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CHAPITRE 36 : Arden Quin entre Buenos Aires et Paris

Aux dernières nouvelles un hommage a été rendu à « Carmelo Arden Quin, Fondateur de MADI international » le 21 novembre dernier à la Fundacion Costantini de Buenos Aires, intervenants : Bolivar, Nelson di Maggio, Enio Iommi, César Lopez Osornio, Juan Mélé, Nelly Perazzo, Raúl Santana. Nelly Perrazzo qui dès 1976 organise, entre autres, une exposition « Hommage à l’Avant-Garde Argentine des Années 40 », à la Galerie Arte Nuevo de Buenos Aires, avec des œuvres MADI, Arte Concreto Invención et Groupe Perceptismo.

Aux dernières nouvelles un hommage a été rendu à « Carmelo Arden Quin, Fondateur de MADI international » le 21 novembre dernier à la Fundacion Costantini de Buenos Aires, intervenants : Bolivar, Nelson di Maggio, Enio Iommi, César Lopez Osornio, Juan Mélé, Nelly Perazzo, Raúl Santana. Nelly Perrazzo qui dès 1976 organise, entre autres, une exposition « Hommage à l’Avant-Garde Argentine des Années 40 », à la Galerie Arte Nuevo de Buenos Aires, avec des œuvres MADI, Arte Concreto Invención et Groupe Perceptismo. En 1980, au Musée Sivori, ce sont « Las Vanguardias del 44 En El Arte Argentina », trois œuvres anciennes d’Arden Quin étant présentes… jusqu’à l’automne 2001 où la rétrospective : « L’art abstrait du Rio de la Plata, Buenos Aires et Montevideo (1933 - 1935), est aménagée par elle et Mario H. Gradowezyk pour « Americas Society », New York. Entre mise sur pied d’expositions et publications, Nelly Perazzo témoigne de l’art abstrait sud-américain et de Madi en particulier depuis des décades.
Il faut noter avec grand plaisir également l’ouverture, le 27 novembre, à Champlan-Paris, de la Galerie « Aller simple », par Catherine Topall qui fut pendant des années à la tête du « Centre MADI Orion » de Paris. Comme le dit Piergiorgio Zangara, « Aller simple » sera la galerie de référence de MADI international en France.

L’écrivain

Si des exégètes distingués comme Catherine Pinguet, écrivain, et François Duprat, spécialiste de littérature sud-américaine, nous ont parlé de l’œuvre écrite d’Arden Quin de manière passionnante à la Maison de l’Amérique latine récemment, nous ne pouvons que nous en réjouir, car cette œuvre était plutôt jusque-là éclipsée par l’œuvre plastique. Mais le rapport à la littérature d’Arden Quin donne vraiment à penser, son rapport à sa propre « langue », composée à partir du portugais, de l’espagnol, du français, avec des soubassements étymologies perceptibles, des déformations signifiantes, une sorte de philologie bien personnelle. Le poète invente une langue pour réinventer le monde, sortir de la genèse imposée - dans les premiers vagissements de la parole, comme le dit Lacan - pour être co-auteur du monde. De manière surprenante mais logique, ce désir de sortir de la langue d’enfance on la trouve aussi bien au fondement de la recherche de René Descartes, plus poète donc qu’il n’y paraîtrait. Sans parler de Spinoza, avec son besoin de sortir de l’orthodoxie.

Le texte comme « incendie nouveau »

L’investigation de l’œuvre écrite de Carmelo Arden Quin est époustouflante de découvertes, et confirme, au fil des pages, la rigueur d’un « journal de bord » qui rapporte comment l’invention d’une langue est productrice d’une vision du monde et réciproquement, dans une singularité qui en étonnera plus d’un.

Couverture de la revue « Ailleurs » de septembre 1964, composée par Arden Quin
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A des détours du récit, il sera confirmé que le but était bien de se faire voyant (Rimbaud ayant en partie inspiré le choix du nom d’Arturo, l’autre source étant Arcturus, l’étoile, mais est-ce si différent ? ) avec ce qui va avec : trouver les mots de la rencontre, de l’apothéose.

Une « presqu’île – alligator » pour un mi-dit des choses.
Dans le numéro d’Ailleurs n°3, le texte d’Arden Quin Torme Arlé est couronné d’une photo de Roger Viollet représentant une baie longée d’une presqu’île recouverte d’arbres moussus à allure de tête de crocodile assoupi.

