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Didier Demozay, une triple radicalité !... (1/3)

Nous retrouvons avec plaisir cette semaine André Giordan et André Biancheri qui poursuivent leurs écrits sur la création artistique actuelle à Nice et dans sa région, au travers de portraits d’artistes et d’études approfondies de leur art. Ce mois-ci focus sur l’artiste Didier Demozay. Premier volet de la chronique cette semaine avec le parcours de l’artiste (1/3) !

Né en 1950 en Normandie, Didier Demozay a été étudiant aux Beaux-Arts de Nice. Lors de ses études, il fait la découverte de l’éphémère groupe BMPT (1). Leurs œuvres vont profondément le marquer ; leur « économie de moyens » le subjugue.
Depuis, Didier Demozay se présente seulement comme « peintre ». Il peint des tableaux difficiles à qualifier ; ils sont présentés par les critiques d’art comme « non figuratifs, non narratifs, non formels »... Alors disons « demozayliens » !

Actuellement, il vit et travaille à Draguignan, et expose depuis 1974 aussi bien en Provence qu’à Paris et dans les différentes régions de France avec quelques exceptions cependant hors de l’Hexagone.

Didier Demozay, lors de son exposition à l’abbaye de Coat Malouen en 2011

Son parcours

Difficile de parler de « radicalisme » aujourd’hui, le terme a pris quelques connotations particulières... Pourtant depuis 1980, la peinture de Didier Demozay présente une relation directe et permanente entre un geste pictural tendu et la couleur « pure » en soi. D’une apparente simplicité, le travail du peintre frappe par sa grande radicalité et son minimalisme strict. Une radicalité et un minimalisme qui va s’amplifiant au cours des années.

Il n’y a aucune peinture de Demozay dont nous ne ressentons pas qu’elle vient de surgir au moment même où, dans l’atelier, le peintre la retourne face à nous. Comment cela peut-il être aussi tendu mais en même temps aussi démuni ? Nous devinons bien que cette peinture va contre, contre son système et ses repères. Nous sentons bien aussi de combien de refus elle est faite, du probant, du délibéré, de l’acquis immobile. Elle crée les conditions d’une échappée, elle tente l’exception. Ce qui constitue sa singularité est son caractère surgi, sa qualité de surgissement, comme si cela venait d’apparaître aux yeux du peintre et du spectateur et que ce ne soit pourtant pas un miracle, non, rien du miraculeux.
Frédéric Valabrègue, Mars 2012
Extrait de Didier Demozay, catalogue d’exposition, Château de Ratilly, 2012

Didier Demozay Sans titre, 2009 acrylique sur papier, 80 x 121 cm
Courtesy Galerie Jean Fournier
Didier Demozay, Exposition à la Galerie Jean Fournier, Paris, 1986
avec Hwang Ho Sup

Difficile également de décrire les étapes d’un parcours atypique pour cet artiste, il est à l’égal de sa peinture : discret et persistant. Le titre de son exposition du printemps dernier à la galerie L’H du Siège de Valenciennes caractérise au mieux la constance de sa démarche : « La vie intense de la peinture ».

« Cette rencontre avec l’œuvre de Didier Demozay prend la forme d’une expérience. Il n’est question que d’éprouver, de ressentir cette peinture qui se donne à l’œil de manière immédiate. (..) Expérience parce qu’elle se présente à nous dans la force de son évidence par la seule énergie de la couleur. Deux ou trois formes colorées dans l’espace du tableau occupent la surface, ou plutôt coexistent avec en elle, c’est-à-dire se tiennent l’une et l’autre dans leur présence. Le dépouillement de la toile relève d’une affirmation sans emphase, ne laissant subsister qu’un éclat de vie. Dans ces peintures, se trouve constamment rejouée l’adéquation entre la forme, la couleur et leurs inscriptions dans un espace. Le blanc dans lequel elles s’inscrivent est un lieu actif : celui d’une mise en tension entre ces masses colorées. Il ouvre l’espace où ces formes semblent glisser vers l’extérieur du tableau, menaçant son unité et se maintenir ensemble dans la surface ».
Romain Mathieu, Plaquette de l’exposition, galerie L’H du Siège, Valenciennes,
avril 2015

Installation de l’exposition La vie intense de la peinture
à la galerie L’H du Siège, Valenciennes, avril 2015
Didier Demozay, Vue de l’exposition Maison des Art contemporain de Chaillioux, 2014, Courtesy Galerie Jean Fournier

(1) BMPT est surtout un acronyme pratique, inventé par les critiques et les historiens d’art pour désigner Buren, Mosset, Parmentier, Toroni… et ce contre leur avis.

Photo de Une : Didier Demozay, Exposition Attention peinture fraîche, Galerie d’art contemporain des musées de Nice, 1983

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