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Nice : action culturelle au musée national Marc Chagall

C’est la rentrée des classes au musée national Marc Chagall à Nice. Quatre conférences d’esthétique et d’histoire de l’art et quatre ateliers d’initiation à l’art sont programmés au cours du premier semestre de l’année 2012.

Le lundi 30 janvier 2012
Joseph Mouton
Métaphore et réalisation chez F. Kafka

Le déclin de la métaphore est un thème rebattu de la modernité, non seulement dans l’esthétique littéraire, mais dans l’esthétique générale. En essayant de voir ce que signifie ce déclin pour Kafka, on méditera sur ce qu’il advient aux puissances de la représentation dans l’âge moderne et aujourd’hui même.
Joseph Mouton enseigne l’esthétique à la Villa Arson (Nice). Il a écrit des ouvrages de philosophie (Sois Artiste et Misère de Dieu chez Aubier-Flammarion), de poésie (Le Projet Sombr’ Héros chez VOIX éditions, L’Entraînement chez le Mot et le Reste, Delenda Ouest et Hannibal tragique suivi de Hannibal domestique aux Petits Matins).

Le lundi 13 février 2012
Jacinto Lageira
Représentations contemporaines de l’Histoire : entre véridique et vraisemblable.

Depuis une trentaine d’années, les pratiques artistiques portant sur les diverses représentations des événements et des faits historiques tendent à rejoindre les problématiques rencontrées par les historiens. Les artistes ont volontairement brouillé les pistes qui permettent de discerner le véridique, le faux, le possible, le vraisemblable et ce qui est attesté, renforçant ainsi l’idée d’une « poétique de
l’Histoire » que l’on peut résumer dans la formule de Paul Veyne : « L’Histoire est un roman, mais un roman vrai. » Il s’agira d’expliciter l’entrelacement de la poétique de l’art et de la poétique de l’Histoire, et de voir quelles sont les conséquences d’une éventuelle non discernabilité entre réalité et fiction. Jacinto Lageira est professeur d’esthétique à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; critique d’art. Il a notamment publié L’image du monde dans le corps du texte (I, II), Bruxelles, La Lettre volée,2003 ; L’esthétique traversée - Psychanalyse, sémiotique et phénoménologie à l’œuvre, La Lettre volée, 2007 ; La déréalisation du monde. Fiction et réalité en conflit, Paris, éditions Jacqueline Chambon, 2010 ; Cristallisations. Monographie sur Jean-Marc Bustamante, Arles, Actes Sud, 2011. 2006.

Lundi 12 mars 2012
Roger Pouivet
Les œuvres d’art existent-elles ?

À la question de savoir si les œuvres d’art existent, la réponse semble évidemment positive, surtout lorsqu’elle est posée dans un musée, avec des œuvres d’art autour de nous. N’est-ce pas l’une de ces questions oiseuses dont les philosophes raffolent, et qui devrait plutôt les couvrir de ridicule ?
Cependant, s’il n’y avait personne pour regarder un tableau comme une œuvre d’art, le serait-il encore ? Ne serait-ce pas plutôt un morceau de toile et de la peinture dessus. Est-ce alors notre regard qui fait de quelque chose une œuvre d’art ? Ce qui ferait dépendre l’existence des œuvres d’art de ce que nous pensons et voulons. Cette existence dépendrait aussi de tout un contexte qu’on appelle « le monde de l’art », sans lequel leur existence semble impossible. C’est la plaisanterie bien connue du visiteur d’un musée d’art contemporain qui accroche son vêtement sur ce qu’il croit être un portemanteau… et qui est l’une des œuvres exposées. Plaisanterie béotienne par excellence, mais qui permet
de saisir le problème. Les œuvres seraient alors des projections de nos esprits ; elles existent par l’attention que nous leur portons. Pourtant, la thèse qui sera défendue est différente. Même si leur existence dépend de la nôtre, les œuvres d’art sont réelles ; elles appartiennent à l’ameublement du monde. Cette thèse a une conséquence : les œuvres d’art ont une nature qui leur est propre et qui en font les œuvres qu’elles sont. Dès lors, il ne suffit certainement pas d’affirmer que quelque chose est une œuvre d’art pour qu’elle le devienne.

Roger Pouivet est professeur de philosophie à l’Université de Nancy et Directeur du Laboratoire d’Histoire des Sciences et de Philosophie-Archives Poincaré (CNRS). Il a publié notamment, dans le domaine de la philosophie de l’art, Esthétique et Logique (Mardaga, 1996), Questions d’esthétique (PUF, 2000), Le réalisme esthétique (PUF, 2006), Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? (Vrin, 2007),
Philosophie du rock (PUF, 2010), L’Ontologie de l’œuvre d’art (J. Chambon, 2000 ; Vrin, 2e éd. revue 2010). Il a aussi écrit plusieurs ouvrages dans le domaine de la philosophie de la religion, dont Qu’est-ce que croire ? (Vrin, 2006).

