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Marseille musées, sélection spéciale d’Alain Amiel : Musée d’Histoire de Marseille, Palais Longchamp, et Fondation Monticelli

MUSEE D’HISTOIRE DE MARSEILLE

De Massilia à Euromed
Enserrant les quais de l’ancien port grec, le Musée d’Histoire de Marseille est lumineux, transparent, parfaitement lisible.
L’histoire de la plus vieille ville de France nous est présentée en treize étapes (en hommage à 2013), mais avant de commencer la visite, une vidéo composée de multiples écrans nous raconte Marseille d’avant Marseille.
Les autochtones préhistoriques qui ont peint des centaines d’animaux sur les parois de la grotte Cosquer il y a 24 000 ans étaient des chasseurs cueilleurs artistes qui devaient probablement déjà naviguer sur de frêles esquifs, des radeaux de fortune, nos premiers marins marseillais…
A chaque étape du parcours, un spécialiste s’adresse à nous, filmé en pied, à taille humaine, pour nous conter une parcelle de cette histoire. Il est très rare et agréable de voir tous ces scientifiques, dont généralement on ne connaît que le nom, nous communiquer les résultats de leur recherche. Après l’avoir entendu, les objets disposés autour de nous prennent sens.
L’histoire de Marseille commence véritablement avec l’arrivée de bateaux à voile unique de Grecs venus de Phocée en 600 avant notre ère. La belle légende de Prôtis et Gyptis, mariage d’un grec et d’une indigène est le symbole de la rencontre de peuples dont les échanges ne vont plus cesser.
L’inauguration récente du plus grand porte-conteneur du monde (400 m de long sur 53 de large) donne la mesure du terrain - ou plutôt des mers - parcourues.
Les comptoirs grecs vont se multiplier sur la Méditerranée, mais très rapidement Massalia (le nom grec) va devenir un phare avancé de l’hellénisme dans l’Europe occidentale. Port très actif, il attire des représentants de tous les peuples de la grande bleue.

Musée d’Histoire de Marseille © Alain Amiel

Les restes de l’épave d’un bateau grec nous accueillent dès l’entrée. Découverte sur le site du port antique, il s’agit de la plus grande épave visible au monde, un navire pas très grand, mais quand même capable de relier toutes les îles grecques à Marseille. Il transportait de port en port de l’huile, du vin, des grains, des produits manufacturés, des poteries, etc., contre des matières premières (minerais, bois, etc.)
La cité s’est ensuite considérablement développée pendant la période romaine. Théâtre, forum, bains impériaux sont bâtis pendant que le port s’agrandit. La voie romaine longée de monuments funéraires pénètre dans la ville par une entrée monumentale.

L’époque médiévale va ensuite voir la construction d’édifices chrétiens, devenus symboles de la ville : Saint Victor, le baptistère de la Major, etc. Marseille dépend alors du royaume de Bourgogne, puis de celui d’Anjou avant d’être française en 1481. Pour les rois de France, ce port de la Méditerranée est essentiel pour les échanges commerciaux avec la puissance ottomane.
Des aménagements portuaires et urbains très importants vont avoir lieu sous Louis XIV qui dote la ville d’un arsenal de galères.
La grande peste de 1720 arrivant des colonies va décimer la ville, emportant près de la moitié de sa population. Marseille mettra du temps à s’en remettre. La révolution de 1789 voit le soulèvement des quartiers populaires et la Marseillaise devenir le chant du renouveau.

Musée d’Histoire de Marseille © Hervé Lanfranchi

Commerçant avec le monde entier, sa population triple entre 1800 et 1900 et l’arrivée de l’eau de la Durance avec le canal de Marseille marque une étape importante de son développement. Marseille est désormais la quatrième ville mondiale où des ouvriers venus de toutes parts participent à son essor.

La construction du Palais du Pharo et Notre Dame de la Garde donneront à la ville son aspect actuel. Pendant les deux guerres, elle devient un port de transit, notamment en 1940 pour les migrants fuyant le nazisme.

