| Retour

Fin de cet événement Mars 2015 - Date du 5 avril 2014 au 1er mars 2015

Maeght (2)

Fondation Maeght : un demi-siècle déjà !
En 2013 on fêtait les 50 ans du Musée Matisse, les 40 ans du Musée Chagall, cette année c’est au tour de la fondation Maeght de célébrer son cinquantenaire. Olivier Kaeppelin son directeur artistique nous dévoile cet anniversaire dont la programmation occupera toute l’année 2014.

Dans ce paradis des beaux-arts qu’est la Côte d’Azur, quelle place occupe la Fondation Maeght ?

Olivier Kaeppelin, Directeur de la Fondation Maeght © JP Fouques

C’est le fruit d’une utopie partagée, des moments de découvertes pour plusieurs générations. Aimé Maeght l’imagine d’abord comme un village d’artistes ; c’est pourquoi l’un des espaces s’appelle encore salle de la mairie. Miró l’avait imaginé comme une abbaye de Thélème, un lieu de recherche. Aussi l’axe retenu ne fut pas de coller aux théories, aux écoles, mais de présenter des œuvres individuelles capables de transcender l’époque. C’est cet esprit qui m’a séduit.

Dès 1964 la rumeur court : à Saint-Paul, les artistes proches de Marguerite et Aimé Maeght tentent l’aventure de comprendre et d’inventer le monde, comme disait Malraux. Je découvre le lieu en 1972 lors d’une exposition d’art américain avec Rauschenberg et le Post Pop en prise directe avec nos vies. Le soir même, mes amis et moi, descendus sur la Côte en 2CV, y découvrons Albert Ayler. Une fusée venue de New York. Un inconnu pour beaucoup qui enflamma les jardins avec son sax mêlant gospel, fanfares de Harlem et free jazz, dont il fut un pionnier avec Archie Shepp.

Ce cinquantenaire s’articule en trois actes. L’architecture est le premier volet. Quels furent les liens entre l’espace et la collection ?

Josep Lluís Sert, grand architecte de l’esprit nouveau, disciple de le Corbusier, créa cet écrin atypique qui fit scandale avec ses impluviums en cornes de taureau. Le maire de Vence écrivait alors, vous auriez mieux fait d’utiliser des tuiles romaines. Ce bâtiment a sa place dans la banlieue de New York, mais pas ici. Cette fondation est avant tout l’œuvre d’un catalan pour des amoureux de la Méditerranée et de sa lumière. D’où la présence d’un labyrinthe en référence à Thésée, fait par cet artificier du rêve que fut Miró. Aimé Maeght a pensé le lieu en fonction des œuvres avec cet architecte du site que fut Sert comme peut l’être aujourd’hui Barani. Ainsi, ses vastes salles préfacent l’arrivée des œuvres grand format et ses 1800 m2 accordent la moitié à la nature où une quarantaine de sculptures sont exposées. Autour de plans, maquettes, dessins et œuvres, nous allons proposer un dialogue entre l’architecte et les 12 créateurs avec lesquels il échangea autour de ce projet avant-gardiste.

Le deuxième volet sera dédié aux chefs-d’œuvre de la Fondation. Comment se sont faites la sélection et la scénographie ?

Sur 10 000 références, il y a environ 400 sculptures, peintures et dessins, le reste étant des œuvres d’édition.

Vue de la Fondation Maeght © JP Fouques

Aimé Maeght n’a jamais acheté en ayant des idées théoriques, pas plus que pour promouvoir un courant ou suivre le marché. Seule l’œuvre prime ! Pour « Face à l’œuvre », nous avons choisi des pièces fortes, originales, peu montrées, il y aura bien sûr Calder, Miró, Braque. Pour Calder ce sera la série des « Crinkly » : des petites sculptures colorées. On a également choisi les prises de risques. La scénographie est rendue possible par l’espace fait de salles avec des éclairages et des niveaux différents permettant de raconter des histoires différentes. La manière chronologique subira des incidents de parcours. Nous n’hésiterons pas à faire résonner un Bonnard avec un Soulages.

Avec le troisième volet la Fondation évoque une tradition : le croisement des arts. Quels seront les artistes conviés à cette grande messe ?

A mon arrivée, le dernier concert organisé ici c’était il y a 20 ans : Michel Portal. J’ai réactivé ce principe. En deux ans nous avons offert six événements. Un concert dirigé par Philippe Bender autour de Gasiorowski, un film projeté sur la rencontre entre Duke Ellington et Miró à la fondation.

Cet été, deux danseurs de l’Opéra de Paris ont réalisé une performance autour du parcours « Les aventures de la vérité ». Récemment, nous avons proposé un concert et un film sur John Cage ramené de Montréal où je présidais le Festival International du Film sur l’art. Le succès de ces événements a prouvé qu’il y avait toujours une demande. Pour cet anniversaire la part belle sera faite aux arts visuels, à la musique, la danse et l’écriture, Il est trop tôt pour citer les invités, certains n’ayant pas confirmé tel « M » petit-fils de la poétesse Andrée Chedid. Il y aura aussi de la musique d’avant-garde, du jazz avec Archie Shepp et des lectures avec Bernard Noël.

Cet anniversaire sera relayé également par sept grandes institutions. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le Musée Picasso, accueillera sur sa terrasse un ensemble de bronzes de Miró ; Le MAMAC présentera une exposition hommage à Calder. Deux coups de chapeaux seront donnés par les Musées Nationaux autour d’œuvres prêtées par la fondation : « La vie » au Musée Chagall, « la Partie de campagne » au Musée Léger. Le Musée Matisse dévoilera des dessins et la correspondance entre le peintre et Aimé Maeght. A Vallauris sera mis à l’honneur l’art du feu, d’Artigas à Chillida. Extra muros seront organisés en Bretagne au Domaine de Kerguéhennec, puis à Stuttgart deux expositions autour de la collection donnée par la Société des amis de la Fondation.

Vue de la Fondation Maeght © JP Fouques

Depuis deux ans, vous avez invité de nouvelles générations d’artistes, de Fabrice Hyber à Djamel Tatah. Allez-vous poursuivre dans cette voie ?

Adrien Maeght en avait manifesté le désir, il souhaitait ardemment retrouver l’esprit de son père, les artistes vivants. Quand la famille Maeght m’a abordé, c’est ce que je leur ai dit : il s’agit de ne pas être simplement devant des objets d’art, il faut repartir avec l’esprit des fondateurs !

La collection continue-t-elle de s’agrandir ? Où en sont les projets de rénovations ?

Elle évolue mais sans gros budgets alloués, autour de donations telles récemment celle de Djamel Tatah ou la fontaine des Hommes de Bessines de Fabrice Hyber. Quant au plan de développement, il est finalisé. Il devrait permettre de créer sous la fondation un auditorium, des ateliers et un théâtre prévu dès l’origine. Le problème reste le financement. Nous y travaillons.

Olivier Kaeppelin et Adrien Maeght © JP Fouques

Expositions du cinquantenaire de la fondation Maeght :

5 Avril – 9 juin 2014
L’art et l’architecture de Josep Lluis Sert

28 juin – 11 novembre 2014
1964-2014 : cinquante ans de chefs-d’œuvre à la Fondation Maeght

29 novembre 2014 – mars 2015
Tableaux pour un art sous toutes ses formes : musique, danse, arts visuels et écriture à la Fondation Maeght

Artiste(s)