Cette envie se retrouve également dans le sujet qu’il va traiter : le corps humain, en fait, essentiellement son corps.

À partir d’autoportraits photographiques, Frédéric Fenoll peint à l’encre noire de grandes formes anthropomorphes qu’il éclabousse de taches d’encre noire ou de coulures plus ou moins maîtrisées qui les recouvrent en partie.
Les corps ainsi altérés sont présentés dans des positions qui tiennent de la danse macabre ou de carnavals lugubres, renvoyant parfois à un art plus ou moins brut, inclassable, en tous cas, dérangeant.
Entre contrôle du geste, recherche précise de la forme et de son contraire, le jet d’encre ou la tache, le peintre cherche l’expression la plus proche de ce qu’il veut exprimer, de ce qu’il ressent ou qu’il désire faire ressentir.
Le geste est violent (l’artiste est pourtant un homme très doux), expressif, voire agressif, provoquant des sentiments de gêne, de retrait et dans le même temps, de fascination.
Au delà de l’expressivité, il retrouve la problématique classique de l’artiste, celle de la maîtrise et du modelage des matières picturales, sauf qu’ici la forme est dégradée pour dire autre chose. Il apprécie, dit-il, le « moment de l’apparition de la forme. C’est un instant fugace mais si riche en devenir. Le résultat est lui toujours décevant, il est pour moi, uniquement le souvenir de ce surgissement ».
Ces dessins qu’il décline dans différentes dimensions, de la feuille A4 à des tailles excédant deux ou trois mètres de haut, prennent une force et une présence particulière quand il occupent de grands murs, affirmant une présence remarquable, puissante.