Image couronnant le poème Torme Arlé
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Un peu plus loin trois pages écrites à la main par Arden Quin sont traversées par les majuscules A N T I C I P E Z, et illustrées de deux museaux improbables, l’un étant un « Silex » (Collection G. Herment) de profil, et l’autre une chimère, puisque que l’alligator est aussi pachyderme à cornes. En face, le texte de Daniel Biga fait de l’œil avec son titre « Dieu grammairien ». Certes.
Mais dans son poème – d’Ailleurs n°1- L’Aurore des Ages, Arden Quin offre une sorte de clé du déclenchement de la parole, sur une route où le mouvement même (si j’avance, j’entre en Possession d’une gloire nouvelle avec les signes de jouissance des lieux, signes non décelés auparavant, et dont j’ignorais, ou feignais d’ignorer l’existence) produit l’accès aux signes, l’accès à une nature qui fait signe, et invite à son enrobement, son décodage, à son hymne. Double signe, car le contour est ambigu – sa lecture - comme l’est la presqu’île, comme l’est le rocher-éléphant de la forêt de Fontainebleau et de Julien Blaine. La presqu’île-crocodile, création de la nature, sera lisible par qui le veut, par qui la VOIT. Par qui est capable de décrypter ses traits, points et lignes, dans une vacillation. Si le dessin fut inventé par la fille du potier Tibutades pour conserver le profil de son amant sur le point de disparaître, la trace du manque renvoie à l’idée. Idée, pour les premiers philosophes grecs, qui fut la « découpe de l’objet dans la lumière ». Le texte au pachyderme d’Arden Quin, écrit à la main n’est rien d’autre que le relevé de l’opération-regard en train de s’accomplir : comment les formes, la Forme font irruption.

Deuxième page de « Anticipez »
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La page suivante, Ailleurs n°3
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« Première affectivité accordée aux regard lyriques et derniers moments de lucidité de notre forêt de conscience », y écrit-il (…) L’île aussi passe lentement de la mer à la plaine solaire par groupe d’animaux ordonnés et placides. Le grand dieu Ariam est là qui surveille d’un œil morose La (sic) vaste migration silencieuse. Ainsi, nous entourer de réponses quotidiennes dans lesquelles nous pouvons lire les ricanements du songeur mis à feu, et les éclats de rire du Nomade. Il est vrai que sachant où les rencontrer, nous acquiescions d’un signe, notre action étant la préfiguration d’un incendie nouveau, donc d’un « bien » nécessaire. (…) car le langage qu’est-il pour vous : un simple moyen de vous rapprocher intellectuellement de la griserie du plongeur sous-marin, du sifflement d’une paire d’ailes dans la nuit calme ? »
Griserie, ivresse, faisant suite aux derniers moment de lucidité, pour cette lucidité toujours présente dans les Manifestes d’Arden Quin, et que régulièrement le lecteur lit « lucidité ». Sous l’effet d’un « charme » ? « Je m’approche pour célébrer », dit celui qui s’avance dans L’Aurore des Ages, et qui grandit dans la participation de la connaissance obtenue. Et la cause qu’il arrive à considérer, il la trouve sur cette route qui s’ouvre et l’emmène à l’Empire.
Question de la causa sui spinozienne que l’on pourra lire dans le moindre texte, le moindre manifeste, le moindre dessin, le moindre coplanal. Question permanente, à chaque geste – chaque découpe - à chaque mot, sur la place de l’objet ainsi ciselé dans l’espace-temps.

L’ardente insinuation du monde

« Le prodige de communiquer est toujours présent aux portes du jour. Il. suffit d’absorber l’étonnante étendue de la plaine, l’ardente insinuation du monde, pour venir à bout du langage absolu. Soyez les bienvenus sur Thæné (…) Forçons l’entrée de l’inquiétante demeure, dans l’espoir d’y trouver une très ancienne règle pour notre vie de révolte. La nature doit être surprise au vif, et la violence se faire à partir du témoin admirable. (…) Ayant vu et touché naguère la descente des arbres dans une tentative de reconnaissance nocturne ; ayant couvert la dalle de l’être pur avec des mailles blanches, et emporté le regard du temps, j’étais assez prévenu pour que cette singularité du silence alentour arrivât à me faire détourner de mon but. Tout en étant moi-même, je les ignorais quels que fussent leurs efforts pour se faire remarquer. Je continuai, suivant la ligne de mon pouvoir relatif, d’accélérer la roue des événements futurs ».
Chanson de Geste, cette « Aurore des Ages », mais à partir d’un savoir primordial, d’une initiation dans la savane, la pampa. Savoir de l’enfant, cette fois, en-deçà du premier mythe individuel du névrosé. Une sorte d’animisme (l’alligator) sera récupéré dans une sorte de théorie de la forme qui n’aurait rien à envier aux scientifiques, l’artiste dépliant à sa manière les formules fractales. A lire Arden Quin, on l’entend chuchoter sa passion, qui était de VOIR au plus juste, et répercuter sur sa production d’objets le moment initiatique de l’apparition : « Je tiens à ceci de pressant : que ma perception se fasse plus régulière, en même temps que plus immédiate, plus calme. En voyant la figure mobile, je comprends que je dois rester en moi, et me tenir compagnie autour de la brusque arrivée du jour, me jouant peut-être, de la double supposition de la méthode. Tout invisible qu’il s’efforce de devenir, je m’accompagnerai quand même de ce quêteur, car j’estime qu’il existe encore des solutions possibles ».

