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Chapitre 76 : Simone Dibo-Cohen (Part III)

Pneu vanité alta
Chacun réagira à sa manière à l’exposition « Mises en scène » du Château Grimaldi, elle est d’une telle richesse, alors je suis obligée d’extraire quelques fragments de textes dans la catalogue… par exemple sur l’œuvre de Stefano Bombardieri (né en 1968 en Italie), don l’intallation est presque démentielle, des puits de forage pétroliers, surmontés de révolver géants, de miroirs, un être gît aux pieds de cette installation, entravé… plus loin, un crâne est fait de pneus… Souls le titre « Pneu vanité alta », le texte dit :
Stefano Bombardieri jouit d’une solide réputation, non seulement en Italie où il vit mais dans le monde entier. Il expose dans les grandes galeries d’art italiennes et étrangères et a participé à plusieurs reprises à la Biennale de Venise. L’artiste utilise les grandes dimensions pour nous délivrer un message qui va au delà des sujets représentés et, par le biais du paradoxe, il nous parle d’un monde complexe et désordonné. Ses œuvres, qui oscillent entre hyperréalisme et surréalisme, invitent à une certaine réflexion philosophique. Les sujets qu’il aime sculpter viennent souvent du monde animal : baleines, rhinocéros, crocodiles ou éléphants, suspendus ou piégés et écrasés par des montagnes de bagages. L’œuvre de Bombardieri évoque le temps et sa perception, mais aussi la douleur et la mort.

Exposition “Mises en scène”, Château Grimaldi, Haut-de-Cagnes

Enlèvement de surface
Né en 1967 à Antibes, Frédéric Braham présente un très beau travail sur les surprises du « plan », ici un « Enlèvement de surface » (2013, peinture nacrée et polyuréthane) très magique. Il est dit de lui :
Produit de la société, le travail de Frédéric Braham utilise les représentations sociales du corps et les normes qui s’y rapportent. Il met en lumière le rapport au corps de notre société. On retrouve dons son travail une constante préoccupation d’interroger la surface des choses pour nous amener à une profondeur ontologique. Ses peintures miroitantes, écrans cosmétiques colorés où s’invitent des images spéculaires évanescentes, sont autant de surfaces d’inscriptions du réel. Le monde y apparaît voilé. Mais ce qui se dévoile dans la contemplation, c’est notre être. L’artiste nous propose ici une réflexion sur l’image de soi à travers le reflet d’un monde gouverné par l’apparence et les notions paradoxales de superficialité et de perfection. Ses Enlèvements de surface deviennent des surfaces d’identification ou de projection mentale, où s’échangent l’être et l’apparence, dans une mise en tension de l’authenticité des corps naturels qui s’oppose, par volonté d’assimilation sociale, au camouflage de parties d’épidermes. Cet habitus poursuit une longue tradition de soumission de notre être corporel à des règles impératives socio symboliques, qu’elles soient d’ordre religieux ou tribal. Ce corps spectaculaire ne porterait il pas les stigmates imposés par un rite collectif contemporain ?

Exposition “Mises en scène”, Château Grimaldi, Haut-de-Cagnes

Dessin à la chaîne
Je suis ravie de la présence de Martin Caminiti dans cette exposition, c’est toujours un bonheur de voir comment il a su détourner des objets existants, mais pas n’importe lesquels, ce sont des objets (roues, rayons, chaînes, cannes…) qui, déjà dessinaient dans l’espace, sorte de dessein de la Création, ou tout au moins preuve que le monde, sorti du chaos, devient formel, l’écriture des sociétés. Tout cela avec humour et tendresse. Sa chaîne en sautoir est un vrai bijou. Voici ce qui est écrit sur lui dans le catalogue :
Non point sculpteur mais « dessinateur dans l’espace », Martin Caminiti associe les tubulaires empruntées au cadre du vélo et celles de la canne à pêche, qu’il assemble bout à bout. Jouant de la flexibilité de la fibre de verre, il emploie le fil d’acier ou de nylon pour mettre en tension des arcs à leur extrémité. Chaque objet collecté, dont les formes nous sont familières, est d’abord « dépouillé de sa fonction », désarticulé, disséqué. Même si les fractions obtenues, souvent inversées de haut en bas, donnent encore des signes de leur origine, l’artiste les additionne pour composer tout autre chose... L’œuvre nous surprend par sa poésie.

