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Nice : actions culturelles au musée Chagall

Esthétique et histoire de l’art au Musée Chagall. Le programme des conférences d’esthétique et d’histoire de l’art 2012 est arrivé, et avec lui toujours des visites originales et commentées ou encore un programme musical. A consommer sans modération.

Lundi 12 Décembre 2011

Choghakate Kazarian, Lucio Fontana : entre avant-garde et arrière-garde, une carrière au défi de la modernité.
Lucio Fontana : entre avant-garde et arrière-garde, une carrière au défi de la modernité. Si son geste radical qui consiste à trouer (Buchi) ou à fendre (Tagli) la toile a été rapidement évalué comme un moment fondateur de la modernité au même titre que ses environnements (Ambienti spaziali), la majeure partie de sa carrière, précédant l’emblématique Manifiesto Blanco de 1946, celui de sculpteur en bronze ou terre cuite, formé à l’atelier paternel et répondant aux commandes, reste encore aujourd’hui problématique de même qu’une partie de son œuvre postérieure. Divers aspects de son œuvre contrecarrent le schéma idéal de la modernité, entre continuité d’une tradition héritée du XIXe siècle et profonde rupture avec celle-ci. Diplômée de l’Ecole du Louvre, de la Sorbonne (philosophie) et de l’Institut National du Patrimoine, Choghakate Kazarian est actuellement conservateur au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Son mémoire de fin d’étude portant sur l’œuvre de Marcel Duchamp 50cc air de Paris a été publié dans la revue Retour d’y voir (Musée d’art moderne et contemporain de Genève).

Lundi 30 janvier 2012

Joseph Mouton : Métaphore et réalisation chez F. Kafka

Le déclin de la métaphore est un thème rebattu de la modernité, non seulement dans l’esthétique littéraire, mais dans l’esthétique générale. En essayant de voir ce que signifie ce déclin pour Kafka, on méditera sur ce qu’il advient aux puissances de la représentation dans l’âge moderne et aujourd’hui même.
Joseph Mouton enseigne l’esthétique à la Villa Arson (Nice). Il a écrit des ouvrages de philosophie (Sois Artiste et Misère de Dieu chez Aubier-Flammarion), de poésie (Le Projet Sombr’ Héros chez VOIX éditions, L’Entraînement chez le Mot et le Reste, Delenda Ouest et Hannibal tragique suivi de Hannibal domestique aux Petits Matins).

Lundi 13 février 2012

Jacinto Lageira : Représentations contemporaines de l’Histoire : entre véridique et vraisemblable.

Depuis une trentaine d’années, les pratiques artistiques portant sur les diverses représentations des événements et des faits historiques tendent à rejoindre les problématiques rencontrées par les historiens. Les artistes ont volontairement brouillé les pistes qui permettent de discerner le véridique, le faux, le possible, le vraisemblable et ce qui est attesté, renforçant ainsi l’idée d’une « poétique de l’Histoire » que l’on peut résumer dans la formule de Paul Veyne : « L’Histoire est un roman, mais un roman vrai. » Il s’agira d’expliciter l’entrelacement de la poétique de l’art et de la poétique de l’Histoire, et de voir quelles sont les conséquences d’une éventuelle non discernabilité entre réalité et fiction.

Jacinto Lageira est professeur d’esthétique à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; critique d’art. Il a notamment publié L’image du monde dans le corps du texte (I, II), Bruxelles, La Lettre volée, 2003 ; L’esthétique traversée - Psychanalyse, sémiotique et phénoménologie à l’oeuvre, La Lettre volée, 2007 ; La déréalisation du monde. Fiction et réalité en conflit, Paris, éditions Jacqueline Chambon, 2010 ; Cristallisations. Monographie sur Jean-Marc Bustamante, Arles, Actes Sud, 2011. Il a collaboré récemment aux catalogues James Coleman, Lisboa, Museu do Chiado / Museu Nacional de Arte Contemporânea, 2006 ; Julião Sarmento, Fundacíon Marcelo Botín, Santader (Espagne), 2006 , Angela Detanico/Rafael Lain, Pavillon Brésilien de la Biennale de Venise, 2007 ; Claire Savoie, Musée de Rimouski, Québec, 2007. Jordi Colomer, Galerie Nationale du Jeu de Paume, 2008 ; Claire Chevrier, Musée de Nantes, 2009 ; Joseph Kosuth, Ni apparence ni illusion, Musée du Louvre, 2010 ; Mais que a vida, Lisbonne, Centre Calouste Gulbenkian, 2010 ; Edgar Martins, La ligne volage, Paris, Centre Calouste Gulbenkian, 2010. Il a également édité : Michael Snow, Des écrits, 1958-2005 (en collaboration avec Jean-Michel Bouhours), Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 2005 ; et une anthologie, Du mot à l’image & du son au mot (1897-2005), Marseille, éd. Le mot et le reste, 2006.