Invention

Des solutions possibles, n’est-ce pas toute la problématique de MADI, encore et encore ? Ne jamais clore la liste des inventions. « Ce que je juge m’introduit dans l’ouverture du monde. J’entends ne pas détourner le regard de l’oubli des détails qui viendrait à justifier, même à rebours, les premiers jours d’une attente de création. Je suis satisfait d’avoir à suivre pas à pas le fil de terre argenté qui s’élance vers les lieux communicants, et qui me permet d’apporter à mes proches, étant donné les faits d’insistance, la conscience de la beauté »
Et la mort du démiurge nous saisit aujourd’hui, car la reddition du corps, ou son rendu comme on le dit d’un prêt, fait écho à l’absence d’Arden Quin mais à la présence de son enseignement, pour qui le veut, pour qui le voit : au-delà de son œuvre, ne venait-il pas enseigner des principes de création, des conditions d’existence pour une création ? Volf Roitman soutient que le Mouvement MADI était plus important pour Carmelo que son œuvre. MADI était peut-être pour lui l’athanor où la production d’objets qui formeraient un cercle éblouissant : la conscience ne cesserait pas de fonctionner avant longtemps. Quelle belle fin, quand la vie prend sa place dans une nuit sereine dont les « syllabes » seraient des constellations… Car il est écrit : « Nul possesseur ne souilla néanmoins la grande salle ornée de syllabes, se contentant de rester dans l’expectative en deçà de la pièce d’eau, surpris du sourire du sage qui se tenait debout de l’autre côté de la mouvante barrière. En tous cas, le calme de l’endroit tentait la nuit lumineuse, pendant.que sur l’écran de carde, en lettres noires, on venait d’annoncer que le démiurge avait rendu son corps ».
Ainsi les livres-objets seront des livres-mondes touffus et hétérogènes comme des forêts, verticaux comme des colonnes de temples.

Image qui surmonte le texte « Aurore des Ages »
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Livre-objet « Ionnell », présenté en 1950 chez Colette Allendy, Paris, avec « Nature », et « Soleil »
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La notion de « primitivisme » par laquelle Madi veut régénérer l’art va rechercher des métaphysiques anciennes pour les faire vibrer d’un éclat nouveau, associées paradoxalement aux avatars de l’ère industrielle. Cette question de la « nature » était celle de Stéphane Mallarmé, dont on connaît l’obsession chez Carmelo. Sans oublier Spinoza : « Dieu OU la nature » pointait-il avec insistance afin que son philosophe préféré soit athée. Mallarmé dit plutôt : « La Nature a lieu, on n’y ajoutera plus ». La Nature a lieu fait singulièrement écho à la notion d’événement chez Arden Quin. Evénement recherché puis créé : « Je crée l’événement ».

MADI et l’écriture

Le 3 août 1946, lorsqu’à l’Institut Français d’Etudes Supérieures de Buenos Aires Carmelo Arden Quin lit son Manifeste fondateur, tous les pans de l’art sont redéfinis, ainsi :
La poésie Madi : propositions gratuites, notions et métaphores ne pouvant en aucun cas être traduites par d’autres moyens que la parole. Succession conceptuelle pure. Superficies dispersées ou articulées en tous sens. Livres de formes variées. Poésie mobile.
Le théâtre Madi : scénographie amovible s’adaptant aux déplacements d’objets et de personnages idéaux. Dialogues de cause à effet gratuits. Mythe inventé et événement.
Le roman et la nouvelle Madi : sujet se mouvant sans lieu ni temps réels. Rigueur de langage et identité paradoxale.
En dehors de textes théoriques sur les conditions d’existence d’une plastique Madi, Carmelo Arden Quin va créer, jusqu’à sa mort, des épopées poétiques qui correspondent assez bien à ces propositions gratuites, notions et métaphores ne pouvant en aucun cas être traduites par d’autres moyens que la parole, autant qu’à cette succession conceptuelle pure. Etant donné son goût pour Huidobro, Rimbaud, Mallarmé et consorts, son désir d’accéder à une abstraction au sein de la langue n’est guère étonnant. Paradoxale est sa tentative de thèse sur le roman psychologique français à la même époque, et qu’il raconte à Marie-Odile ANDRADE dans le numéro d’Artension n° 6, d’octobre 1988.
« Quand j’ai lancé la revue ARTURO, dans laquelle il y avait des articles anti-péronistes, je travaillais à une thèse sur le roman psychologique - qui a été inventé et créé en France - depuis Madame de La Fayette jusqu’à Proust. (... ). Des policiers sont venus un jour chez moi, à Buenos-Aires, ils ont fouillé partout, sauf sous le lit, où étaient empilés les numéros de la revue. Et ils ont emporté la thèse ! J’étais furieux, mais ils ne m’ont plus inquiété. Que serait devenu Arden Quin s’ils avaient regardé sous le lit ! ». En même temps que la thèse, les policiers ont emporté son poème Eiglemos. Auprès de Marie-Odile Andrade, Arden Quin insiste une fois de plus sur le fait qu’à cette époque, il écrivait plus qu’il ne peignait : « Je peignais, et surtout j’écrivais. Les Muses sont jalouses, la poésie chasse la peinture. J’ai tout de suite été attiré par le symbolisme. Au Brésil, et en Amérique Latine, il y avait dans les années 25 30, un grand courant symboliste »

Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau !

