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EXPOSITION TEMPORAIRE : Donation Khalil Nahoul - MAMAC NICE - Du 12 mars au 22 mai 2011 au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice

Khalil Nahoul est un amateur d’art. Son plaisir : collecter. Habitant tour à tour au Liban, à Paris et à Nice, il a souhaité donner au MAMAC un ensemble de 94 œuvres, ensemble composé de peintures, dessins et estampes de Francis Bacon, Julius Baltazar, Frédéric Benrath, Camille Bryen, Robert Couturier, Hans Hartung, Ladislas Kijno, René Laubiès, Joan Miró, Ernest Pignon-Ernest, Pierre Soulages, Tony Soulié, Arpad Szenes, Mark Tobey, Vladimir Vélickovic, Maria Elena Vieira da Silva et d’autres.

Ces œuvres sur toile ou sur papier constituent un témoignage des solutions plastiques adoptées par de nombreux artistes d’après-guerre et complètent les collections du MAMAC dédiées à l’abstraction lyrique et à la peinture figurative.

Pierre Soulages - Sans titre 1977 - Encre et gouache sur papier. - 37 x 26 cm Adagp, Paris, 2011 - Photo Muriel Anssens

L’enrichissement de la collection permanente est une des missions essentielles dévolue à la conservation du musée. Le choix des œuvres dépend de l’opportunité d’acquisition et de l’orientation donnée à la dynamique d’exploration de la scène artistique contemporaine. Certains pans de la collection s’accroissent d’éléments complémentaires, alors que d’autres sont des incursions dans des domaines proches. Face à la visée scientifique et encyclopédique d’un musée, la personnalité de ce docteur en biologie passionné d’art s’épanouit. Peintures, gravures, aquatintes, lithographies, estampes, gouaches, aquarelles, dessins restituent une certaine intimité. Une valeur esthétique et affective transparaît de cette donation. C’est pourquoi il paraissait capital de présenter au public cette donation par l’intermédiaire d’une exposition à la Galerie contemporaine exprimant la générosité, l’engagement et l’ouverture du Docteur Nahoul.

Les artistes exposés

Francis BACON Dublin 1909 – Madrid 1992

Francis Bacon s’installe à Londres en 1926 où il commence à peindre en autodidacte. Il accomplit de fréquents voyages en Angleterre, en France et en Allemagne et réalise ses premiers dessins et aquarelles après avoir vu une exposition de Picasso. En 1933, il réalise de grandes toiles dont plusieurs Crucifixions, thème qui l‘obsèdera durant plusieurs années. Réformé durant la guerre en raison de ses problèmes d’asthme, il détruit une grande partie de ses œuvres.
Il expose en 1951 à la Hanover Gallery. Plus tard ses thèmes partent souvent d’une iconographie préexistante : photographie, film, actualité journalistique, œuvre d’art ; ainsi s’inspire-t-il en 1953 du Portrait d’Innocent X de Vélasquez et en 1957 d’un Autoportrait de Van Gogh. Bacon cherche à frapper nerveusement le spectateur. Il ne se soumet jamais à une représentation traditionnelle et interprète la figure humaine sans repos, malmène les corps dans des attitudes douloureuses révélant ses angoisses avec une intensité dramatique. Il rencontre Michel Leiris en 1965 à l’occasion d’une rétrospective Giacometti organisée à la Tate Gallery de Londres. En 1974, John Edwards devient son modèle et meilleur ami. D’importantes rétrospectives lui sont consacrées en 1971 au Grand Palais à Paris, en 1972 à la Kunsthalle de Düsseldorf, au Metropolitan Museum of Art de New York, en 1985 à la Tate Gallery de Londres, en 1989 au Los Angeles County Museum, en 2008 à la Tate Britain de Londres …En 1991, la Tate Gallery lui consacre une salle permanente.

Julius BALTAZAR Paris 1949

En 1967, Hervé Lambion débute sa carrière comme apprenti joaillier. Il rencontre Salvador Dali qui le couronne d’un nom d’artiste (Baltazar pour le roi mage, Julius en référence à César) et l’introduit dans les cercles littéraires et artistiques. Très vite, sa peinture s’oriente vers l’abstraction. Par ses compositions fougueuses, aux couleurs insolites, il crée un univers fantastique d’une grande richesse graphique. Il développe parallèlement un autre versant de son œuvre grâce à son art de la gravure en taille-douce rehaussée d’aquarelle, qu’il met au service de ses nombreux amis poètes et écrivains : Michel Butor, Guillevic, Fernando Arrabal, Michel Déon, Kenneth White, Salah Stétié...
Dans les multiples livres d’artistes et ouvrages de poésie qu’il a illustrés (plus de trois cents) son travail établit une véritable alchimie avec le texte poétique. Ses oeuvres sont présentes dans d’importantes collections publiques au Canada, en Espagne, en Belgique, en Suisse, au Japon et en France. Il vit et travaille à Paris et en Corse.

