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Musée nationaux du XXe siècle des Alpes Maritimes : EXILS

Trois grands musées nationaux du XXème siècle des Alpes-Maritimes se sont réunis pour organiser la magnifique exposition « Exils. Réminiscences et nouveaux mondes » du 24 juin au 8 octobre.

Le musée national Fernand Léger, le musée national Marc Chagall et le musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix, Vallauris se sont réunis. Un évènement de taille qui met en lumière un phénomène, l’exil, qui a inspiré et déterminé l’imaginaire de tant d’artistes. Chagall, Picasso, Fernand Léger et beaucoup d’autres. Chacun, à leur façon, ont puisé dans cette expérience diversement vécue pour nourrir leur œuvre.
L’exposition s’organise, en trois temps, autour de ces trois figures majeures de l’art du XXème siècle. « Des artistes à la fois appuyés sur leur passé et à la fois prêts à repartir à zéro, comme en pleine utopie » explique Elisabeth Pacoud-Rème, chargée des collections au musée national Marc Chagall.

Entre chien et loup, 1938-1943. Marc Chagall
©Archives Marc et Ida Chagall
©ADAGP, paris 2012

Ainsi, le musée Chagall se penche sur le rapport au passé, l’exploitation par les artistes d’une nostalgie douce-amer, intarissable, captivante, et parfois si lourde à porter. Marc Chagall fait partie de ces peintres qui malgré leurs pérégrinations partout dans le monde, n’ont jamais vraiment quitté leur ville natale. Né en Biélorussie en 1887, il est naturalisé français 50 ans plus tard. Son premier séjour à Paris fut volontaire. C’était en 1910, il venait étudier l’art auprès de Léon Bakst. La fois d’après, ce fut un exil forcé. La première guerre mondiale l’a contraint à fuir la Russie. Et, bien que profondément épris de son pays d’adoption, Chagall n’a jamais cessé d’évoquer dans ses œuvres, ses origines. Souvenir, dont le titre parle de lui-même, marque le début de sa gloire en en France. Pourtant, ce sont bien son enfance juive et toutes les traditions familiales qui s’y rapportent qui sont dépeinte, comme dans un rêve. De même, Entre chien et loup évoque Vitepsk, son petit shtetl (village juif en Europe de l’Est) natal.
Comme lui, Picasso connut l’exil. Pour des raisons sensiblement similaires : il quitte l’Espagne pour Paris en 1904, au moment de la montée du fascisme. A l’occasion de l’exposition, le musée Chagall lui dédie une salle entière. Car en dépit d’une certaine rivalité, les deux peintres partagent la même nostalgie, la même obsession pour le devoir de mémoire. Comme Chagall, Picasso convoque très régulièrement, dans ses tableaux, les éléments de sa culture. Il y a une sorte de dialogue permanent avec les grands maîtres espagnols tels que Goya, Velasquez ou El Greco.

Le musée Fernand Léger, à Biot, offre une autre conception de l’exil. Plus optimiste, plus joyeuse, et surtout plus tournée vers l’avenir. Plusieurs membres du « Groupe de Grasse » se sont fait les porte-parole d’un idéal fraternel où l’expression individuelle s’efface devant la création collective. Parmi eux : Jean Arp, Sonia Delaunay, Alberto Magnelli ou encore Sophie Taeuber-Arp. Tous se sont réfugiés à Grasse et surtout dans l’art pour tenter conjurer les maux de l’époque.

Adieu New York, 1946, Fernand Léger
©centre Pompidou, Paris, musée national d’art moderne / centre de création industrielle Dist. Réunion des musées nationaux- Grand Palais / Jacques Faujour
©ADAGP, Paris 2012

Enfin, le musée Picasso de Vallauris invite à une réflexion sur la condition contemporaine de l’exil. Qu’en est-il aujourd’hui, dans notre société mondialisée ? Melik Ohanian livre un début de réponse avec sa sculpture, Concrete Tears, 3451, exposée dans la nef romane du musée Picasso. Présentée une première fois en 2006 à l’institut d’art contemporain de Villeurbanne, l’artiste a choisi de la dévoiler, cette fois-ci, dans sa version complète. Composée d’un mélange de ciment et de résine, 3451 larmes de béton sont suspendues grâce à des fils d’acier. 3451, le nombre précis de kilomètres qui séparent Paris de Erevan, d’où sont partis des centaines de survivants arméniens en 1915.

Concrete Tears, 3451, 2006,2012 Melik Ohanian
©Melik Ohanian

musée national Marc Chagall
avenue Docteur Ménard
06000 Nice, 04 93 53 87 20
ouverture : tous les jours sauf le mardi
de 10h à 18h

musée national Fernand Léger
chemin du Val de Pome
06410 Biot, 04 92 91 50 30
ouverture : tous les jours sauf le mardi,
de 10h à 18h

musée national Pablo Picasso,
La Guerre et la Paix, place de la Libération, 06220, Vallauris
04 93 64 71 83
ouverture : tous les jours sauf le mardi, de 10h à 12h15 et de 14h à 18h (17h à partir du 15 septembre) ; du 1er juillet au 31 août de 10h à 19h tous les jours

www.rmngp.fr

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