Dans la rubrique « Création » de l’interview, Arden Quin déclare : « J’aime créer des choses très simples. Je ne suis pas une nature systématique, sinon je me serais consacré à la philosophie, et j’aurais créé un système philosophique. Je crois beaucoup au jeu, qui est une sorte de miroir de la vie, de la lutte. Dans la vie, il y a l’attaque, et la défense. Le jeu, c’est un conflit, avec l’autre, ou avec soi. La création, c’est un vécu. Il y a des œuvres très valables, mais qui ne viennent pas forcément du vécu. Certains (peintres) sentent, d’autres élaborent, d’autres ont un jaillissement. Moi, je crée dans le jaillissement et la rigueur. « Obstinato rigore », disait Léonard de Vinci. C’est dur, la rigueur ; parfois, c’est long, ça donne beaucoup de travail. La création touche au mystère. Mon dieu, c’est le mystère. On ne pourra jamais approcher le mystère. Si l’homme n’avait plus de mystère dans l’univers, ce serait le désespoir. Le mystère est toujours au-delà du cycle de l’univers : vie mort vie... La création est dans l’intuition, la préhension, de bribes de mystère. Je relis le poème de Victor Hugo, Dieu, les poèmes de Mallarmé, et Baudelaire :
« Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel qu’importe
Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau ! »
C’est à la fois poétique et philosophique. Ce n’est pas loin de Dante et de la Divine Comédie.
Certains vivent le présent, d’autres anticipent, se mettent hors du temps, peut-être sans grande conscience du présent de l’avenir. Ils construisent une œuvre qui se projette, qui restera. Le concept d’invention doit être défini comme passage, comme faculté, jaillissement du désir, et celui de création comme acte, événement, comme essence se montrant et agissant éternellement. Je relis actuellement Héraclite. Avant la vie sur terre, la terre existe déjà. La matière est là avant la matière vivante. Le grand génie disparaît, l’objet reste. La Joconde est là, le livre est là. Shakespeare a disparu, Michel-¬Ange a disparu ; le théâtre, la sculpture sont là. Pourquoi l’homme construit il ? Pour s’éterniser. S’il constitue un événement, bien sûr ».

Structures sensibles de la réalité

En tous cas au début des années 60 la revue Ailleurs semblera bien obéir aux règles édictées en 1946 dans le Manifeste, si l’on en croit les buts avoués sur la page de garde :
« Nous tenons à risquer une mise en évidence ardente des formes et des images qui composent les structures sensibles de la RÉALITÉ, et cela à travers les camouflages innombrables qui nous égarent et qui nous empêchent d’en prendre une connaissance totale ».
« AILLEURS manifestera les signes d’une telle tension de sentiments et par-delà leur affluence cherchera aussi les voies susceptibles de nous rapprocher l’accès de cet aspect rayonnant où pourrait enfin se déployer l’existence toute entière ».
« Faire entendre la voix du sang vivant qui vient battre au cœur de chaque être lorsqu’il lui est donné de ressentir au plus profond de lui-même la fraîcheur élémentaire et inaltérable du monde ».
« Entre la fracture qui nous déchire et l’autre part, ce second côté, notre revers éclipsé dont nous voulons éclairer, malgré les limites du langage, les abîmes comme les plus hauts sommets ».
Ainsi le promeneur initial (tel les premiers philosophes qui n’étaient que des observateurs de la nature), dit ce qu’il voit, mais la maîtrise du français par Arden Quin nous fait nous arrêter sur chaque mot, sur la lumière du big-bang, sur cette lueur, et cette « grâce » au sens où cela est donné, se présente, et reste un mystère. Le choix pour Madi de propositions gratuites, notions et métaphores ne pouvant en aucun cas être traduites par d’au¬tres moyens que la parole. Succession conceptuelle pure semble aussi éthique qu’esthétique, manière de rappeler que ces deux notions se répondent toujours, et n’est pas innocent, dès 1946, comme si Arden Quin à cette époque déjà était en pleine possession d’un projet de dévoiler au fur et à mesure une relation au monde qui le créerait en même temps qu’il la créerait, mais sous un voile. Voiler pour dévoiler, dévoiler pour voiler encore, et là Mallarmé le guiderait : « Composer le vers, et cela jusqu’au point – que Mallarmé croit avoir rejoint quelquefois – où il satisfait celui qui l’écrit, tout épris que celui-ci reste pourtant de la vieille idée d’une connaissance intérieure, n’est-ce donc pas déjouer la langue moderne, qui n’admet plus la notion d’essence, ni la pensée d’un ordre intelligible du monde ? n’est-ce pas retrouver la voix du paradis, de la patrie, n’est-ce pas l’acte salvateur qu’il faut – mais aussi qu’on peut – accomplir, l’hymne qui recommence les anciens rites ? écrit Yves Bonnefoy. Le poète ? « Il marche en roi à travers l’enchantement édénéen de l’âge d’or, célébrant à jamais la noblesse des rayons et la rougeur des roses, les cygnes et les colombes, et l’éclatante blancheur du lis enfant, – la terre heureuse ! » (…) Mallarmé, lui, ne cesse dans ses premiers écrit de créer son horreur de la finitude (…) et la seule réalité qui vaille, c’est donc celle qui, forme pure de la rose, azur des hauteurs du ciel, échappe à l’emprise du temps, et du hasard – que de pages de la Correspondance le proclament. Mallarmé ne tente pas moins de mener à bien cette composition du vers qui - oubliés les poèmes qui ne sont qu’effusions, divertissement - se veut une trouée vers la réalité supérieure. Et le projet où il engage bientôt tout l’effort de ses nuits de veille, à Tournon d’abord, c’est ce qu’il appelle Hérodiade, un grand espace verbal où ne brille encore, dans la nuit des mots d’à présent, que ce mot seul, une étoile. La plus belle page de mon œuvre sera celle qui ne contiendra que ce nom divin, Hérodiade, écrit-il en février 1865 à Eugène Lefebvre ».