Lundi 2 Avril 2012
Nathalie Heinich
L’art contemporain comme paradigme
Le paradigme de l’art contemporain : structure d’une révolution artistique

Dans Pour en finir avec la querelle de l’art contemporain (1999), j’affirmais que l’art contemporain n’est pas seulement une période de l’histoire de l’art, mais un "genre" artistique à part entière, distinct tant du "genre" moderne que du "genre" classique. Je propose aujourd’hui d’aller un peu plus loin : il s’agit même d’un véritable "paradigme" artistique, c’est-à-dire un modèle structurant mais non perçu comme tel, ainsi que le définissait l’historien des sciences Thomas Kuhn à propos de la "structure des révolutions scientifiques". Pour s’en convaincre, il suffit de scruter, sans préjugés normatifs, non seulement les oeuvres elles-mêmes, mais aussi les modalités de leur reconnaissance, les problèmes de conservation, d’exposition, de circulation ou de restauration, l’économie, le droit, la pédagogie, ou encore la psychologie. Autrement dit, il suffit de faire de la sociologie.

Nathalie HEINICH est sociologue, directeur de recherches au CNRS. Outre de nombreux articles dans des revues scientifiques ou culturelles, elle a publié des ouvrages portant sur le statut d’artiste et la notion d’auteur (entre autres La Gloire de Van Gogh, Minuit, 1991 ; Du peintre à l’artiste, Minuit,
1993 ; Etre écrivain, La Découverte, 2000 ; L’Elite artiste, Gallimard, 2005) ; sur l’art contemporain (entre autres Le Triple jeu de l’art contemporain, Minuit, 1998) ; sur la question de l’identité (entre autres États de femme, Gallimard, 1996 ; L’Épreuve de la grandeur, La Découverte, 1999 ; Mères-filles, une relation à trois, Albin Michel, 2002, avec Caroline Eliacheff ; Les Ambivalences de l’émancipation féminine, Albin Michel, 2003) ; sur l’histoire de la sociologie (entre autres La Sociologie de Norbert Elias, La Découverte-Repères, 1997 ; Ce que l’art fait à la sociologie, Minuit, 1998 ; La Sociologie de l’art, La Découverte-Repères, 2001 ; La Sociologie à l’épreuve de l’art. Entretiens avec Julien Ténédos, Aux lieux d’être, 2006 [vol. 1], 2007 [vol. 2] ; Pourquoi Bourdieu, Gallimard, 2007 ; Le Bêtisier du sociologue, Klincksieck, 2009) ; sur les valeurs (La Fabrique du patrimoine, éd. Maison des Sciences de l’Homme, 2009 ; De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique, Gallimard, 2012). Ses livres et ses articles ont été traduits en quinze langues.

Initiation à l’art

Une heure, un lundi par mois

A travers ce rendez-vous régulier, le musée national Marc Chagall souhaite offrir à ses visiteurs un aperçu des grands courants de l’art moderne. Ces conférences accessibles à tous permettent de se familiariser avec les grands noms du XXe siècle et d’analyser les œuvres majeures de chaque mouvement.
Prolongeant le programme de l’année précédente, ce troisième cycle s’intéresse à l’art des années 60 et 70 et à sa profusion de tendances. Ce cycle d’initiation est assuré par : Maurice Fréchuret, directeur des musées nationaux du XXe
siècle des Alpes-Maritimes, Diana Gay, conservatrice au musée national Fernand Léger.

Le minimalisme et l’art conceptuel, le 6 février 2012 à 19h assuré par Diana Gay

En réaction à la subjectivité de l’expressionnisme abstrait et à la figuration du pop art, l’art minimal propose par sa sobriété radicale une expérience artistique débarrassée de tout effet illusionniste, fondée sur l’ouverture de l’œuvre à son contexte.

BMPT, Supports/Surfaces, le 26 mars 2012 à 19h assuré par Maurice Fréchuret

Prenant pour sujet de la peinture la peinture elle-même, les artistes du groupe BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) et de Supports-Surfaces s’attachent à démystifier l’œuvre d’art par la mise en évidence de ses données matérielles.

Le Land Art, le 16 avril 2012 à 19h, assuré par Diana Gay

Dans les années soixante, les artistes du Land Art investissent directement la Nature au lieu de la représenter : les œuvres intégrées au paysage désertent les galeries et perdent leur valeur marchande pour proposer une expérience totale.

Le Body Art, le 7 mai 2012 à 19h, assuré par Maurice Fréchuret

Abordant le corps comme médium et support de l’art, le Body Art ou Art corporel transgresse les disciplines traditionnelles pour questionner le rapport à l’intime, à la douleur, à la violence sociale ou politique.

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Musée National Marc Chagall
Avenue du Docteur Ménard 06000 Nice
04 93 53 87 20

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