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Matthieu Astoux, graveur d’émotions (3/3)

NICE-ARTS 2000+

ANALYSE D’UNE OEUVRE

Photo de Une : Matthieu Astoux, sans titre, 2012

DESCRIPTION/INTERPRETATION

Aucune perception d’une quelconque réalité extérieure n’apparait à travers cette œuvre où semblent prédominer le mouvement et le geste ; cependant quelques ressemblances furtives pourraient nous amener sur la piste d’un imaginaire onirique avec ces évocations formelles d’immenses billots de bois ou de gigantesques blocs minéraux face aux silhouettes évanescentes de collines lointaines… tant il est vrai que les textures et matières de cette peinture sont proches d’une nature sauvage et farouche.
Mais voilà bien le fondement même de ce tableau, car il s’agit avant tout – et essentiellement - d’une peinture, avec tout ce que cela représente de problématiques liées à l’espace, au geste ou à la perception de la lumière. Si certaines évocations sont de nature à focaliser notre regard, c’est par le fait que la structuration de l’espace met en évidences différents plans, à l’instar des paysages traditionnels, et différentes échelles ; c’est l’épaisseur des tracés gestuels, des coulures et des ondulations cursives qui marque à la fois le temps de l’action et l’espace suggéré. Les outils (le pinceau, la brosse, le fusain,..) sont là aussi pour s’accommoder aux multiples passages, et la pratique de la gravure, technique privilégiée de l’artiste, permet d’opposer l’infiniment petit des effets de lointain aux gestes amples qui saturent tout l’espace frontal.
Les multiples tracés marquent donc le temps et révèlent les moments des différents passages par les recouvrements et les surimpressions. Le geste rappelle les aléas du pinceau de Pollock ou de Gherard Richter sans en garder l’univocité ; la lumière perce à travers les traces et les repentirs comme un papillotement mouvant qui animerait l’espace à différents degrés de profondeur. Tel une fenêtre ouverte, le format carré du tableau se prête à cette interprétation et aux effets de perspective avec les métaphores des barreaux et la transparence voilée des couleurs.

MORPHOLOGIE

Les grandes barres gestuelles du premier plan semblent occulter l’espace pour mieux révéler les graphismes subtils qui dynamisent le fond ; tout est peut-être le fait du hasard et de la spontanéité, mais l’équilibre et la construction ne sont jamais absentes : que l’on regarde les grands gestes parallèles aux bords du cadre, ou les circonvolutions du pinceau sur toute la surface, la composition est tout à fait intégrée au format carré du tableau comme le révèlent les arrêts brusques du geste devant la barrière du cadre ou les retours spontanés vers le départ initial.
Les fines lignes claires ondulées de l’espace du fond créent un réseau d’horizontales parallèles, telle une écriture qui semblerait brouiller le dynamisme des gestes pour tout ramener à un même plan. Cette superposition des signes joue le rôle d’un gommage, d’une négation du dynamisme de l’action en lui octroyant inversement beaucoup plus de violence et de mouvement.

CHROMATISME

Les multiples nuances de gris participent à l’évocation d’une tristesse ambiante, comme un interminable jour de pluie et d’orages, telles que pourraient les suggérer les métaphores plastiques des gouttelettes ou de l’humidité dues à l’abondance des valeurs sombres ou ternes. Mais la lumière reste omniprésente, dans les lueurs du fond ou sur les reflets des grandes traces gestuelles, qui se modulent avec force et reliefs sur toute la surface du tableau. Ces larges coups de pinceau évoquent les formes tubulaires de Fernand Leger car leur surface n’est pas tout à fait monochrome.
Les dégradés créent des effets de volumes et des lumières jaillissent, parcourant le tableau, avec autant de clair/obscurs. La répartition des couleurs chaudes, rouge vermillon ou fuchsia, illumine les zones centrales comme autant d’éclats tempérés par la morosité des couleurs avoisinantes. Ces éclairs lumineux donnent toute la vie aux gestes et au dynamisme de la toile.

Pour en savoir plus

Expositions

2000 - 2003 : Espace Loisirs Temps libre d’Antibes

2001 : Galerie-Gare de Barse, à Huy, Belgique

2005 : Crédit Agricole de Cannes, boulevard Carnot / Galerie des Bains-Douches d’Antibes

2009 - 2011 : Transart Café à Antibes

2013 : Espace culturel Les Arcades à Antibes / Dock Sud, Sète

Expo Wilma : Wilma Molhoek, curator avec Jacques Lavigne, Matthieu Astoux, Bernard Abril, Bernard Reyboz au vernissage de la Galerie Dock Sud, Sète

En permanence : expositions au Transart Café à Antibes, Galerie Matarasso, Nice et Galerie Le Caméléon, Antibes

Atelier

Avenue de la Tour Gandolphe 06160 Cap d’Antibes

Sites

http://www.matthieuastoux.com

Voir également

http://www.artmajeur.com/fr/art-gal...
http://transartcafe.pagesperso-oran...

Matthieu Astoux, Sans titre, dessin, 2012

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Artiste(s)

Matthieu ASTOUX

Matthieu Astoux est un antibois de naissance, il y vit le jour le 3 décembre 1965. Aujourd’hui, il habite à nouveau cette ville et y travaille ; son atelier est situé sur l’avenue de la Tour Gandolphe au Cap d’Antibes. C’est également dans cette cité des plus agréables qu’il réalise la plupart de ses (...)

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