Frédéric BENRATH Chatou 1930 - Paris 2007

De son vrai nom Philippe Gérard, son nom d’artiste est emprunté au château de Benrath et son prénom est un hommage à Friedrich Nietzsche. Frédéric Benrath étudie aux Ecoles des Beaux-Arts de Toulon et de Paris. Il fréquente poètes, écrivains et artistes tels Nietzsche, Hölderlin, Henri Michaux et Caspar David Friedrich. Au début des années 50, sa peinture est violente et emportée à la manière d’autres peintres informels comme Soulages ou Hartung. Sa première exposition a lieu à Paris en 1954, accompagnée d’un texte de Julien Alvard qui l’exposera régulièrement dans le groupe « nuagiste ».

Sa peinture reste fidèle à l’abstraction tout au long de sa vie, d’un style intense. Tourmenté elle devient ensuite plus dépouillée parvenant à la limite du monochrome.
Son parcours témoigne d’une incessante interrogation sur la peinture, sur ses pouvoirs d’évocation et, par delà le déploiement des couleurs, d’une quête de la lumière. En 1961, il reçoit le Prix des critiques de la deuxième Biennale de Paris. En 1963-1964, il séjourne à Berlin grâce à une bourse de la Ford Foundation. Il est lauréat du Prix Victor Choquet en 1964. Frédéric Benrath enseigne à l’Ecole d’architecture de Versailles de 1969 à 1995. De nombreuses expositions lui sont consacrées : Musée des Arts décoratifs à Paris, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, Tate Gallery à Londres, Musées de Tokyo, Bombay, Berlin, Gand…

Camille BRYEN Nantes 1907 - Paris 1977

Camille Bryen s’installe à Paris en 1926 et publie ses premiers essais poétiques en même temps qu’il exécute des dessins très spontanés. Il fréquente les surréalistes et les dadaïstes, occupant une place importante dans le milieu artistique de Saint-Germain-des-Prés. Ami de Tzara, Picabia, Arp, Ubac, Wols, il est alors le type même de l’artiste provocant. De 1935 à 1945, il réalise des dessins automatiques et des assemblages d’objets mi-surréalistes, mi-conceptuels. Son œuvre graphique débute après la guerre et durera une trentaine d’années, il s’exprime par la gravure, notamment la pointe sèche et la lithographie. A partir de 1947, Bryen se détache de l’esprit dada et devient un des principaux acteurs et défenseurs de l’abstraction lyrique aux côtés de Georges Mathieu. Il participe aux expositions Véhémences confrontées en 1951 avec De Kooning, Pollock, Hartung, Wols… et Signifiants de l’informel en 1952. Auteur d’une peinture d’abord très lyrique, son espace pictural s’organise ensuite en larges taches aux tons sourds (rose, gris, mauve) où persistent parfois des traces de griffures.

Robert COUTURIER Angoulême 1905 - Paris 2008

Issu d’une famille de meuniers, sa jeunesse est marquée par une passion pour le dessin.
En 1920, il entre à l’école Estienne à Paris et suit une formation de lithographe, puis interrompt ses études et intègre des ateliers de lithographie à Paris. Ses rencontres avec Aristide Maillol en 1928 et Alfred Janniot en 1929 le décident à devenir sculpteur.
En 1930, il obtient le Prix Blumenthal et devient professeur de dessin à Paris en 1932. Il rencontre alors Henri Matisse, qui lui donnera de nombreux conseils.
En 1937, il réalise des sculptures pour le pavillon de l’élégance à l’exposition internationale des arts et techniques sur l’esplanade du Trocadéro. Prisonnier pendant la seconde guerre mondiale, il s’évade et passe en zone libre. À la Libération, il est nommé professeur à l’école des Arts Décoratifs, où il enseignera jusqu’en 1962 avant de rejoindre l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Hans ERNI Lucerne 1909

Hans Erni entre en apprentissage dans un bureau de topographie puis travaille comme dessinateur en bâtiment chez l’architecte Friedrich Felder. En 1928, il rejoint l’Ecole des Arts et Métiers de Lucerne puis se rend à Paris et étudie à l’Académie Julian qui lui attribue un prix. En 1930, il entre à l’Ecole des Arts Appliqués de Berlin, fréquente Jean Hélion, Kandinsky, Mondrian, Calder. De 1930 à 1934, il travaille sous le pseudonyme de François Grèque. Il fait partie du groupe "Abstraction-Création" à Paris (1933-1934) et à Londres (1937-1938), rencontre les membres du Bauhaus et devient ami de Moore, Nicholson, Hepworth.
Erni travaille dans plusieurs ateliers disséminés en Europe et devient célèbre grâce à une réalisation murale pour l’Exposition nationale suisse de 1939 à Zurich. Il participe à la création du groupe d’artistes helvétiques : l’Alliance suisse. En 1979, le musée Hans Erni ouvre ses portes à Lucerne.
En 1992, il réalise le portrait du secrétaire général de l’ONU, Javier Pérez de Cuéllar, présenté dans le bâtiment de l’ONU à New York. Son style est caractérisé par des personnages et des animaux charnus et puissants dont les contours sont marqués d’un trait blanc. La science, l’histoire et la mythologie sont des thèmes récurrents dans ses peintures qui mettent en scène le contraste entre l’Antiquité et le monde contemporain.