Lundi 12 mars 2012

Roger Pouivet : Les oeuvres d’art existent-elles ?

À la question de savoir si les oeuvres d’art existent, la réponse semble évidemment positive, surtout lorsqu’elle est posée dans un musée, avec des oeuvres d’art autour de nous. N’est-ce pas l’une de ces questions oiseuses dont les philosophes raffolent, et qui devrait plutôt les couvrir de ridicule ?
Cependant, s’il n’y avait personne pour regarder un tableau comme une oeuvre d’art, le serait-il encore ? Ne serait-ce pas plutôt un morceau de toile et de la peinture dessus. Est-ce alors notre regard qui fait de quelque chose une oeuvre d’art ? Ce qui ferait dépendre l’existence des oeuvres d’art de ce que nous pensons et voulons. Cette existence dépendrait aussi de tout un contexte qu’on appelle « le monde de l’art », sans lequel leur existence semble impossible. C’est la plaisanterie bien connue du visiteur d’un musée d’art contemporain qui accroche son vêtement sur ce qu’il croit être un portemanteau… Et qui est l’une des oeuvres exposées. Plaisanterie béotienne par excellence, mais qui permet
de saisir le problème. Les oeuvres seraient alors des projections de nos esprits ; elles existent par l’attention que nous leur portons. Pourtant, la thèse qui sera défendue est différente. Même si leur existence dépend de la nôtre, les oeuvres d’art sont réelles ; elles appartiennent à l’ameublement du monde. Cette thèse a une conséquence : les oeuvres d’art ont une nature qui leur est propre et qui en
font les oeuvres qu’elles sont. Dès lors, il ne suffit certainement pas d’affirmer que quelque chose est une oeuvre d’art pour qu’elle le devienne.

Roger Pouivet est professeur de philosophie à l’Université de Nancy et Directeur du Laboratoire d’Histoire des Sciences et de Philosophie-Archives Poincaré (CNRS). Il a publié notamment, dans le domaine de la philosophie de l’art, Esthétique et Logique (Mardaga, 1996), Questions d’esthétique (PUF, 2000), Le réalisme esthétique (PUF, 2006), Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art ? (Vrin, 2007),
Philosophie du rock (PUF, 2010), L’Ontologie de l’oeuvre d’art (J. Chambon, 2000 ; Vrin, 2e éd. revue 2010). Il a aussi écrit plusieurs ouvrages dans le domaine de la philosophie de la religion, dont Qu’est-ce-que croire ? (Vrin, 2006).

Lundi 2 Avril 2012

Nathalie Heinich : L’art contemporain comme paradigme

Le paradigme de l’art contemporain : structure d’une révolution artistique
Dans Pour en finir avec la querelle de l’art contemporain (1999), j’affirmais que l’art contemporain n’est pas seulement une période de l’histoire de l’art, mais un "genre" artistique à part entière, distinct tant du "genre" moderne que du "genre" classique. Je propose aujourd’hui d’aller un peu plus loin : il
s’agit même d’un véritable "paradigme" artistique, c’est-à-dire un modèle structurant mais non perçu comme tel, ainsi que le définissait l’historien des sciences Thomas Kuhn à propos de la "structure des révolutions scientifiques". Pour s’en convaincre, il suffit de scruter, sans préjugés normatifs, non
seulement les oeuvres elles-mêmes, mais aussi les modalités de leur reconnaissance, les problèmes de conservation, d’exposition, de circulation ou de restauration, l’économie, le droit, la pédagogie, ou encore la psychologie. Autrement dit, il suffit de faire de la sociologie.

