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Michel Enrici Directeur de la Fondation Maeght

Michel Enrici , 63 ans, Directeur de la fondation Maeght depuis décembre 2006. Veut faire dialoguer l’art vivant avec l’art Moderne.

"Je ne vivrais plus dans le calme et l’anonymat" a pensé Michel Enrici, à la manière de la princesse de Clèves, en arrivant à la tête de la Fondation Maeght.

Je ne vivrais plus dans le calme et l’anonymat

Pourtant, son parcours n’a pas été jusqu’ici si tranquille. Né à Marseille en 1945, c’est à Paris qu’il étudie la littérature et l’histoire de l’art, avant de commencer une carrière de professeur de lettres.

Michel Enrici, Directeur de la Fondation Maeght depuis 2006
©JchDusanter

Ce qui ne l’empêche pas de rencontrer tous les grands intellectuels parisiens des années 70, du philosophe Jean-François Liotard à l’écrivain Roland Barthes en passant par le psychanalyste Jacques Lacan. Ni surtout de se frotter à la critique d’art en participant à l’aventure de la revue Artistes, fondée en 1979 par Bernard Lamarche-Vadel.
Il put ainsi "accompagner par ses textes l’aventure artistique de ses contemporains", avec "la méthode critique de l’exercice d’admiration", défendant par exemple Jean-Pierre Pincemin et le groupe Supports-Surfaces, puis plus tard, la génération de Fabrice Hyber.
Ce fut "un bon terrain d’apprentissage", même si la revue n’aura duré que six années, "une belle aventure de jeunesse. Je fus très heureux dans ce milieu, en tant qu’amateur d’art au sens du 18ème siècle"
Ensuite Jack Lang est arrivé, et a créé 150 nouveaux lieux d’expositions en 15 ans : "et tout ce que nous faisions pour le plaisir est devenu un métier !"En 1985, Michel Enrici fait une autre rencontre déterminante avec un artiste de la galerie Maeght, Gérard Gasiorowsky, dont il devint l’ami peu de temps avant sa mort. C’est lui qui sera chargé de faire l’inventaire de son atelier : "ouvrir les placards d’un ami, c’est une expérience qui marque".

"scénographie, c’est un mot conquérant, qui est au cœur de l’art contemporain. Tous les artistes d’aujourd’hui la pratiquent , même si la tradition s’est un peu perdu dans les écoles d’art en France …Ce qui n’est pas le cas en Italie"
©JchDusanter

Rencontre avec les éditions Maeght

C’est ainsi que Michel Enrici en vint à s’intéresser aux éditions Maeght. Car Aimé Maeght, qui fut imprimeur, incitait ses artistes à faire des gravures, lithographies, et autres eaux fortes, ce qu’ils firent tous, et brillamment. Dès 1989, il organise à Tours une exposition d’estampes réalisées par les artistes Maeght, et sera en 2005 commissaire de l’exposition "trésor d’estampes" de la Fondation Maeght.
Après avoir dirigé l’école des Beaux-Arts de Dijon puis de Marseille, il crée à Monaco une école de scénographie (le pavillon Bosio, en 2002) : "scénographie, c’est un mot conquérant, qui est au cœur de l’art contemporain. Tous les artistes d’aujourd’hui la pratiquent , même si la tradition s’est un peu perdu dans les écoles d’art en France …Ce qui n’est pas le cas en Italie".

La Fondation Maeght à Saint Paul de Vence
©JchDusanter

Une nouvelle programmation

Depuis son arrivée à la Fondation Maeght en décembre 2006, appelé par Adrien Maeght, il cherche à mettre en pratique cette idée, mais "avec prudence ; je souhaite faire dialoguer des artistes vivants avec la collection et ce lieu unique".Sa première exposition fut "le centenaire d’Aimé Maeght", puis il invita le sculpteur grec Takis, 83 ans et réputé de caractère difficile : "tout s’est passé merveilleusement bien, il nous a laissé une poétique sculpture en noir et blanc qui tourne légèrement avec le vent, que j’ai la chance de pouvoir admirer de mon bureau !".

Une des sculptures qui habillent les jardins de la Fondation
©JchDusanter

Avec la traditionnelle grande expo de l’été, Michel Enrici ajoute une nouvelle programmation au printemps et à l’automne, de deux artistes vivants. En février, l’artiste franco-chinois Yan Pei-Ming dialoguait en peinture et en sculpture, avec Giacometti.

A son crédit : un nouvelle installation de la salle Giacometti, telle qu’elle était le jour de l’inauguration de la Fondation en 1964 (classique mais très efficace présentation) et aussi une nouvelle lecture de la collection, des "grands gestes d’artistes", comme les lithographies grands formats signées Miro, ou une mise en parallèle très éclairante de Sam Francis avec Paul Jenkins. Pédagogique et passionnant à la fois !

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