Donald FRIEND Sydney 1915 – id. 1989

Donald Friend a étudié à la Dattilo Rubbo’s School de Sydney en 1933-1934, et à la Westminster School de Londres en 1935-1936. En 1937, il expose à la R.E.A. Wilson’s Galleries avec Augustus John, Walter Richard Sickert et Stanley Spencer. La même année il quitte Londres et part en Afrique de l’Ouest. Il reste deux ans à Ikerre au Nigéria où le chef fait de lui son conseiller financier. Il s’enrôle dans la deuxième Australian Imperial Forces en 1942 et sert comme artilleur. À cette époque, il écrit et illustre Gunner’s diary (1943) et Painter’s journal (1946), affermissant sa réputation d’artiste et d’écrivain spirituel et sensible. Il a été nommé artiste de guerre officiel en 1945 et a travaillé en Indonésie et en Malaisie.

Hans HARTUNG Leipzig 1904 - Antibes 1989

Après des études à Leipzig et aux Beaux-Arts de Munich, Hans Hartung décide de quitter l’Allemagne pré-hitlérienne en 1932 et s’installe à Paris en 1935. Il réalise une première série de dessins abstraits en 1922. De 1924 à 1928 il étudie la philosophie et l’histoire de l’art à Leipzig, Dresde et Munich. En 1933, il quitte à nouveau l’Allemagne pour Paris. Engagé dans la légion étrangère durant la guerre, il perd une jambe en 1944 et obtient la nationalité française. Eloigné des préoccupations du Bauhaus et de l’esthétique post-cubiste, il s’oriente vers une peinture abstraite et lyrique.
Après la guerre, il recouvre ses toiles de hachures, de grandes masses noires. A partir de 1949, plusieurs expositions personnelles lui sont consacrées et il fait la connaissance de Schneider, Soulages, Mathieu, Baumeister et Rothko. Il est alors reconnu comme l’un des chefs de file de l’Art informel. Une rétrospective de son œuvre est présentée dès 1952 à Bâle. Il expose à la Galerie de France et est élu en 1956 membre de l’Académie des Beaux-Arts de Berlin. Il reçoit en 1960 le Prix international de peinture de la Biennale de Venise. À partir de 1961, le procédé du grattage est à l’origine d’un renouvellement dans sa peinture. D’importantes rétrospectives de son œuvre sont présentées en Europe et aux Etats-Unis. A partir de 1968 il séjourne en permanence à Antibes. En 1975, le Metropolitan Museum of Art de New York expose une trentaine d’œuvres monumentales. Hans Hartung est élu en 1977 à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France et le Centre Pompidou organise une exposition itinérante de ses gravures et lithographies. Une salle permanente lui est consacrée en 1982 à la Statsgalerie Moderner Kunst de Munich. Dans les dernières années de sa vie Hartung peint plus de 300 toiles au pistolet à peinture.

Ladislas KIJNO Varsovie 1921

Ladislas Kijno est élevé dans le pays minier du nord de la France. Il suit des études de philosophie à Lille avec Jean Grenier, puis fréquente l’atelier de Germaine Richier.

En 1949, il participe avec Henri Matisse, Georges Braque, Fernand Léger, Georges Rouault, Jean Bazaine, Germaine Richier à la décoration de l’Église d’Assy en Haute-Savoie : il peint une Cène pour la crypte. Il s’oriente ensuite progressivement vers la non-figuration et opte définitivement pour la peinture en 1948.
Installé en région parisienne depuis la fin des années 1950, Ladislas Kijno a, au fil des années, multiplié les vaporisations en peinture et s’est imposé comme l’un des maîtres de la technique du froissage. Sa rencontre avec Louis Aragon et Francis Ponge en 1943 l’a amené à travailler avec des poètes. Dans certaines œuvres il rend hommage à Nicolas de Staël, Nelson Mandela, Galilée, Gagarine ; il dénonce les horreurs de la guerre d’Algérie puis celles du Vietnam. En 1957, Dor de la Souchère organise la première grande exposition Kijno au Musée Picasso d’Antibes. Trente toiles froissées monumentales sont exposées à la Biennale de Venise en 1980. Dans les années 1990, il travaille à la rose du portail de Notre-Dame de la Treille à Lille. En 2000, deux rétrospectives au musée des Beaux-Arts de Lille et au musée d’état russe à Saint-Pétersbourg lui sont consacrées.