Forme pure

Serait-ce la poésie moderne qui aurait insufflé au peintre Arden Quin un certain rapport avec le cadre, sa fermeture, ses premières formes géométriques étant, à l’âge de douze ans, des cerfs-volants, ni carrés, ni rectangulaires, et libres dans le ciel. Le monde se présente, le tableau se présente, il est, car la Nature est. L’Aurore des Ages le dit : « La colline se présente enveloppée dans une lueur de grâce. J’ai devant moi, dans le lointain, la parure de sa forme émouvante, et si j’avance, j’entre en Possession d’une gloire nouvelle avec les signes de jouissance des lieux, signes non décelés auparavant, et dont j’ignorais, ou feignais d’ignorer l’existence. Elle est toujours là, impassible ou violente, selon que le vent déverse sur la vallée l’arôme de ses bosquets et que l’eau, à ses pieds, fixe l’auréole du ciel. Pendant mes parcours sur ses flancs, je peux séparer le corps. Une fois en haut, le peux proclamer la solennité de ma visitation. Car les degrés sont devenus logiques, et les pas de l’ascension, le rythme d’une vénération inviolable. Je m’approche pour célébrer. La pierre vibre sous les reflets du ciel blanc. Je grandis dans participation de la connaissance obtenue, sous la paix du feuillage, officiant en totalité et grande indulgence. Et ce n’étant un songe, c’est bien une réalité merveilleuse que je me donne, calice que je me presse d’élever et offrir.
Le mythe est encore tout puissant sous le règne.
La cause que j’arrive à considérer, à l’instar de la déférence de l’homme, je la trouve sur cette route qui s’ouvre et m’emmène à l’empire.
Le prodige de communiquer est toujours présent aux portes du jour. Il. suffit d’absorber l’étonnante étendue de la plaine, l’ardente insinuation du monde, pour venir à bout du langage absolu.
Je ne perçois pas avec enchantement le mouvement des feuilles. La sève est là, pourtant, qui gronde en délire, et l’air bouge à l’extrême du plateau que les armures du feutre défendent des assauts du vent. Je n’ai pas le goût des voyages, qui est la chose confiée. C’est un commandement trop grand pour moi que d’aller à la rencontre des pays. Je ne connais pas les collines du vent, et par là même l’étrange pouvoir des voûtes et la féerie des sources. J’ignore l’ascension vers les jours extrêmes. Mais cet affût qui se prolonge, acéré, en direction du Sud, où va t il ? que veut-il ?
Des questions qui me feraient douter des haines multiples et durables, si je ne connaissais à fond les hommes dorés de la savane, qui sacrifient hors de la demeure, n’arrivant jamais à bien supporter l’office intérieur du meurtre qui court les sentiers de la nuit, comme le mutant peu pressé d’arriver aux abords des remparts.
On avait percé l’arbuste dans les hauteurs de l’air, non loin de l’effervescence des puits relevés par les mains sonores. On avait montré les empreintes de la salle de colonnes, libéré l’oiseau de granit. Je pouvais abandonner sans regret mon attitude de connaissance : les animaux de Thæné étaient là, les visiteurs. C’était une bonne occasion pour les honorer. Ils sont la lenteur, et la lueur vive. Leurs pas divergent, mais nous ne saurions être surpris dans notre refuge de pourpre. Ils flairent le danger sous l’orage, mais l’éclair les rend invisibles, à couvert de la mort.
Soyez les bienvenus sur Thæné. Ensemble, emparons nous des cuirasses jaunes, du bronze des cheveux endormis, du masque de marbre. Songeons à un vrai fléau solaire, allumé de la terre. Forçons l’entrée de l’inquiétante demeure, dans l’espoir d’y trouver une très ancienne règle pour notre vie de révolte.
La nature doit être surprise au vif, et la violence se faire à partir du témoin admirable.
La légèreté de l’air nous permettra d’y accéder plus aisément, sans crainte d’une indiscrétion immédiate.
Notre liberté étant absolue, nos déplacements seront surveillés d’en haut avec beaucoup de mépris et une régularité non moins inopportune.
le cercle éclata soudain
je me levai des fenêtres
l’eau pénétra la surface du Jeu
la pluie arracha les murs
couverts de prodiges
L’hémicycle était présent. Je n’accordais d’ailleurs aux groupes de célébrants aucune attention en particulier. Ayant vu et touché naguère la descente des arbres dans une tentative de reconnaissance nocturne ; ayant couvert la dalle de l’être pur avec des mailles blanches, et emporté le regard du temps, j’étais assez prévenu pour que cette singularité du silence alentour arrivât à me faire détourner de mon but. Tout en étant moi même, je les ignorais quels que fussent leurs efforts pour se faire remarquer. Je continuai, suivant la ligne de mon pouvoir relatif, d’accélérer la roue des événements futurs.
La grâce est multiple. Les signes de l’eau se tiennent à la portée des yeux et les groupes de feuilles dérivent vers la liberté du large. Je tiens à ceci de pressant : que ma perception se fasse plus régulière, en même temps que plus immédiate, plus calme. En voyant la figure mobile, je comprends que je dois rester en moi, et me tenir compagnie autour de la brusque arrivée du jour, me jouant peut être, de la double supposition de la méthode. Tout invisible qu’il s’efforce de devenir, je m’accompagnerai quand même de ce quêteur, car j’estime qu’il existe encore des solutions possibles. Je me disais que la perception de l’être se fait toujours accidentellement sur un parcours au long de la survie de l’Incantation, et que cette incantation n’est autre que la littérature écrite, que l’éclatante œuvre d’art. Il naît de ce rempart un soleil dont les feux sont bien nécessaires au somme des considérations de notre langage, tendu comme un fil dans sa fureur communicative. L’épreuve suprême nous attend qui nous pousse à l’impatience de cueillir la pudeur d’une certaine enfance, à éliminer la défiance envers celui qui a été longtemps ignoré, méprisé. C’est l’heure de l’exhaussement du trône : quand les servantes du chant descendent la colline en délire, leurs boucles d’airain vibrant à l’éclat du matin gothique ; quand l’émerveillement du bassin d’or est à son comble, au delà de la pensée, et l’agate se voit cernée d’un brin de lumière par le prolongement d’un bras dément.
Ce que je juge m’introduit dans l’ouverture du monde. J’entends ne pas détourner le regard de l’oubli des détails qui viendrait à justifier, même à rebours, les premiers jours d’une attente de création. Je suis satisfait d’avoir à suivre pas à pas le fil de terre argenté qui s’élance vers les lieux communicants, et qui me permet d’apporter à mes proches, étant donné les faits d’insis-tance, la conscience de la beauté. La main en visière a laissé tomber son masque en toute occasion hantée par le soleil des yeux. Il en résulte une illusion de continuité dans le désordre ; il en résulte, aussi, comme une île de doute, aux lèvres salées, au milieu du visage de douceur. Au vrai, ce refuge se trouvait caché au bord d’un petit plateau à l’écart de toute expérience spontanée, forcément sensitive, et les pelles marbrées allaient bientôt donner raison de son gîte. Nul possesseur ne souilla néanmoins la grande salle ornée de syllabes, se contentant de rester dans l’expectative en deçà de la pièce d’eau, surpris du sourire du sage qui se tenait debout de l’autre côté de la mouvante barrière. En tous cas, le calme de l’endroit tentait la nuit lumineuse, pendant.que sur l’écran de carde, en lettres noires, on venait d’annoncer que le démiurge avait rendu son corps ».

