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Dans les secrets d’un atelier de restauration des œuvres d’art

À Tourrette-Levens, Mia Articuci redonne vie à des tableaux et mobiliers anciens abîmés par les années. Un travail délicat qui sauve le patrimoine artistique régional. Visite !

Il en est des tableaux et des mobiliers comme des hommes : ils subissent l’outrage des ans.

Surtout lorsqu’ils sont entreposés depuis longtemps dans des lieux peu ou pas chauffés, quelquefois humides, comme dans les églises de nos villages. Certains ont déjà été "rafistolés" dans le passé par des mains de bonne volonté mais peu expertes. Des interventions malhabiles, qui ont encore aggravé la situation...
Ainsi en est-il d’une toile monumentale du XVIIIème siècle extraite de l’église de Falicon, déchirée ou percée en plusieurs endroits, et qui a fait l’objet naguère de rajouts de peinture assez intempestifs. Et de cet autre tableau de la même époque, appartenant à l’église de Rimplas.

Dans l’atelier de restauration. (AC)

Heureusement, ces deux œuvres sont aujourd’hui "hospitalisées" dans l’atelier de restauration de Mia Articuci à Tourrette-Levens qui va les restaurer dans les règles de l’art, et les sauver d’une mort certaine sans son intervention.

La jeune femme originaire de Roumanie a appris son métier pendant dix ans dans son pays d’origine, sous la direction de restaurateurs expérimentés, qui lui ont appris directement sur les chantiers, dans les églises, châteaux et monuments. Elle a ensuite suivi les cours des Beaux-Arts à Paris avant de s’installer dans les Alpes-Maritimes.

"Sur ce tableau de l’église de Rimplas, je rajoute de la matière là où il en manque. Ce sont les taches blanches visibles sur la toile, je vais enduire de la colle à base de peau de lapin pour repeindre les zones manquantes. Mon intervention sera réversible. Après moi, d’autres restaurateurs dans le futur pourront travailler à nouveau cette toile sans l’altérer".
Avec la précision du chimiste et le toucher délicat du peintre, Mia va recréer à l’identique ce qui a été effacé. Lorsque le tableau retrouvera sa place d’origine, il aura le même aspect qu’à l’époque de sa création.

Une radio à la clinique

Pour celui de Rimplas, l’intervention de la restauratrice sera lourde puisque l’original a beaucoup souffert. Surtout des "restaurations" passées qui furent particulièrement malheureuses : des personnages "repeints" avec de la peinture ordinaire qui a noyé la richesse des détails enfouis sous une croûte épaisse, un encollage derrière la toile qu’il faudra enlever délicatement, etc. Ce tableau ira même passer de vraies radios dans une clinique pour "voir" ce qui a été caché par les interventions antérieures.
À côté de ces grandes toiles, Mia travaille également sur la restauration de mobiliers anciens, comme ces consoles venant de la villa Ephrussi de Rothschild ou ces fauteuils de style appartenant à une star du show
business résidant sur la Côte.

Lorsqu’ils quitteront l’atelier, ces objets inanimés auront retrouvé une jeunesse, qui s’attachera à notre âme pour la forcer d’aimer.

Photo de Une : Mia Articuci devant une toile endommagée par l’humidité à qui elle va donner une deuxième vie. (AC)

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