John-Franklin KOENIG Seattle 1924 – id. 2008

John-Franklin Koenig arrive à Paris en 1948 pour suivre des cours à la Sorbonne grâce à une bourse d’étude attribuée aux anciens combattants américains. Il se lie d’amitié avec Jean-Robert Arnaud, qu’il rencontre dans sa librairie de la rue du Regard. Ils décident de s’associer et ouvrent ensemble en 1950 une librairie rue du Four, qui devient rapidement un des lieux privilégiés du militantisme artistique. En 1953, ils fondent la revue d’avant-garde Cimaise. D’abord influencé par Georges Braque, il réalise son premier collage abstrait en 1950, et inaugure une série de collages d’inspiration géométrique. En 1953, il reprend la peinture à l’huile et confirme ce passage du post-cubisme à l’abstraction. En 1956, des rythmes horizontaux apparaissent dans son espace pictural, et viennent contrecarrer ses formes de chutes verticales. Dès lors, ses œuvres seront marquées par cette opposition rythmique, renforcée par un jeu subtil de couleurs. Dans ce contexte il attire sur son travail l’attention bienveillante de jeunes critiques d’art. Michel Ragon, qui découvre les Etats-Unis en 1958 avec lui, le considère au même titre que Martin Barré et James Guitet, comme un représentant du paysagisme abstrait. Pierre Restany qui suit assidûment son évolution le compte parmi les rares concepteurs d’espaces imaginaires dont il plaidait la cause.
Parallèlement à son travail de peintre il s’adonne à partir de 1960 à la pratique régulière de la photographie. Il a légué un nombre important d’œuvres aux musées des Beaux-Arts d’Angers et de Nantes.

René LAUBIÈS Cholonville (Cochinchine-Vietnam) 1924 - Mangalore (Inde) 2006

Né près de Saigon d’un père avocat originaire de la Lozère et d’une mère issue d’une vieille famille créole de La Réunion, René Laubiès se forme seul à la peinture à l’âge de quatorze ans. Après des études de droit au Maroc, il s’installe à Paris en 1949 pour se consacrer entièrement à ses toiles. En 1953, il expose à la galerie Colette Allendy et rencontre le critique Julien Alvard. Il fait partie du groupe des « Nuagistes » aux côtés de Frédéric Benrath, René Duvillier, Fernando Lerin notamment. Il obtient en 1954 le Prix Fénéon de l’Université de Paris. Il se nourrit des univers et des couleurs qu’il côtoie au fil des voyages qu’il effectue tout au long de sa vie. En 1956, il passe une année aux Etats-Unis où il enseigne à l’université d’Alabama. Il s’imprègne de l’immensité des espaces américains et des grands formats de l’expressionnisme abstrait. Il y rencontre Ezra Pound dont il est un des premiers traducteurs en français. En 1959, Julien Alvard lui fait rencontrer Georges Salles. Sa peinture est contemplative et atemporelle et souvent influencée par la philosophie orientale.
Il reçoit en 1964 le Prix d’Honneur des Jeunes Artistes à la Biennale de Tokyo, est décoré Chevalier des Arts et Lettres par André Malraux en 1968. De 1968 à 1972, il est professeur à l’Académie Internationale de Musique et Peinture d’Eté de Nice. Une rétrospective "Trent’anni di pittura di René Laubiès" a lieu en 1981 à la Galleria Il Pilastro de Milan. En 1984, il reçoit la distinction d’Officier des Arts et Lettres.

David LIPSZYC Paris 1933

Après avoir étudié la musique, la peinture et les lettres, David Lipszyc fait plusieurs séjours de 1956 à 1968 à Sao Paulo. De nombreuses expositions personnelles lui sont consacrées de 1965 à 1968 en Amérique du Sud puis en Europe jusqu’en 1982. Il reçoit le prix de la critique à Anvers en 1969, participe au Salon des Indépendants en 1978 et à de nombreuses expositions collectives jusqu’en 1982, année où il se retire de la vie publique tout en continuant à travailler assidûment.
« Ma peinture prétend renouer avec des cosmogonies primitives par lesquelles les astres étaient des disques plats qui tournaient autour d’un centre, en l’occurrence la Terre. Les découvertes de la science, au cours des âges, ont bouleversé cet ordre de perception en y introduisant de multiples savoirs, au point que le vu et le su se sont irrémédiablement contaminés. Pourtant, subsistent toujours des résurgences primitives dans le langage, comme par exemple ce qui nous fait dire avec ravissement : « le soleil se lève », alors que tout le monde sait que notre terre tourne autour. Ceci dévoile une véritable imprégnation poétique qui justifie largement mon désir de retrouver l’innocence du regard pour aboutir à cette tautologie : « voir ce qu’on voit », et non voir ce qu’on sait. La chose n’est évidemment pas facile, chaque perception mobilisant des millions de paramètres, les plus hétéroclites les uns que les autres. J’ai donc choisi la candeur de la table rase, la surface, la blancheur, le « quelque chose plutôt que rien », le « coup d’œil », le centre, la circonférence, la multiplication, pour construire un diagramme simple qui permette l’expérimentation chromatique, une « chromogonie » en quelque sorte. » David Lipszyc.

