| Retour

Julien Bouillon ou l’hétérogénéité des propositions (3/3)

Analyse d’une oeuvre

Julien Bouillon, Beau Fixe (Rance), 2010

DESCRIPTION/INTERPRETATION

Cette œuvre de Julien Bouillon s’offre à notre regard en posant une série d’interrogations et d’évocations multiples. Le bloc homogène composé par cette sculpture met en évidence deux éléments principaux, deux rectangles de tailles différentes, l’un vertical, l’autre horizontal, reliés par un axe médian vertical. Les formes identifiables -images contorsionnées, lignes sinueuses et couleurs chatoyantes- pourraient évoquer des sillons, des tempêtes ou des vagues dans l’esprit d’Hokusai, mais ne se réfèrent à aucun élément réel. Aucune séparation entre les différentes parties, le tout semble composé d’un seul tenant, taillé dans la masse, et cette première référence rappelle le travail du marbre puisque c’est de cette matière qu’il s’agit, comme le pratiquait Michel-Ange en évidant les parties inutiles pour dégager d’un énorme bloc compact la figure souhaitée.
S’agit-il ici d’une figure ? Apparemment non, mais la référence à un outil de communication s’impose d’emblée, avec la forme rectangulaire d’un écran (de télévision ou d’ordinateur) et le support sur lequel il repose. Le questionnement de l’œuvre pourrait viser à confronter les deux sortes de communication, celle de l’artiste de la Renaissance qui communique l’image mythologique ou religieuse à travers la noblesse d’un support peu malléable et l’image virtuelle transmise par un écran qui prend ici toute sa préciosité.
Le détournement du matériau peut aussi évoquer l’image codée ou brouillée de l’ordinateur par le fait qu’aucune identification formelle ne peut-être déchiffrée sur les graphismes du marbre. Outre cette référence, le support horizontal revêt aussi une autre signification en jouant le rôle du socle pour donner à cette sculpture le statut d’œuvre d’art ; nombre d’artistes se sont déjà interrogés sur cette interaction, depuis Marcel Duchamp et ses ready-made, en passant par les Nouveaux Réalistes ou encore l’interrogation de certains artistes contemporains sur le sens et la fonction du socle. Mais celui-ci fait corps avec l’objet-œuvre pour perdre en partie son identité et dénaturer à la fois sa fonction et apparaitre comme le prolongement évident d’une forme rectangulaire anonyme : il participe ainsi à la réalisation d’une sculpture abstraite qui serait composée de rectangles décalés, orthogonaux, situés sur des plans différents.

MORPHOLOGIE

L’abstraction de cette œuvre ne se situe pas seulement dans l’équilibre des rectangles et l’opposition des différents plans qu’ils déterminent, mais aussi par la texture et la matérialité des différentes surfaces. Ne dit-on pas que les premiers faux-marbres réalisés en trompe l’œil par Masaccio et autres artistes de la Renaissance à Florence constitueraient les prémices de la peinture abstraite ?
Les animations de surfaces de ces marbres constituent à l’évidence des compositions non figuratives qui jouent à la fois sur les prolongements de formes et les éléments de liaison, permettant une harmonie compacte entre les différentes parties.
L’entrelacement des courbes et contre-courbes s’oppose à la rigueur rectiligne du format pour lui apporter davantage de présence, et les stries obliques qui traversent les zones colorées semblent aménager un cheminement propice au parcours du regard.

CHROMATISME

La couleur dominante se réfère naturellement à celles des marbres polychromes, et le rapport à peu près égal d’ocres rouges et de gris bleutés accentue le concept de complémentarité pour intégrer cette sculpture dans un contexte d’harmonie classique. Par ailleurs, les graphismes reprennent en écho la structure interne des formes irrégulières, en intensifiant les oppositions clair/foncé : les noirs les plus profonds rivalisent alors avec l’éclat strident des graphismes blanchâtres.
Julien Bouillon multiplie les références et les clins d’œil passéistes en réactualisant le langage formel ; le détournement d’un matériau classique tel que le marbre interroge à la fois les procédés de l’image et la création artistique en confrontant diverses problématiques à travers une pièce unique. L’objet (figuré, représenté ou interprété) devient questionnement, leitmotiv depuis le début du vingtième siècle de nombreux mouvements d’art contemporain

Expositions personnelles

Julien Bouillon, A Lazare, 2006, photographie, tirage unique encadré, 70cm x 70cm

2010. Jaune - Galerie Sintitulo, Mougins

2008. Art-o-rama 2008, Salon international d’art contemporain, Friche Belle de Mai, Marseille

2007. MÉMÉPLEXE, Centre National d’Art Contemporain - Villa Arson, Nice

2004. Réveil Classique, Musée de la photographie, Mougins

2002. JULIEN BOUILLON, Centre National d’Art Contemporain, Villa Arson, Nice

Julien Bouillon, Représentation Universelle 1, 2010 Acrylique sur toîle

Expositions collectives

ABSTRACTION MANIFESTE, Le Quartier Centre d’Art Contemporain - Quimper

2012. 6ème NUIT BLANCHE DE Charleville-Mézière
PARTOUSE, Berlin
IBG2011 : Ins Blickfeld gerückt, Galerie des multiples - Paris
Blabla et Chichi, Galerie Hussenot - Paris