Lettre de l’Errant aujourd’hui ?

Si tout cela est vrai, il faut bien que des « divagations de coups de dés » se produisent, nature oblige, et cette fois ce fut une histoire de point sublime entre MADI et Saint-Jeannet, une errance, une histoire nomade, une arborescence de rencontres qui, poétiquement, commence au moment où Carmelo Arden Quin retrouve, à Paris, Godo Iommi (ils se connaissaient depuis le début des années 40, à Buenos Aires, préparant la revue Arturo), et ils créent la revue La Phalène. Julien Blaine et Josée Lapeyrère entre autres se joindront à eux pour des actes poétiques, des célébrations, par exemple en 1962 sur la tombe de Guillaume Apollinaire au Père Lachaise, un acte poétique aux Buttes Chaumont, un Place des Vosges, un à Montpellier, Square de l’œuf. (« Chaque endroit est le centre du monde » est la consigne inscrite sur l’une des pages).
Dans le n°1 d’Ailleurs paraît donc la « La lettre de l’Errant » de Godo Iommi, qui commence ainsi : « Mes chers : Il s’agit, une fois de plus, de la poésie et de la réalité. Je ne suis pas encore sorti de cette querelle. Mais qui a oublié le beau théorème de Rimbaud : L’art est une sottise ? (…) Au fond le débat sur la poésie et la réalité – dont le futurisme régla l’acte provocation, exaspéré plus tard chez Dada, et porté en profondeur par le surréalisme – est loin d’être éclairci ».
Et puis il y aura tout le rituel autour de l’éléphant de Fontainebleau, dont Julien Blaine dit : « Dans la clairière le vieux solitaire depuis des millénaires, objet de la terre et fils de la mer, se désincruste du fossile », avec scénario à l’appui : « Reps Elephant 306, ou un nouveau bestiaire à l’orphisme éléphantin ». Et avec Volf Roitman ce sera la fondation de la Revue Ailleurs à partir de 1963. Même si des participants comme Jean Thiercelin peuvent donner à penser qu’Ailleurs est proche du surréalisme, Volf Roitman m’expliquera en 1988 qu’Arden Quin était plus concerné par le futurisme que par le surréalisme, et lui-même jamais à l’aise dans aucun groupe. Cependant Breton va lui faire grand compliment de son théâtre, et Volf sera très proche de Nelly Kaplan, qui va devenir la cinéaste subversive que l’on sait. La photo de Volf au Salon des Réalités Nouvelles (Paris, 1958), en contemplation devant une œuvre d’Arden Quin voisinant avec l’une des siennes a été prise par celle-ci