Joan MIRÓ Barcelone 1893 - Majorque 1983

Joan Miró entre à 14 ans à l’école des Beaux-Arts de Barcelone tout en faisant des études commerciales. Ses premières œuvres, vers 1915, sont une synthèse entre cubisme et fauvisme, suivies par une période détailliste où les paysages sont analysés minutieusement. En 1916, il découvre l’art français puis rencontre Picabia et se rend à Paris en 1919 et y reviendra tous les hivers à partir de 1920. Ses rencontres avec Picasso, Reverdy, le dadaïsme et le surréalisme métamorphosent sa peinture. A l’approche de la guerre, il se réfugie dans le jardin de ses rêves et célèbre la femme, l’oiseau, la nuit étoilée. En 1944, il produit ses premières céramiques, qui le conduisent à des peintures de grand format. Dans son œuvre sculpté, il s’approprie et transforme des objets trouvés. Dans les années soixante, l’occasion lui est donnée de créer un Labyrinthe, dans les jardins de la Fondation Marguerite et Aimé Maeght à Saint-Paul. Pour la première fois, la sculpture de Miró se trouve intentionnellement associée à l’architecture et à la nature, source infinie de son inspiration. En 1979 ? il réalise une sculpture monumentale pour la Défense à Paris. Une importante rétrospective lui a été consacrée en 1974 au Grand Palais. En 1975, est inaugurée la fondation Joan Miró à Barcelone et en 1992 la fondation Pilar et Joan Miró à Palma de Majorque dans l’ancienne demeure de l’artiste.

Igor MITORAJ Oederan (Allemagne) 1944

Né d’une mère polonaise et d’un père français, Igor Mitoraj est diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie où il a été l’élève de Tadeusz Kantor. Il vit depuis 1968 en France et en Italie. Au début des années 70, fasciné par les arts précolombiens, il part au Mexique où il commence à sculpter. Il rentre en Europe en 1974 et en 1976, il expose ses œuvres à Paris à la galerie La Hune. En 1979, il se rend à Carrare en Toscane où il commence à utiliser le marbre comme support principal, tout en continuant à travailler la terre cuite et le bronze. En 1983, il installe son atelier à Pietrasanta. Certaines de ses sculptures, souvent monumentales, sont exposées en plein air dans de nombreuses villes en Europe, aux États-Unis et au Japon.
Certaines de ses œuvres provoquent de vives polémiques comme celles présentées en avril 2008 sur la Place Trento à Tivoli, en face de l’église Santa Maria Maggiore et de l’entrée de la Villa d’Este. On y a vu la célébration du rite séculier de l’"Inchinata". Le thème majeur des œuvres de Mitoraj est le corps humain, sa beauté et sa fragilité. Son œuvre s’inscrit dans une démarche résolument postmoderniste. S’inspirant de la statuaire antique, en particulier ses proportions idéales, l’artiste rappelle cependant au public sa nature humaine et son imperfection. Ses sculptures sont délibérément blessées ou écorchées et se retrouvent parfois même clouées au sol.

Ernest PIGNON-ERNEST Nice 1942

Ernest Pignon-Ernest passe son enfance et son adolescence à Nice dans le quartier du port et de la place Garibaldi à deux pas du MAMAC. Il intervient sur les murs des villes « je me saisis des lieux pour leur espace, leur forme, leurs couleurs, leur lumière, mais aussi pour ce qui ne se voit pas : leur histoire, les souvenirs qui les hantent… ».
Ernest Pignon-Ernest, vit et travaille à Paris. Depuis plus de trente ans il appose des images sur les murs des cités. « ...au début il y a un lieu, un lieu de vie sur lequel je souhaite travailler. J’essaie d’en comprendre, d’en saisir à la fois tout ce qui s’y voit : l’espace, la lumière, les couleurs... et, dans le même mouvement ce qui ne se voit pas, ne se voit plus : l’histoire, les souvenirs enfouis, la charge symbolique...
Dans ce lieu réel saisi ainsi dans sa complexité, je viens inscrire un élément de fiction, une image (le plus souvent d’un corps à l’échelle 1) ».
En 1995, le MAMAC fait l’acquisition de l’œuvre : David et Goliath (d’après Caravage) réunissant les têtes tranchées de Caravage et Pasolini , et en 1988, dessin préparatoire pour Naples à la pierre noire marouflé sur toile, 300 x 140 cm. La même année l’artiste a fait don au musée de 12 photographies et en 1998 de 21 encres sur papier.

John PIPER Londres 1903– id. 1992

Fils de notaire, il étudie au collège d’Epsom. Jusqu’à la mort de son père en 1925 il travaille dans son étude comme clerc de notaire puis abandonne ses études de droit. Il étudie à la Richmond School of Art puis en 1927 suit les cours du Royal College of Art de Londres et réside, à partir de 1935, près de Henley-on-Thames. Il peint d’abord des paysages, mais, après un voyage à Paris en 1933, où il rencontre Hélion, Braque et Léger, il s’oriente vers l’Abstraction entre 1934 et 1937, créant en particulier de nombreuses constructions abstraites géométriques. Il est à la fois peintre, critique de théâtre et réalise des décors pour des ballets et des opéras. Il édite de 1935 à 1937, avec sa femme, Myfanwy Evans, une revue trimestrielle d’Art abstrait, Axis.
Son intérêt pour l’architecture, en tant que photographe et critique d’architecture depuis 1938, le pousse à revenir à une peinture figurative, essentiellement constituée de paysages et de vues de monuments.
Il est avec Nash et Sutherland le chef de file du Néo-Romantisme anglais des années 40. Des expositions lui sont consacrées à la Marlborough Gallery de Londres en 1969, 1972, 1975, 1977. Ses œuvres sont présentes à la Bolton Art Gallery, au National Museums and Galleries du Pays de Galles et à la Tate Britain de Londres. La Tate Gallery de Londres lui consacre en 1983 une exposition rétrospective.

