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Les artistes de Nice et le renouveau du Pilou (1/2)

Quelles relations entre l’art et le pilou ? Aucune penserez-vous, tant l’écart entre un sport populaire et l’esthétique peut être grand ! Et pourtant les artistes de Nice, et notamment de l’Ecole de Nice, ont joué un rôle essentiel dans le renouveau du pilou. Et ils continuent... Certains y trouvent même une inspiration.

Le resorgimento du pilou

Tout a (re)commencé à Art-Jonction en 1987, le célèbre salon des arts contemporains aujourd’hui disparu qui se tenait alors au Palais des Expositions à Nice… Durant les années 60, le pilou avait progressivement régressé dans les rues et les quartiers de Nice. Seuls quelques nostalgiques s’y adonnaient encore à des moments de désœuvrement. Il faut attendre le milieu des années 80, pour voir (re)surgir un nouvel intérêt, suscité par quelques défenseurs de Nice et de son identité. Ils se nomment Alain Corriéras, Jean Luc Sauvaigo, deux artistes niçois...

Alain Péglion, Jean Luc Sauvaigo avec Mauris, le chanteur et Francis Gag, l’homme du théâtre niçois
DR

Ils ont l’occasion de se rencontrer à Nice chez un éditeur de référence, Alain Amiel et sa alors célèbre maison d’édition niçoise Z’Editions. D’autres ou les mêmes se retrouvent à Coaraze, le village des arts, où d’autres “patriotes” du Comté dont justement le poète Alain Péglion, le célèbre maquettiste Richard Lazzari et le styliste Philippe Blotas vivent alors. L’idée d’un premier tournoi, seulement pour le « fun », est lancé. Il aura lieu le 14 juillet 1987 ; il se déroulera lors d’une soirée déguisée à côté du théâtre de l’Alphabet, avenue des Diables Bleus, organisé par Jean Luc Sauvaigo et Claude Necci.

Théâtre de l’Atelier, Scène du Pilo, 1987
DR

Toutefois son vrai resorgimento eut lieu au printemps 1988 au Salon Art-Jonction sous l’égide et avec la participation des artistes de l’Ecole de Nice. Jean Mas, Ben Vautier, Pedinelli et Sosno furent de la partie avec naturellement l’éditeur d’art Alain Amiel, ses compères d’alors Alain Corrieras et Didier Palix, le critique d’Art Jacques Lepage toujours présent et votre serviteur venu spécialement. La démonstration se déroula au milieu des oeuvres d’Art et des doctes collectionneurs surpris par les ardeurs des protagonistes. Elle réunit une douzaine d’adeptes qui se lancent dans de brillantes envolées à la fois physiques et discursives. « Vé lou pilo ! » Fa lou volà »… Ce n’était pas une performance comme d’aucun le crut, mais un hymne à une tradition perdue qu’il fallait ressuscitée !

L’été suivant, un « vrai » tournoi est organisé à Coaraze. “Organisé”, c’était beaucoup dire... Tout se déroula de façon plutôt informelle. Une équipe de copains autour de Richard Lazzari tente de mettre un peu d’ordre, comme on le ferait avec beaucoup de palabres pour un concours de boules. Mais depuis le pli a été pris et il ne s’est plus arrêté.

Match entre Ben Vautier et Jean Mas, lors du lancement du livre Et vive le Pilou, Z’Editions, Square Wilson Nice, 1998
DR

A la génération des années 60 s’est substituée celles des années 80 et même 90. En 1990, nous avons eu l’occasion de lancer cette pratique à la Faculté de Lettres dans le cadre du département Art et communication et à la faculté des Sciences de Valrose, où nous faisions alors des cours et des séminaires [1] . Dans ces lieux également, le pilou continue à se pratiquer avec régularité par une foule d’étudiants, toujours plus nombreux.

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