Volf Roitman au Salon des Réalités Nouvelles, en 1952, Photo Nelly Kaplan
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Or Nelly Kaplan, sous le nom de « Bison Blanc d’Or », a été célébrée par André Breton comme un personnage mythique, et, lorsque Salvatore Parisi m’a demandé d’écrire un texte à glisser dans l’un de ses « Baous » - livres-céramiques - , pour une exposition, je me suis souvenue du rôle du mot « baou » dans la cuisine surréaliste à partir du moment où Paul Valéry l’a récupéré pour féliciter André Breton de son idée de faire un recueil intitulé « Mont de piété ». C’est ainsi que Valéry lui a répondu : « Mont de piété est un titre délicieux – à toutes les reconnaissance… Baoû ! »
« L’allusion est claire, écrit Georges Sebbag dans son livre « Le point sublime, Breton, Rimbaud, Kaplan » : tiré du poème Dévotion de Rimbaud, autrement dit d’un Mont de piété, le mot de passe Baou appelle des actions de grâces ou un cri de ralliement. Breton, Eluard, Nush et Valentine Hugo vont au Saut du Baou dans les Gorges du Verdon et l’envoient sous forme de carte postale à Katia et André Thirion. Le torrent Baou se jette dans le Verdon, mais Baou est accolé au nom de Léonie Aubois d’Ashby dans le poème Dévotion par Rimbaud. Breton signe alors la légende du Saut du Baou des initiales de Léonie Aubois, et signale à jamais le haut lieu du surréalisme, celui où le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement Et, du Point Sublime, belvédère qui domine le lit du Verdon à son confluent avec le Baou, il invoque Léonie Aubois. Un autre Point Sublime sera Saint-Cirq Lapopie, où ira s’installer Breton. Et chez Françoise Tournié au Château de à Saint-Cirq- Lapopie en août 1983 aura lieu « L’Exposition latino-américaine MADI », et en 1993, dans la revue MADI intitulée « La troisième venue » seront édités « Quelques supports de poèmes MADI pour actes poétiques de St Cirq Lapopie, de :
Julien Blaine : le feu dans la piscine et transmutation
Evelyne Wilhem : l’arbre madique et l’éternel contour
Arden Quin : la femme aux ciseaux, si ou oui, l’œil
Josée Lapeyrère : discours morillon, le loup, le cercle enchanté
Jean Claude Faucon : la chemise déchirée et ses lambeaux au vent

Un texte débute ainsi :
« l’itinéraire des murmures. je vois le lac s’amincir. l’apport du délire. l’arbre d’evelyne. la piscine de blaine. la peau de faucon. l’oiseau de proie. elle est venue poser sa main de feutre sur l’océan. la lampe chromée de josée. c’est à la réalité de mettre en place un nouveau cycle de saison.
l’angle a été créé pour le repos de la lame de suie
etc. »

Baou de Saint-Jeannet : Point Sublime
C’en était donc trop : donc lorsque Salvatore m’a offert de glisser un texte dans plusieurs de ses « Baous » pour l’exposition « Le livre d’artiste, un objet d’art pas comme les autres », au Centre Muséologique de Six-Fours-Les-Plages, du 18 novembre 2011 au 4 mars 2012 considérant que j’avais vu de mes propres yeux ce Baou-là être un point de rencontre magique entre un certain nombre de gens tant de gens, j’ai concocté une dévotion à ma manière.

« Baou » porte-texte
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Invitation pour l’exposition « Le Livre d’Artiste »
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Et par un juste retour des choses je me suis aperçue que dans cette ramification, cette arborescence alchimique, le sicilien Salvatore avait toute sa place, car Mallarmé faisait partie de ceux à qui Breton vouait un culte, Arden Quin aussi, et Madi était monté sur le piton de Saint-Cirq Lapopie, il fallait donc se souvenir de la première phrase de l’Après-midi d’un faune de Mallarmé : « Un faune gît endormi sous les ramures épaisses d’un bois, en Sicile. »… Le mot corrélation revient plusieurs fois dans le Manifeste d’Arturo, et mon jeu des « rencontres avec des hommes remarquables » poursuit son frisson plus loin que Saint-Jeannet, quand on songe qu’un descendant de Gurdjieff habite Saint-Paul de Vence, je n’en dirai pas plus, un coup de dé jamais n’abolira le hasard…
Dans les Baous de Salvatore sont aussi tapis des textes de Raphaël Monticelli, Tita Reut et Michel Bohbot. Un chapitre spécial sur cette exposition en dira plus prochainement. Aujourd’hui : ma Litanie pour le Baou de Saint-Jeannet, à qui je dois tant.