Stanislas RAPOTEC Trieste 1913 - Sydney 1997

Après son service militaire à Sarajevo, Stanislas Rapotec fait des études politiques à Zagreb, puis travaille dans une banque à Split tout en pratiquant la peinture. Il s’installe à Adélaïde à la fin des années 40. Il fut l’un des principaux représentants de l’expressionnisme abstrait australien. La première reconnaissance significative de son talent fut à l’occasion du prix controversé Blake Prize en 1961 sur l’art religieux, récompensant pour la première fois une peinture abstraite. La spiritualité domine son travail tout au long de sa carrière de peintre avec les références à la religion judéo-chrétienne et à la mythologie grecque.
Des couleurs intenses semblent surgir du cadre du tableau, un effet qui s’accroit par l’utilisation de pigments grossièrement broyés créant un effet d’empâtement sur le support.

Pierre SKIRA Paris 1938

Fils de l’éditeur Albert Skira, Pierre Skira est peintre pastelliste. L’écrivain et collectionneur Patrick Mauriès a consacré un ouvrage à l’artiste et à son œuvre qu’il décrit comme : « figurative à l’air du virtuel, savante mais jamais littéraire, sensuelle dans sa rigueur même ». Pierre Skira ne qualifie pas ses œuvres de « nature morte » il préfère l’expression utilisée au XVIIIe siècle de « nature posée » pour définir ses objets inanimés, marqués par le temps : « La nature morte n’existe pas. Ce terme dépréciatif, vindicatif, imposé par les doctes du XVIIe siècle en France pour caractériser et hiérarchiser les genres en peinture, révèle une nature autre que morte et une mort fort peu nature » écrit-il dans sa monographie publiée en 1989.
Il utilise des pastels spécialement conçus pour lui de façon à rester imprégnés sur le carton et donner à son œuvre l’aspect d’une peinture. Parallèlement à son activité de peintre, Pierre Skira cosigne en 2002 avec Pascal Quignard « Tondo », un livre d’art suivi de « Traité d’incertitude ». En 2008, il écrit le roman « Les Orgues de glace », salué par la critique.

Pierre SOULAGES Rodez 1919

Pierre Soulages se passionne très tôt pour l’art roman et la préhistoire qu’il découvre à l’abbatiale Sainte-Foy de Conques dans son Aveyron natal.
A 18 ans, il se rend à Paris pour préparer le professorat de dessin et le concours d’entrée à l’Ecole Nationale supérieure des Beaux-Arts. Il y est admis mais convaincu de la médiocrité de l’enseignement qu’on y reçoit refuse d’y entrer et repart aussitôt pour Rodez. Pendant ce bref séjour à Paris, il fréquente le musée du Louvre, voit des expositions de Cézanne et Picasso qui sont pour lui des révélations. Il est mobilisé en 1940 puis, démobilisé en 1941, il se rend à Montpellier et fréquente assidûment le musée Fabre.
En 1946, il se consacre entièrement à la peinture, s’installe dans la banlieue parisienne et expose l’année suivante au Salon des Surindépendants. Il peint sur papier au brou de noix, à l’essence ou à l’huile, ses toiles où le noir domine sont abstraites et sombres, et sont aussitôt remarquées tant elles diffèrent de la peinture d’après-guerre. En 1949, la galerie Lydia Conti lui consacre une exposition personnelle, il expose régulièrement à la Kootz Gallery à New York puis à la galerie de France à Paris. Dès le début des années 50 ses œuvres sont acquises par la Phillips Gallery, Washington, le Guggenheim Museum et le Museum of modern art, New-York, la Tate Gallery, Londres, le musée national d’art moderne, Paris, le Museu de arte moderna, Rio-de Janeiro …
A partir de 1960, ses premières expositions rétrospectives sont organisées dans les musées de Hanovre, Essen, Zurich, la Haye, de nombreuses autres suivront. En 1979, il expose au Centre Georges Pompidou ses premières peintures monopigmentaires fondées sur la réflexion de la lumière par les états de surface du noir. De 1987 à 1994, il réalise les 104 vitraux de l’abbatiale de Conques. De 1994 à 1998, paraissent les trois tomes du catalogue raisonné "Soulages, oeuvre complet : peintures" par Pierre Encrevé. Le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective en 2009.

Tony SOULIÉ Paris 1955

Peintre, photographe, créateur d’installations et essayiste. Élève de l’École des Beaux-Arts et de l’École des Arts Appliqués de Paris, Tony Soulié expose depuis 1977. Il a pratiqué le théâtre, la danse, l’acrobatie, la photographie et la peinture. En 1977, a lieu sa première exposition personnelle, en Suisse. De nombreuses expositions ont suivi en France, en Europe et principalement aux États-Unis, en Amérique Latine et au Japon.
En 2009, une grande exposition lui est consacrée à l’atelier Grognard à Rueil Malmaison, organisée par les éditions l’Estampe, ses œuvres peintes, gravées ainsi que sa monographie y sont présentées. En 1983, il réalise sa première installation, à l’usine Citroën et intervient ensuite sur des sites aussi variés que le volcan Etna, Pompeï, le désert du Hoggar, le Mont Olympe, Big Island ou le vignoble de Pomerol. Il est présent tant dans les collections publiques, comme le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, que dans de nombreuses collections privées. Tony Soulié tire sa source d’inspiration de ses nombreux voyages. Il apprécie particulièrement les contrées extrêmes - déserts, volcans - et parvient à restituer dans ses œuvres, les émotions ressenties devant le spectacle de l’univers. Sa peinture abstraite est gestuelle et instinctive. Il exécute certaines de ses œuvres sur des supports photographiques.

