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Cédric Teisseire, du geste minimum (1/4)

Evénements liés à l'artiste

Partition des passions

PARTITION DES PASSIONS "second volet" avec MAYA ABOUZEID, ANTOINE AUDIAU, JEAN-LUC BLANC, OLGA BOLDYREFF, NINA CHILDRESS, SYLVIE FANCHON, OLIVIER GREDZINSKI, JONATHAN MARTIN, DORINE POTEL, CÉDRIC TEISSEIRE, MARIA TOME

Fin : Février 2015 Voir l'événement

Analyse d’une oeuvre princept

“ALIAS” huile sur toile cirée 1997 (1000 X 907)
DR

Description / Interprétation

Cette œuvre se présente frontalement sous une forme double, avec une partie picturale composée d’alignements colorés de bandes verticales, avec, au-dessous, des formes qui accusent un léger relief, suffisant pour revêtir l’apparence extérieure d’une sculpture. De là, à évoquer la transformation d’une catégorie à l’autre, il n’y a qu’un pas, car non seulement la juxtaposition des deux éléments permet une continuité de lecture immédiate, mais le prolongement des couleurs et leur modification plastique accentuent cette notion de « passage », voire de « transformation ». Passage de la planéité au relief, de l’aplat au volume, ou de la surface aux 3 dimensions : ces notions rappellent les préoccupations fondamentales des artistes du vingtième siècle, qui, comme Matisse, Picasso ou les peintres abstraits ont essayé de modifier la vision ancestrale de la perspective.
Ici la combinaison des deux modules permet une mise à plat des deux systèmes de représentation pour ne donner à voir qu’une œuvre totale articulée en deux parties. Il est vrai que les références en histoire de l’art abondent au niveau des deux structures ; depuis les rythmes colorés de Delaunay jusqu’aux progressions chromatiques d’Agam, en passant par les aplats d’Ellworth Kelly ou de Frank Stella, la partie picturale nous conforte par son interprétation innovante de démarches plastiques axées sur la couleur.

Par opposition, les éléments en relief se présentent tout autrement : l’aspect aléatoire de ces « sculptures » pourrait se référer aux pratiques surréalistes ou informelles de Masson ou de Fautrier ; or le propos est différent car elles ne se lisent pas comme telles mais comme le résultat d’une transformation radicale par rapport à l’élément plan.

La contiguïté des deux parties de l’œuvre conduit à une interprétation univoque qui ne pourrait se satisfaire de la simple addition des deux composantes, aussi référenciées soient-elles. Quelques indices ouvrent la voie. Les indications de la matérialité de l’œuvre (toile cirée) renvoient essentiellement aux pratiques du groupe Supports / Surfaces, et les deux aspects que peut prendre la peinture à l’huile lors de son processus de réalisation : d’une part l’évidence des coulures d’une peinture appliquée sur la toile, avec le phénomène de la pesanteur, et d’autre part l’aspect rigide inhérent au séchage et au durcissement du matériau.

Voilà donc un élément bien particulier spécifique aux artistes de Supports/ Surfaces, la mise en évidence de la matérialité picturale et les limites de ses possibilités créatrices. L’absence de châssis et le rapport aléatoire des deux éléments plastiques convergent vers cette interprétation de l’œuvre.

A suivre...

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