Litanie pour le Baou de Saint-Jeannet : Sous le Baou exactement
LE 18 juin 1918/André Breton songe à un recueil (Mont de Piété)/et le dit à Paul Valéry/qui répond : Baoû ! /Allusion à un Culte des rencontres qui en appelle à la Dévotion d’Arthur Rimbaud/aussi bien à tout culte en telle place de culte mémoriale/et parmi tels événements qu’il faillit se rendre/suivant les apirations du moment/ou bien notre propre vice sérieux/c’était à la Sœur Louise/à la Sœur Léonie/à Lulu/à l’adolescent qu’il fut. En 1932 André Breton envoie une carte postale/Le Saut du Baou/et depuis la pratique du Point sublime fut repérée par moi/lorsque Ghérasim Luca me raconta son évanouissement au Point Sublime du Causse de Sauveterre/et lorsque j’appris les virées (mallarméennes) en Forêt de Fontainebleau/ comme Actes Poétiques de Carmelo Arden Quin et Julien Blaine/Le POINT SUBLIME est aussi/un Point de Vue des Gorges du Verdon/où un Baou est COMME un Riou/où le Baou-Béni retourne au chaos/où le Sentier de l’Imbut se termine (Ein-Sof du Sans But)/et au bord du Gouffre du Styx/tel Geronimo baigner dans la Lumière/ Litanie comme GUIDE de mes rencontres/au point POÉTIQUE d’acupuncture/que fut le Baou de Saint-Jeannet en 1968/ Litanie comme effet D’UNE invitation de Salvatore Parisi/qui en 1990 me déclara qu’il se sentait minéral/il fallait bien qu’il en arrivât à ces BAOUS/si magiques qu’ils deviennent sous sa main des boîtes de devination/ RENCONTRE entre Sicile (silice) et jurassique-miocène/Parler en mon nom du BAOU de Saint-Jeannet/c’est le nommer POINT SUBLIME/Le chemin du RIOU est en face/partant de Vence AVEC discrétion pour aller se perdre dans le CHAOS nietzschéen/Je baptise ici sublime le parcours autour du point d’acupuncture BAOU DE SAINT-JEANNET/d’un certain nombre d’allées et venues/de personnages de la SAGA BAOU/DES FEMMES/la première médiatrice étant SYLVIA/au nom de feuilles d’arbres de Walt Whitman)/la seconde sa mère MAYA/ET DES HOMMES/ Le Chanteur de Rock (qui mènera à VAISON-LA-ROMAINE/autre point sublime/clamer du MICHAUX dans les ruines/et Boulevard Saint-Michel/jurer contre les Colonels/et GIGI-DU-GRAND-CIRQUE/chez qui rôdaient OZENDA, NUMA SADOUL/avec qui la Messaline/de RIBEMONT-DESSAIGNES/du SERIN MUET/proclama/Ah ! la vie est terne comme une vieille dent !/une dent en or/la vie est terne comme un ongle de pied/et la même F. Ariel croassa le Kroah Kroah du RÈGNE VEGETAL/ce qui/aux Quatre Chemins/mena à FRANCIS RYCK/dans sa cabane du Chemin des Moulins/YVES L’INDIEN/auteur du SECRET/et de Voulez-vous mourir avec moi/situationniste selon Gérard Leibovici et Guy DEBORD/ /tous REMARQUABLES/mais aussi du bas des restanques/la vision du mourant accroché à la paroi/l’hélicoptère pris dans les brumes/le Docteur CHARLES-ALFRED maudissant les VARAPEURS imprudents/BAOU de RIMBAUD et BRETON avec ses INITIÉS/ mais par NELLY KAPLAN relié à notre BAOU Á NOUS/BISON BLANC D’OR/très chère amie aussi de VOLF ROITMAN/allié MADI parisien de CARMELO ARDEN QUIN/années 60/ressuscité par ALEXANDRE DE LA SALLE/années 70/chemin des tRIOUs/Saint-Paul/où AR écrivit ce texte pour PARISI/Le temps cherché (et retrouvé…)/JANI et FELIPE sous le Baou Rue Béranguier/Felipe et ses équations/Jani ses Mémoires Palatines/c’est le corps même des choses qui est atteint, son plexus/SOUS LE BAOU exactement/tant de gens/à distances diverses/sur le PORTULAN/de RAPHAËL MONTICELLI bien sûr/car Salvatore en 1990 affirma/que les montagnes n’étaient que des vagues solides/BAOU/rocher escarpé/anomalie géologique née d’un chevauchement/le ciel qui touche la terre/TOUCHER LA TERRE/ SEUND JA RHEE sut le faire/la Coréenne au CÉLADON/Terres de feu/pour Rimbaud BAOU fut l’oiseau sauveur/bleu vert rouge/oiseau voleur de FEU/terre en feu/terre de fièvre/dans DÉVOTION/Baou est le mot MALAIS/pour dire la puanteur/des humeurs malignes/du même coup la sorcellerie du Féminin d’Enfance/A la Sœur Léonie Aubois d’Ashby Baou/l’herbe d’été bourdonnante et puante/Pour la fièvre des mères et des enfants/Rimbaud corps déchiré d’illuminations/sa Litanie permet la nôtre/l’herbe bourdonnante et puante rédimée en GARRIGUE.
Baou !

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