2011. AI WEI WEI IS IN CHINA, Fichte Bunker - Berlin
DUELLES, Une programmation vidéo proposée par
Documentsdartistes.org
La Peinture Autrement, Musée National Marc Chagall
La Couleur en Avant, Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain, Nice

2010. THRILLER, Berlin, Germany
Ins Blickfeld Gerückt, Institut Français de Berlin, Berlin
DOUBLE BIND/Arrêtez d’essayer de me comprendre ! Centre National d’Art Contemporain - Villa Arson, Nice

2009. 169A2, 28 rue du château d’eau, Paris
Everybody’s got (more) money Issues, Mess Hall, Chicago

Affiche Carte blanche à La Station au Palais de Tokyo, 2008

2008. Carte blanche à la Station, Palais de Tokyo, Paris (16)
Les sujets en moins, Galerie Léo Scheer Paris (07)
« Que le nouveau émerge de l’ancien » (Mao)
“Niça l’occitana a Perpinyà la catalane” [Fluxus, La Station et les autres de 1968 a 2008]
Galerie àcentmètresducentredumonde, Perpignan
SHOOTING, en collaboration avec Zora Star, Political Fashion Project
SHOWstudio© (Nick Night’s website)
45 MILLE BACI FROM BUBAQUE OFFSHORE II, Archipel des Bijagos, Guinée Bissau
ALLERETOUR, Galerie RX Paris (08)

2007. DÉRIVE, Fondation d’entreprise Ricard, Paris (08)
IRL Interface-art, La station Dijon
Endless Spring (as Soja Auer) tiramizu.net
Le Dojo
www.leplacard.org
www.myownspace.fr/soja
We Are The Robots, Galerie Léo Scheer Paris (07)

2006. Le petit noël du commissariat, Le Commissariat, Paris (11)
L’égosystème, Le Confort Moderne, La station Poitiers

2005. Dormir tête bêche avec un inconnu, La station, Galerie de la Friche Marseille
BoundLess, Stenersenmuseet, Oslo, Norvège
La Réserve, Galerie des Ponchettes

2004. Troisième république-Deuxième round-Premier raout
http://samoupravljanje.org

2003. Lee 3 Tau Ceti Central Armory Show, Centre National d’Art Contemporain, Villa Arson Nice
La lutte finale, Galerie Corentin Hamel, L’entreprise culturelle, Paris

2002. TigerLAND, FRAC Basse-Normandie
Remote Control "to change the station but that won’t change your situation", Le Cartel & Generic WorkSpace, Bordeaux

2001. Jolie attaque pour perdre, La station espace des arts, Colomiers-Toulouse
Enter, Appartements der Kunststiftung Baden-Wurttemberg, Stuttgart

2000. Air-Air show, Forum Grimaldi, Monaco

Commisariats

2012. HEART OF DARKNESS  : Miriam Austin, Vincent Ceraudo, Lorraine Châteaux, Aurélien Cornut-Gentille, Amandine Lourmière, Zoé Paul, Elizabeth Porter, Ilona Sagar et leurs invités / and guests
Commissariat / Mentors : Julien Bouillon, Richard Wentworth Cette exposition est issue d’un échange entre huit artistes récemment diplômés du Royal College of Arts (Londres) et de la Villa Arson (Nice).

HIC

Exposition HIC, 2010

2010. HIC - HIC parce que HIC veut dire ICI en latin (on connaît surtout en français l’expression « hic et nunc » pour signifier « ici et maintenant ») et renvoie donc à la localisation, objet de ces deux années de recherche ; HIC pourrait aussi bien suggérer qu’il y a un problème (un hic) quant à ce que veut dire « ici », et c’est heureux, car sans problème pas de recherche.

Ma rétrospective. Julien Bouillon présente l’exposition DOUBLE BIND/Arrêtez d’essayer de me comprendre ! comme la rétrospective de son œuvre. Proposition de Grégory Castéra et Joris Lacoste.

2008-2011. La Forme des Idées. Projet d’un Centre de Recherche et de Création Artistique et Théorique. L’objet de ce projet de recherches, d’une durée de deux ans, fut d’expérimenter des formes de collaborations entre pratiques artistiques et pratiques théoriques qui rompent avec les pratiques du commentaire et de l’illustration, en contribuant à faire reconnaître à la fois le caractère d’authentique recherche des activités plastiques et la spécificité du type même de recherche qui se pratique dans les écoles d’art.

Julien Bouillon, Grid, 2012 métal, 200 cm x 150 cm, 2012

pour accéder à ’Nice Arts 2000+ : mode d’emploi’, cliquez ici

Pour en savoir plus

Adresse
5, rue Paul Bourget 06100 Nice

Mail
[email protected]

Site
http://monsieurjulien.free.fr/

Pour relire la 1e partie de la chronique, cliquez ici

Pour relire la 2e partie de la chronique, cliquez ici

pub