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Martin Caminiti (2/3)

André Giordan et Alain Biancheri poursuivent cette semaine leur chronique consacrée à l’artiste Martin CAMINITI. Après vous avoir présenté son parcours, ils détaillent quelques-unes de ses oeuvres (2/3).

Ses œuvres

A l’origine, les œuvres de Martin Caminiti sont réalisées le plus fréquemment à partir d’éléments issus du vélo : cadre, roue, chaine de vélo,.. en hommage au Maître Duchamp, le supposé destructeur de la peinture !

Martin Caminiti, Sans titre, 1989

Depuis, il s’est diversifié tout en jouant de l’ingéniosité initiale de l’objet manufacturé et en composant avec des courbes et des volumes. Cane à pêche, caddie, charrue, parasol, entre autres, sont assemblés, mis en relation grâce à des matériaux flexibles comme la fibre de verre.

Avec un jeu de tensions ou de flexions, le plasticien utilise comme support toute l’ampleur de l’espace, qu’il soit aérien, mural ou encore le sol ou la surface de l’eau.

Martin Caminiti, Suspensions, Galerie de la Conciergerie, 2014

Sa pratique peut se définir par un dessin dans l’espace.

A partir du tracé originel des lignes, il développe une expansion dans la troisième dimension. Sculpteur, assembleur, compilateur, l’artiste explore toutes les possibilités offertes par ses expérimentations multiples.

« Il assemble des éléments, les agence pour suggérer d’autres objets, des formes dites allusives : des métaphores optiques. L’artiste dé-manufacture l’objet ! Il crée un lexique sensoriel qui bouscule les limites établies entre l’organique, le géométrique et le manufacturé. Ses œuvres questionnent la capacité de métamorphose relative à la fonctionnalité des objets du quotidien. Les assemblages dématérialisés acquièrent un autre sens, s’éloignent de la culture matérialiste et s’orientent vers le non-objet. De la sculpture au dessin spatialisé ou sur papier, les œuvres de MC renvoient à une poétique de la récupération, de l’esthétique et la représentation du réel. Caminiti change radicalement la relation entre le créateur, l’objet et le spectateur. Sculpteur iconographe ? C’est bien de cela dont il s’agit !  »

Marie- Agnès Charpin, Sculptures et dessins, Exposition Le Tobogan, 2010

Martin Caminiti, Ursus, 1990, Fibre de verre, métaux divers, 320 x 190 x 250 cm
Martin Caminiti, portrait, festival du peu, Bonson, 2008

« N’en déplaise aux anguleux, aux pointus, aux cabossés et carrés de toute espèce, la perfection, si jamais il s’en trouve en ce monde hésitant, est rondeur. Féminine d’abord, n’importe quel gascon vous le dira, qui ajoutera trop vite, pudique échanson, rondeur du vin de chez nous quand il est sans tâche ni défaut. Chez Martin Caminiti la rondeur est plus que parfaite, elle est infinie. Comme ses roues qu’il fait tourner dans l’espace sans limite de notre imaginaire, rondes de l’enfance et de ses re-créations, du bonheur nostalgique de ces routes de France où l’été à flonflons bleuit les bicyclettes sur des ballons d’Alsace et des Val à Loup rond. Pêcheur par son prénom, cycliste par atavisme, franc comme le soleil qui éclabousse de ses rayons tubulaires son port d’attache et réchauffe sa mer sans faire la marée, il nous offre en partage les mystères dorés de ses prises multiples accrochées à ses cannes et pendues à ses filets. Cette rondeur-là est toute finesse, de délicatesse et d’envolée, bouquet de plumes écloses sous le métal premier qu’il déguise et façonne à sa guise, vieux cadres recyclés avant extrême-onction, matériau renaissant du profond de l’oubli, objets réanimés par le souffle de l’artiste… Cette rondeur-là nous joue pour de vrai la musique de la vie, celle des partitions intimes que tout le monde sait mais que trop peu entonnent, huile du pédalier que la chaîne copule, chuintement marin du crin et de la corde, quelques notes égrenées aux pignons de la rue… Pour notre bonheur, Martin Caminiti est un enfant qui a bien tourné. N’en déplaise aux anguleux, aux pointus… »

Extrait d’un texte de Roseline Giusti-Wiedemann pour l’expo Gardez la ligne,
Galerie des Ponchettes, 2005

De la sculpture recomposée, Martin Caminiti passe sans limite au dessin spatialisé ou sur papier, et réciproquement.
De collages en assemblages, du rhodoïd au fusain, ses œuvres renvoient à un lyrisme de la récupération, à travers une esthétique et une représentation du réel spécifique où il questionne autrement les capacités de métamorphose des objets du quotidien.
Il crée ainsi un lexique qui bouscule les limites entre le mécanique et l’organique, le géométrique et le manufacturé. A travers ses déconstructions/reconstructions, il remanie la notion de tri-dimension dans ses œuvres et interroge la perception du mouvement.

La suite et fin de cette chronique mercredi prochain !

Retrouvez la partie 1/3 de la chronique en cliquant ici

Photo de Une : Martin Caminiti, portrait, étudiant à la Villa Arson, 1987

Artiste(s)

Martin CAMINITI

Né en Italie, en 1959, Martin CAMINITI vit, enseigne et crée à Nice. En 1987, il obtient le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique et une bourse d’études assortie d’un atelier d’été dans le cadre de Sous le regard à la Villa ARSON où il rencontre TORONI, DIBBETS, BROUWN... Choc(s) et clin (...)

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