Exposition “Mises en scène”, Château Grimaldi, Haut-de-Cagnes

Les corps célestes
Encore une histoire d’ange avec « Edwin » de Catherine Duchêne et Johann Fournier (photographie et peinture, tous deux nés en 1982 à Paris), mais c‘est que le dessin, lâché comme un art de devination devient fourmillant de petits électrodes, une sorte d’énergie qui pourrait bien faire moteur vers le ciel, vers d’autres cieux, surtout si le Sujet possède une chevelure tout aussi métallique, sorte de toison non pas d’or mais argentée, et pas prothèse, non, une partie intégrante de son corps, corps céleste.
Nos créations sont hybrides, disent-ils, chimériques. Entre l’homme et l’animal, entre l’esprit et la matière. Ces œuvres sont en chemin, elles viennent de cet endroit où l’on se perd. Elles questionnent et mettent en scène nos désirs d’élévations, de transgressions, psychiques et corporelles. Elles questionnent nos limites : où s’arrête notre humanité, notre animalité ? Elles questionnent aussi notre volonté de chercher l’inextinguible, de rester toujours émergents. (Catherine Duchêne et Johann Fournier)
Dans les années 60, cela s’appelait « stay hungry »….

Exposition “Mises en scène”, Château Grimaldi, Haut-de-Cagnes

Reliques
Les reliques de Catherine Ferrari (artiste plasticienne, peinture, installation, vidéo, céramique, vit et travaille à Vallauris) semblent sont toujours en activité, la guerre trouve de nouveaux acteurs, les morts se relèvent pour tuer. Ses généraux sont terrifiants, quoique devenus aussi décoratifs que leurs décorations. Purs décors, certains, des cols durs qui se tiennent tous seuls… Rappel de ce qui se tapit dans les tapis des palais…
Pour elle, LB a écrit :
Son travail se compose d’une série de tableaux grands formats, Les tapis occidentaux, peinture sur tapis qui mêle le thème du moyen âge à l’expression du graff en bombant des slogans révolutionnaires et rebelles en contraste avec les figures posées de vierges à l’enfant. Sa ville l’inspire chaque jour. Dans chacun de ses travaux elle arrange des conversations avec les contraires : le fou et le sage, le calme et la tempête... Elle détourne beaucoup de sujets religieux dont elle affectionne l’esthétisme, pour les associer à la pub (tout est bon pour vendre même l’image de dieu), elle rappelle les frasques de la politique, proposant ainsi une confrontation immédiate avec le spectateur qui s’en amuse ou s’en effraie. Elle compose ses travaux en fonction du lieu où elle va exposer, offrant ainsi des installations surprenantes qui épousent complètement l’espace. Catherine Ferrari aime mettre en scène son univers décalé sur un ton drôle et grinçant... qui se caractérise par le goût de la dérision où se mêle tout un tas de références culturelles puisées dans le cinéma, la poésie, la littérature, le Surréalisme, le Dadaïsme, et bien sûr notre société actuelle, société de consommation qui ne cesse de l’inspirer. (L.B)

Exposition “Mises en scène”, Château Grimaldi, Haut-de-Cagnes

Retable Rome/Texas d’Yves Hayat
J’avoue m’intéresser à la manipulation du réel et à ses images imaginées. Mon travail aux confins de la photographie plasticienne, de l’installation et de la Figuration narrative propose des visions où la part de théâtralisation fait corps avec le projet. Véritable consommateur visuel, je photographie, télécharge, retouche, recadre... bref je mets en scène. Par un jeu de superpositions, de décalages, de détournements, le confronte le passé et le présent, la beauté et l’horreur, l’indifférence et le fanatisme, le réel et l’imaginaire. J’essaie de concevoir, à travers un questionnement sur les rapports art / politique / médius, des œuvres critiques où transparaît une attirance plastique pour la culture des médias, du cinéma et de la publicité. Grâce aux avancées technologiques (l’internet, le numérique, l’impression sur nouveaux supports ...), je tente d’élaborer une sorte de constat de notre histoire, de notre société dans ce qu’elles ont inventé, transformé, détruit. Il me semble cependant important de garder à l’esprit que lorsqu’une œuvre nous met face à notre monde, elle est là aussi bien pour poser une interrogation que provoquer un sourire ou créer un malaise... C’est alors qu’elle échappe au lieu commun. (Yves Hayat)

Retrouvez les parties I, II, IV et V de la Chronique 76 :
Chapitre : 76 Ultra Violet (Part I)
Chapitre 76 : Simone Dibo-Cohen (Part II)
Chapitre 76 : Simone Dibo-Cohen (Part IV)
Chapitre 76 : Simone Dibo-Cohen (Part V)

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