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Les Anti-bustes de Monique Thibaudin font leur show !

Une vision rétrospective et des œuvres récentes…
Au MUSEAAV, les Anti-bustes de Monique Thibaudin font leur show. Dans l’univers de cette artiste discrète, ses intrigantes femmes sans tronc sont porteuses de messages engagés que nous écoutons dans un assourdissant silence.

Il était une fois une Femme et ses Anti-bustes…

Monique Thibaudin, artiste plasticienne est diplômée de l’Ecole Nationale d’Art et d’Architecture de Marseille-Luminy. Son professeur Claude Viallat est le Membre fondateur du groupe Support-Surface. Dans les années 70, les artistes entreprennent un travail de réflexion sur la réalité matérielle de la peinture visant à donner une définition du langage pictural lui-même. La déconstruction » du tableau en ses éléments constituants aboutit à de nouvelles pratiques artistiques.

Partant de ces influences, Monique Thibaudin créa ses Anti-bustes : Ils sont au cœur d’une œuvre hybride et polymorphe, ni sculptures, ni mannequins, ni poupées, manipulables et transformables à souhait. Moins transgressives que La Poupée d’Hans Bellmer(1935), ces ambivalences corporelles en appellent à tous les fantasmes. L’Anti-buste est une femme sans buste, ni tête. Juste un bassin et des jambes.

Magritte disait : « J’ai vu cet après-midi, en plein soleil, une jeune femme qui attendait le tramway en compagnie de son corps ». Un peu comme si le corps accompagnait la femme.… Chez Magritte, il s’agit du désir du corps. Monique Thibaudin elle, désolidarise le haut du bas, celui-ci devenu une entité formelle, le corps du désir. Ainsi fragmenté, elle sépare l’esprit du sexué.

Elle décline ses Anti-bustes à l’envie, dans des positions ou des techniques et supports différents (céramique, terre cuite émaillée, textile, peinture acrylique, collages, dessins…), creusant le même sillon de sa recherche plastique : « En changeant de sujet, l’artiste perd sa réflexion » dit-elle.

C’est dans les ateliers de Vallauris et d’Albisola en Italie, ouverts à toutes les tendances contemporaines, qu’elle crée des Anti-Bustes en céramique aux fesses lisses et rebondies.

Le défi que relève Monique Thibaudin en travaillant avec de nouveaux matériaux a amené nombre des innovations apparues dans son œuvre au cours du temps. En utilisant le tissu, suivant une démarche très support-surfacienne, elle manifeste son désir d’élargir les possibilités d’un médium au-delà de son champ de référence habituel. Voir l’amusant Anti-buste en Ecosse (lycra et laine -2008-).

Ses œuvres textiles bouleversent les idées conventionnelles de l’objet sculptural. Dans l’œuvre rembourrée Abmonumental, elle s’écarte des raffinements du médium traditionnel avec un humour peu ordinaire. Un corps dé-sublimé pour une vision de la femme toute personnelle.

Ses créations deviennent des installations composites d’Anti-bustes et de meubles. Des Anti-bustes toujours et encore, les jambes croisées, assis sur des chaises, allongés sur des sofas, jambes serrées ou en contrapposto. Eve est là, toute entière symbolisée par la pomme, jambes moulées dans du lycra bleu sur une chaise bleue.

Deux questions

Dans ses installations, M.T. pose essentiellement 2 questions : celle du processus sculptural et celles des interactions que provoquent l’objet figuratif et son environnement. Dans le cas de M.T., comme dans l’histoire générale de la sculpture moderne, le développement de cette conception élargie de la sculpture n’est pas linéaire. L’artiste n’a jamais entièrement abandonné l’œuvre de type figuratif simple et isolée de ses céramiques. Néanmoins, ce qui apparaît de plus en plus clairement avec le temps, c’est la nature hybride de sa pratique qui accorde une grande place à la mise en scène. Pour elle, les interactions qu’elle provoque entre le spectateur et l’œuvre supposent inévitablement une confrontation, un questionnement. A cet égard, rappelons que Louise Bourgeois a été l’une des premières à défendre la sculpture ouverte sur un environnement. La réflexion proposée est soulignée par des mots clés, révélateurs de ses états d’âme : Amour, Intolérance, Intolérable, Réel, Irréel. Sur un autre Anti-buste, on lit : « Voir au-delà de toute apparence ». La dépasser pour atteindre la vérité des choses et des êtres.
Eté 2008, elle créa les décors d’un film à Cogoleto en Italie, tourné au sein d’un Hôpital Psychiatrique désaffecté où vivaient 2000 malades mentaux. Le thème du regard sur le Handicap l’inspire encore aujourd’hui et elle expose au MUSEAAV des œuvres inédites nées de son obsession : se méfier de la réalité extérieure, atteindre l’essence même de chacun, voir l’invisible, ECOUTER LE SILENCE.

Musée MUSEAAV
16 bis place Garibaldi 06300 Nice
- Tel : 04.93.56.21.19
- Mail : [email protected]
- www.museaav.com

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