Musée d’Histoire de Marseille © Alain Amiel

Après guerre, Marseille continue de s’industrialiser avec ses nombreuses usines qui transforment les produits de l’empire colonial. Elle devient une capitale moderne avec tramway, nouvelles rues, travaux d’agrandissement du port, etc.
Pour loger une population qui explose, les grands ensembles post deuxième guerre sont bâtis.

Une grande activité culturelle et artistique règne dans les années 50 : musique de Vincent Scotto, cinema de Pagnol, les Cahiers du Sud, etc., activité qui continue aujourd’hui avec la scène rap, les films de Guédiguian, le théâtre de la Criée, les friches industrielles données aux artistes, etc.

La ville de Marseille, indissociable de son port, s’est considérablement enrichie par l’importance du trafic de marchandises mais aussi de biens encore plus précieux : savoir-faire et mixité culturelle.
Euromed, le port principal de la Méditerranée aujourd’hui, a acquis l’envergure que son nom indique. L’Europe est là, celle des échanges avec tous les peuples de la Méditerranée et du continent qui lui fait face, l’Afrique.

Musée d’Histoire de Marseille © Alain Amiel

PALAIS LONGCHAMP

Le Palais Longchamp a complètement été réhabilité. L’entrée de ce palais réalisé pour fêter l’arrivée des eaux de la Durance à Marseille est somptueuse avec son large bassin en forme de coquillage dominé par de très grandes sculptures d’animaux. Les espaces intérieurs, complètement réaménagés et rendus à leurs volumes d’origine, sont superbes.
Sont présents les grands noms de cette peinture qui a magnifié des bords de la Méditerranée : Gauguin, Monet, Marquet, et Maillol (un superbe portrait du profil d’une jeune fille qui annonce l’Art Nouveau).
Le musée des Beaux Arts accueille le retour des chefs d’œuvre de ses collections permanentes qui y sont présentés dans une nouvelle muséographie depuis février 2014.

Palais Longchamp © Alain Amiel

Marseille, en cette année 2013, a su nous émerveiller par son déploiement d’expositions et d’activités culturelles, ouvrant ainsi une nouvelle ère de créativité et d’ouverture à tous les arts. Capitale de l’Europe mais aussi de la Méditerranée, elle s’avère être une chance pour le renouveau des échanges entre tous les ports de Tanger aux côtes grecques.

FONDATION MONTICELLI

Face à Marseille, l’Estaque, un village de pêcheurs devenu paradis des peintres a vu en 2010 l’inauguration de la Fondation Monticelli, due à Delphine et Marc Stammegna, un couple d’amoureux des arts. Le site est grandiose, juché sur les rochers abrupts dominant la mer et couverts de pins maritimes. Un vieux bastion superbement réhabilité abrite aujourd’hui une des plus belles collections de ce peintre dont Van Gogh était un grand admirateur. Sa touche puissante et délicate, sa maîtrise poétique des couleurs ont fasciné Vincent. Dans de nombreuses lettres, il dit son admiration pour ce peintre précurseur, maître de la couleur, "dans la lignée de Delacroix". Ses bouquets de fleurs, qu’il recopiera tout un été au début de sa période parisienne (1886-1887), vont constituer un excellent apprentissage grâce auquel il se dégage de sa palette plutôt sombre de la période hollandaise. Les Japonais, Rubens, Delacroix, ont largement préparé le terrain. Vincent était prêt à s’attaquer aux couleurs vives et Monticelli sera un passeur idéal.

Oeuvre exposée à la Fondation Monticelli -Tigre dévorant une antilope, bronze de Antoine Barye © Alain Amiel

Delphine et Marc ont à cœur de faire reconnaître Monticelli et l’écrin qu’ils ont trouvé sur des lieux qu’il a fréquentés et peints va contribuer à cette reconnaissance méritée.

Oeuvre exposée à la Fondation Monticelli - Danseuse, bronze de Degas © Alain Amiel

Les grandes verrières ouvertes sur la mer face à Marseille offrent un spectacle époustouflant qui nous fait ressentir l’amour qu’ont eu tous les peintres pour ces paysages magnifiés par la lumière scintillante de ces eaux bleues.

Photo de Une : Palais Longchamp © Alain Amiel

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