Nathalie HEINICH est sociologue, directeur de recherches au CNRS. Outre de nombreux articles dans des revues scientifiques ou culturelles, elle a publié des ouvrages portant sur le statut d’artiste et la notion d’auteur (entre autres La Gloire de Van Gogh, Minuit, 1991 ; Du peintre à l’artiste, Minuit, 1993 ; Etre écrivain, La Découverte, 2000 ; L’Elite artiste, Gallimard, 2005) ; sur l’art contemporain (entre autres Le Triple jeu de l’art contemporain, Minuit, 1998) ; sur la question de l’identité (entre autres États de femme, Gallimard, 1996 ; L’Épreuve de la grandeur, La Découverte, 1999 ; Mèresfilles, une relation à trois, Albin Michel, 2002, avec Caroline Eliacheff ; Les Ambivalences de l’émancipation féminine, Albin Michel, 2003) ; sur l’histoire de la sociologie (entre autres La
Sociologie de Norbert Elias, La Découverte-Repères, 1997 ; Ce que l’art fait à la sociologie, Minuit,1998 ; La Sociologie de l’art, La Découverte-Repères, 2001 ; La Sociologie à l’épreuve de l’art. Entretiens avec Julien Ténédos, Aux lieux d’être, 2006 [vol. 1], 2007 [vol. 2] ; Pourquoi Bourdieu, Gallimard, 2007 ; Le Bêtisier du sociologue, Klincksieck, 2009) ; sur les valeurs (La Fabrique du patrimoine, éd. Maison des Sciences de l’Homme, 2009 ; De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique, Gallimard, 2012). Ses livres et ses articles ont été traduits en quinze langues.

Musée Chagall à Nice
@MuséeChagall

Initiation à l’art

Une heure, une lundi par mois

A travers ce rendez-vous régulier, le musée national Marc Chagall souhaite offrir à ses visiteurs un aperçu des grands courants de l’art moderne. Ces conférences accessibles à tous permettent de se familiariser avec les grands noms du XXe siècle et d’analyser les oeuvres majeures de chaque mouvement. Prolongeant le programme de l’année précédente, ce troisième cycle s’intéresse à l’art des années 60 et 70 et à sa profusion de tendances. Ce cycle d’initiation est assuré par : Maurice Fréchuret, directeur des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes, Diana Gay, conservatrice au musée national Fernand Léger.

Le Nouveau Réalisme

17 octobre 2011, 19h

Maurice Fréchuret
Fondé en mai 1960 par des artistes revendiquant leur « singularité collective » (Klein, Arman, Raysse, Spoerri, Tinguely, etc.), le Nouveau Réalisme propose une « archéologie du monde moderne, industriel et urbain ».

La Figuration narrative

21 novembre 2011, 19h

Diana Gay
EN France, à partir de la photographie, du cinéma, de la publicité ou de la BD, les artistes de la figuration narrative détournent la signification première de ces représentations pour en révéler des sens inattendus et montrer leurs implications politiques.

L’Arte povera

9 janvier 2012, 19h

Maurice Fréchuret
Dans l’Italie de la fin des années soixante, en défi à l’industrie culturelle, l’Arte povera privilégie le geste créateur sur l’objet fini et l’usage de matériaux « pauvres », le plus souvent naturels (sable, terre, bois, goudron…).

Le minimalisme et l’art conceptuel

6 février 2012, 19h

Diana Gay
En réaction à la subjectivité de l’expressionnisme abstrait et à la figuration du pop art, l’art minimal propose par sa sobriété radicale une expérience artistique débarrassée de tout effet illusionniste, fondée sur l’ouverture de l’oeuvre à son contexte.

BMPT, Supports/Surfaces

26 mars 2012, 19h

Maurice Fréchuret
Prenant pour sujet de la peinture la peinture elle-même, les artistes du groupe BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) et de Supports-Surfaces s’attachent à démystifier l’oeuvre d’art par la mise en évidence de ses données matérielles.

Le Land Art

16 avril 2012, 19h

Diana Gay
Dans les années soixante, les artistes du Land Art investissent directement la Nature au lieu de la représenter : les oeuvres intégrées au paysage désertent les galeries et perdent leur valeur marchande pour proposer une expérience totale.

Programmation musicale

Le musée national Marc Chagall propose aussi une programmation musicale organisée en collaboration avec l’Opéra de Nice, l’Ensemble Apostrophe et le Conservatoire National à Rayonnement Régional - Pierre Cochereau.
Tous les détails sur le site du musée :

www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/chagall/saison-culturelle/

Musée Chagall
164 Avenue des Arènes de Cimiez - 06000 Nice
04 93 81 08 08

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