Arpad SZENES Budapest 1897 – Paris 1985

Arpad Szenes est né d’une famille d’intellectuels et d’artistes. Il se passionne très tôt pour le dessin et la peinture. En 1918, il entre à l’ « Académie libre » de Budapest. Lors de la révolution d’Octobre en 1919 en Hongrie, il observe la multitude d’affiches cubistes, futuristes et constructivistes sur les murs de la ville. Il expose pour la première fois des peintures abstraites en 1922 et commence en 1924 un long voyage à travers l’Europe.
À l’Académie de la Grande Chaumière à Paris il rencontre en 1928 Maria Elena Vieira da Silva qui devient son épouse. Le couple fréquente Pascin, Varese, Kokoschka, Giacometti, Calder, Lipschitz. Dès cette époque, Szenes réalise de nombreux portraits de sa femme au travail. En 1930, il séjourne plusieurs mois en Hongrie et en Transylvanie avec un groupe d’artistes. En 1931, il travaille la gravure et rencontre Miró et Max Ernst. Avec Vieira da Silva il participe aux réunions des « Amis du Monde », se liant avec Étienne Hajdu et plus tard Estève et Pignon. Jusqu’à la guerre Szenes séjourne régulièrement durant l’été au Portugal, s’installant en 1935 et 1936 à Lisbonne. Pour Marie Cuttoli qui crée un atelier de tapisserie, il copie en 1937 des œuvres de Braque et Matisse, et participe la même année auprès de Jean Lurçat à des décorations pour l’Exposition internationale de Paris. En 1939, Szenes et Vieira da Silva quittent Paris, confient leur atelier et leurs peintures à Jeanne Bucher dont ils ont fait la connaissance dès 1932. En 1944, Szenes ouvre un atelier au Brésil que fréquentent de nombreux jeunes artistes. À partir de 1949, la Galerie Jeanne Bucher l’expose régulièrement et l’État acquiert bon nombre de ses œuvres. Szenes est naturalisé français en 1956.
Un voyage en 1958 dans le sud de l’Espagne est à l’origine de développements plus paysagistes de sa peinture. En 1966, il illustre de gouaches un manuscrit de René Char appartenant à la collection d’Yvonne Zervos. De 1970 à 1974 une rétrospective est présentée dans une dizaine de musées de province et à Paris tandis qu’une exposition est réalisée à la Fondation Gulbenkian à Lisbonne.
En 1976, il illustre d’eaux-fortes un livre de poèmes de Claude Esteban. En 1994, est inaugurée la fondation Arpad Szenes-Vieira da Silva à Lisbonne.

Mark TOBEY Centerville (Wisconsin) 1890 – Bâle 1976

Après de brèves études à la High School de Hammond, Mark Tobey exerce différents métiers et devient dessinateur de mode à Chicago puis à New York. Sa première exposition a lieu en 1917 à la galerie Knoedler à New York. En 1918, il se convertit au bahaïsme, doctrine religieuse orientale.
Il s’installe en 1922 à Seattle, rencontre en 1923 Teng Kuei, étudiant et peintre chinois, qui l’initie à la calligraphie et enseigne l’art jusqu’en 1925. En 1929, Alfred Barr présente ses oeuvres au Museum of Modern Art de New York. A partir de 1930, il voyage beaucoup et séjourne en Chine et au Japon en 1934, passant un mois dans un monastère zen. A son retour, ses recherches sur la calligraphie aboutiront à la technique de la « white writing », transposition moderne de l’écriture chinoise, qui sera la caractéristique essentielle de son œuvre et qui, selon les critiques, aura une influence décisive sur l’itinéraire de Jackson Pollock. Tobey cherche à synthétiser l’Orient et l’Occident dans des œuvres où impulsions intérieures et rythmes de l’univers se correspondent secrètement.
En 1939, Tobey rentre à Seattle, étudie le piano et la théorie de la musique, développe en 1942 son expérience calligraphique, expose à New York en 1944 et 1951, à Paris, galerie Jeanne Bucher, en 1955. Il reçoit en 1956 le « Guggenheim International Award », présente en 1958 une exposition rétrospective au « Seattle Art Museum » et obtient le Grand prix de peinture de la Biennale de Venise.
Tobey peint en 1959 une fresque pour la bibliothèque nationale de Washington, s’établit à Bâle en 1960, reçoit en 1961 le Premier prix de l’« Institut Carnegie » de Pittsburgh et expose à Paris au Musée des Arts Décoratifs. En 1962, le Museum of Modern Art de New York organise une nouvelle rétrospective de son oeuvre. En 1966 Tobey voyage à Haïfa et à Madrid où la visite du Prado le marque profondément. Il expose à New York en 1967, aux musées de Dallas en 1968, de Washington en 1974.

