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Parfum : Mona di Orio : Parfum de rêve !

Il fait corps avec la peau depuis des lustres, on l’a vu récemment se glisser dans les pages d’un best seller puis envahir les salles obscures. Du jardin d’Eden à ceux de Babylone, pour Mona di Orio, il y a longtemps que le parfum règne en maître sur nos sens !

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« Je me souviens de toutes ces odeurs, du jardin à la forêt, la vigne, les kakis. Mais le bouquet final c’était lorsque l’on a arrosé au soir les géraniums. J’entend encore la terre crépiter avant d’exhaler toutes ses senteurs » C’est dans la maison du Pradet de ses grands parents que Mona née à Annecy fait ses premiers pas sur le chemin qui la mènera à « son royaume des odeurs » Elle a tout juste 5 ans lorsqu’elle écrase des citrons et des roses « Papa Meilland » dans l’eau d’un carafon « juste pour voir ! » Pouvait-elle alors se douter que son destin allait être mené par le bout du nez, que ce jeu d’enfant pouvait être un métier ? « A l’époque on ne parlait pas de tout ça, c’était top secret. Quand je rentrais dans une parfumerie avec ma mère, je me faisais toute petite » Et si aujourd’hui, Mona di Orio ne passe plus inaperçue dans ces maisons bourgeoises c’est que ses propres créations y côtoient celles de Chanel ou de Guerlain. Une success story ? Le fruit de la passion cueillit en quelques coups de dés et coups de grâce !

Au jardin suspendu

Echantillons de rêve
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Son bac de lettres en poche, traquant le parfum, des paradis artificiels de Baudelaire à Huysmans, de la philosophie à la sociologie, Mona présente le concours d’entrée à l’école Givaudan. Admise directement en seconde année, elle se voit pour des raisons de quotas migratoires refouler au dernier moment ! Mais notre petit rat de bibliothèque et des champs ne s’avoue pas vaincu. Comme Jean-Baptiste Grenouille, elle mise sur la Mecque du parfum. Mais à Grasse on lui fait savoir « qu’il faut avoir fait chimie ou que pour être nez, il vaut mieux être bien né ! » Elle écrit alors à Edmond Roudnitska. Une autre bouteille à la mer ? Le maître parfumeur du 20e siècle qui créa Diorela porté par sa maman et Eau sauvage, le parfum de son père, lui adresse en retour quelques beaux ouvrages épuisés ainsi qu’une invitation à visiter sa tour d’ivoire à Cabris.

Un visage sur un parfum
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« Entre l’apprentie de 17 ans, enflammée et gracile comme un modèle de Modigliani et l’expert, le courant passe. Le célèbre parfumeur l’aide à trouver des stages alors qu’elle revient des Beaux-Arts de Dijon pour se diriger vers un cursus « Art, communication et langage » à Nice, puis il s’ouvre à elle « Mes jours sont comptés, je vais vous transmettre mon savoir ! » Mona tombe des nues. Le conte de fée commence ! Entre le parc aux effluves rares et l’atelier de l’alchimiste elle apprend pendant trois ans l’art de réanimer les paradis perdus en recréant le parfum des fleurs « comme aux Beaux Arts en travaillant d’après modèles vivants ». En alternance, elle aiguise son nez : cours d’œnologie, stages chez les chefs étoilées. Elle rencontre Ducasse au Louis XV qui lui demande de coordonner la réalisation de son livre, puis Serge Luttens, alors directeur de création chez Sisheido qui lui apprendra « à cultiver sa différence »

De Lux à Chamarré

A la disparition de Roudnitska en 1996, Mona demeure au nid d’aigle grassois. Elle y gère les achats de matières premières quand un designer hollandais, Geroen désireux de créer des parfums d’ambiance pour les hôtels la contacte. Mais après avoir senti sa première création « LUX » il lui propose de l’aider à financer une ligne de parfums qu’elle choisi en hommage à son autre passion de sceller d’un muselet de champagne. Les bouchons sautent pour Mona, nous sommes en 2005 !

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A ce premier jus inspiré « du citron sicilien que l’on tranche au couteau », deux autres suivent « CARNATION » un nom délicieusement désuet pour un floral royal « rétro et suave, une sorte de lait de lys à la mémoire de Collette » puis OIRO « Une ode au jasmin en plein été, comme un sultan avec toute sa cour ! ». Mais c’est un troisième cru qui lui vaut d’être sacré en 2006 nouveau nez par la presse britannique. « NUIT NOIRE » est dédié à Serge Luttens qui, à l’instar de Flaubert s’enivra d’orientalisme. « C’est un retour d’Afrique, épices, musc, orange, ambre…il est feutré et hot steamy comme les hammams ! »

Mona di Orio, parfumeur
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Mona qui réside à Nice depuis 20 ans a installé son atelier à domicile. Tout en dégustant la littérature britannique avec les grands vins français, elle se laisse porter par les fragrances du sud « le parfum c’est de l’émotion pure, une part de vie dérobée au temps. Les miens sont à facettes, sans age, ni sexe, voilà les anges ! J’aime que chaque peau puisse se les approprier pour raconter sa propre histoire » Comme un livre de chevet ? Quoiqu’il en soit cette fugace intimité la créatrice souhaite la préserver et se refuse ainsi à inonder le marché. Ces précieux flacons sont vendus uniquement chez les parfumeurs de niche. Paris, New York, Milan, Berlin, Dubaï, Cannes, … 70 enseignes sur le globe. Après avoir créer Amitys « Mon jardin de Babylone inspirée d’une ballade sur les canaux d’Amsterdam » son dernier bébé vient d’être lancé. « Chamarré » porte bien son nom c’est une passerelle entre couleurs et odeurs, reflets et textures « comme un prisme chatoyant autour de l’absolue Rose turque, que j’ai voulu soyeux et chaleureux ».

Un Voyage des sens
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Mais avant ce baptême, Mona Di Orio a apporté son soutien à une association caritative hollandaise en offrant une création exclusive dont les ventes participeront au financement de dispensaires en Afrique pour les femmes et enfants atteints du sida. Car le parfum, pour cette gourmande de sensations n’est pas un oiseau rare que l’on met cage mais un rêve d’éternité à partager, un trésor que l’on a pas fini de chercher

Informations Pratiques

http://www.monadiorio.com/
Photos à télécharger sur
www.monadiorio.com/pictures

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