééquilibrage économique. Les travaux furent menés tambour battant, dans des conditions déplorables pour les travailleurs, et les ministères quittèrent progressivement Rio.

Les principaux bâtiments de cette ville nouvelle sont de la main de Niemeyer : la cathédrale de 4 000 places, le Congrès, le Tribunal suprême, le Palais de la présidence.
Mais l’architecte, inscrit au parti communiste, dut s’exiler en 1964, à l’arrivée de la dictature militaire. Il s’établit en France - sur les Champs Elysées - semant derrière lui des créations qui feront date.
Sous la plume de Vanessa Grossman et de Benoît Pouvreau, les éditions du Patrimoine revisitent aujourd’hui cette œuvre dans le livre "Oscar Niemeyer en France, un exil créatif". Dans leurs pas érudits, nous visitons quelques réalisations de l’architecte qui a aussi travaillé sur la Côte d’Azur.

Des réalisations majeures

En France, il réalise le siège du Parti Communiste dans le XIXème arrondissement de Paris. Un bâtiment en rupture avec ce quartier populaire - cerné par le périphérique, le parc de la Villette, les Buttes Chaumont et Belleville - commencé en 1968 et achevé en 1980, avec sa coupole en forme de ventre de femme enceinte, son parvis et son hall souterrain. Classé aux monuments historiques en 2007. On lui doit aussi la Maison de la Culture du Havre, ville martyre pendant la guerre, reconstruite en béton. Pour ce projet décoiffant typique des années 70, Niemeyer imagine deux bâtiments aux lignes fluides et surprenantes, qui ne sont pas sans évoquer les cheminées des centrales nucléaires...
Sur la terre d’Azur, il bâtira sur la pointe du Colombier à Saint Jean Cap Ferrat une (luxueuse) villa en forme de haricot pour l’éditeur italien Giorgio Mondadori. Et, juste à côté, un ensemble de huit duplex destinés à la vente, la "Résidence Saint-Hospice". Comme quoi être inscrit au PCF ne l’a pas empêché de s’accommoder, sans lutte, avec les autres classes sociales...

Projet inabouti à Grasse

Dans la cité des Parfums, sur le plateau Napoléon qui surplombe la ville, il imagina "Super Grasse", un projet démesuré (c’était l’époque) comprenant outre des centaines de logements dans des bâtiments aux lignes courbes, des commerces, une église, un centre de santé, un institut de chimie, une piscine, une maison des jeunes, un stade, un funiculaire, etc.
Le projet n’arriva pas à son terme : n’en demeurent que la piscine presque olympique (il manque quelques centimètres de longueur à son bassin pour être homologuée) et l’actuelle salle "Altitude 500" pour les concerts, pièces de théâtre, salles de répétition. Des construction en béton, aux lignes raides comme à la grande époque stalinienne, qui devaient faire écho aux logements ondoyant sur la colline.
Peu de personnes ont conscience aujourd’hui, en passant devant ces constructions, qu’elles sont l’œuvre de l’un des plus grands architectes du XXème siècle qui réalisa aussi, avec Le Corbusier et quelques autres, le siège des Nations Unies à New York.

Photo de Une : La piscine de Grasse : un parti pris de raideur. DR

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