Keith VAUGHAN Selsey (Sussex, Angleterre) 1912 - Londres 1977

Keith Vaughan étudie le dessin à Horsham et travaille de 1931 à 1938 dans une agence de publicité. Lors d’une visite à Paris en 1937, Il découvre la peinture impressionniste et post-impressionniste. En 1939, il passe une année à voyager en Grande-Bretagne et réalise des paysages à la gouache et à l’huile. Lorsque la guerre éclate, il rejoint le service des ambulances en tant qu’objecteur de conscience. En 1941, il s’enrôle dans la Pioneer Corps et sert d’interprète pour les prisonniers allemands. Douze des dessins et peintures que Vaughan a peints au cours de cette période seront exposés à la National Gallery de Londres. En 1943, l’éditeur John Lehmann lui commande des illustrations et des jaquettes pour des ouvrages. Il se lie d’amitié avec les peintres Graham Sutherland, John Craxton et John Minton, avec qui, après sa démobilisation en 1946, il partage un atelier. Sa première exposition personnelle a lieu à la Galerie Reid & Lefevre où il continuera d’exposer jusqu’en 1952. C’est principalement Graham Sutherland qui influence son travail mais aussi Giacometti, Poliakoff, Nicolas de Staël et l’expressionnisme abstrait. De 1946 à 1948, il enseigne à l’école des arts et métiers de Camberwel et à l’école centrale des arts et des métiers de 1948 à 1957. En 1952 il commence une série de peintures aux couleurs sourdes et puissantes. Tout en se concentrant sur le sujet de la figure masculine, ses travaux deviennent de plus en plus abstraits.

En 1954, il est professeur à la Slade School of fine art de Londres où David Hockney est son élève. A partir de 1966 il partage son temps entre son travail de peintre et l’enseignement à temps partiel. En 1962, une rétrospective de son œuvre est organisée à la Whitechapel Art Gallery de Londres.

Vladimir VÉLICKOVIC Belgrade (Yougoslavie) 1935

Il est avec Dado et Ljuba Popovic, artistes de la même génération, l’un des trois peintres serbes de Paris. En 1960, il obtient le diplôme de l’école d’architecture de Belgrade. Il travaille à Zagreb de 1962 à 1963 dans l’atelier du peintre croate Krsto Hegedusic. Sa première exposition personnelle a lieu en 1963. Il obtient le prix de la Biennale de Paris en 1965 et s’installe à Paris l’année suivante où il vit encore aujourd’hui.
Dès 1967 il expose à la galerie du Dragon et apparait aussitôt comme un des représentants de la Figuration narrative. Il représente la Yougoslavie à la Biennale de Venise en 1972. En 1983, il est nommé professeur à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris où il enseigne pendant dix-huit ans. Témoin, dans son enfance, des atrocités commises par les nazis en Yougoslavie, sa peinture exprime la douleur et la violence de cette mémoire. Il peint des hommes ou des animaux (le plus souvent des rats ou des chiens) dont les corps sont confrontés à des situations dramatiques et terrorisantes. Il réalise des séries de peintures et de dessins inspirés des photographies de Muybridge. Il est membre de l’Académie des Beaux-Arts Institut de France (au fauteuil de Bernard Buffet), commandeur des Arts et des Lettres et Chevalier de la Légion d’honneur.

Maria Elena VIEIRA DA SILVA Lisbonne 1908 – Paris 1992

À l’âge de onze ans, Maria Elena Vieira da Silva commence l’apprentissage du dessin et de la peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Lisbonne. Avant l’âge de vingt ans, elle étudie la peinture avec Fernand Léger, Charles Dufresne, la sculpture avec Antoine Bourdelle, et la gravure avec Stanley Hayter. Elle crée des tapisseries et des céramiques. En 1928, elle s’installe à Paris et se marie en 1930 avec le peintre d’origine hongroise Arpad Szenes auprès duquel elle trouve son propre mode d’expression. Elle est naturalisée en 1956. En 1930, elle expose ses peintures à Paris. Après un bref séjour à Lisbonne et une période passée au Brésil durant la Seconde Guerre mondiale, elle vit et travaille à Paris le reste de sa vie. En 1966, elle reçoit le Grand Prix National des Arts du gouvernement français puis est nommée chevalier de la Légion d’honneur en 1979.
Son œuvre combine damiers et mosaïques dans des compositions aux perspectives fuyantes. « Devant mon tableau et la palette il y a un travail qui se fait constamment : un peu plus de blanc, un peu plus de vert, trop froid, trop chaud, des lignes qui montent, qui descendent, qui se rejoignent, qui s’éloignent, cela veut dire beaucoup en peinture et rien en paroles ». En novembre 1994 est inaugurée la fondation Arpad Szenes et Vieira da Silva à Lisbonne qui expose une importante collection des deux artistes.

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