| Retour

Le CUM au centre de la Mare Nostrum

Depuis plus de soixante-quinze ans, le Centre Universitaire Méditerranéen n’a eu de cesse d’accueillir de grands noms et d’organiser de grands événements réunissant les esprits les plus éclairés de chaque époque. Aujourd’hui, la municipalité affiche une volonté de renouveau, cherchant à renouer avec l’esprit méditerranéen d’origine.

« Le Centre Universitaire Méditerranéen est un organe de pensée et de collaboration intellectuelle ». Voici comment l’écrivain, poète et philosophe Paul Valéry définissait le CUM à sa création en 1933. « Aujourd’hui, il n’y a rien à changer à cette définition qui énonce l’essentiel et, en toute modestie, je la reprends à mon compte ! », renchérit Raoul Mille, écrivain, Conseiller municipal de la Ville de Nice subdélégué à la Culture, la Littérature, la Lutte contre l’illettrisme et l’Histoire. Paul Valéry voulait pour Nice un lieu face à la Méditerranée qui soit celui de l’humanisme intellectuel, dans tous les domaines : historique, littéraire, sociopolitique et scientifique. « Mon vœu pour le CUM est de continuer dans cette voie, en nous tournant vers tous les côtés de la Méditerranée, souligne Raoul Mille. Depuis deux ans, le CUM est redevenu ce qu’il était avant la guerre et juste après. Bien sûr, il y a toujours eu de grandes conférences au CUM mais, depuis quelque temps, l’esprit d’origine renait car la culture au sens large est redevenue une priorité dans la politique de la Ville de Nice ». Le renouveau du CUM, c’est aussi de donner la parole à des personnes qui ne soient pas des conférenciers mais qui ont des choses à dire ! Et Raoul Mille de citer le recteur Max Sorre qui, en 1933, énonçait ses exigences quant au but du CUM : « Il s’agit non d’accueillir des conférences passe-partout mais d’obtenir de l’homme le plus qualifié qu’il traite le sujet qu’on désirera voir traiter ».

La fresque "Allégorie de la Méditerranée", de Bouchon, trône dans l’amphithéâtre du CUM ©H.Lagarde

Passions littéraires

Pendant les deux années écoulées sous la nouvelle municipalité, trois temps forts, pour Raoul Mille, se sont particulièrement distingués. Le premier fut « Passion Giono », en 2008, avec la présence de sa fille Sylvie, de Michel Déon, de l’Académie française et de Paul Constant. « Un très beau moment », précise l’écrivain. Le deuxième fut « Passion Kessel », à l’automne dernier, avec notamment la présence de Pierre Schoendoerffer, cinéaste et écrivain, et la projection d’un documentaire réalisé avec Kessel montrant l’Afghanistan dans les années 50. À chacun de ces événements, l’amphithéâtre, qui a une capacité de 580 places assises, était comble ou presque. Devant un tel succès, organiser chaque année au mois de novembre un grand colloque littéraire qui puisse faire découvrir ou redécouvrir au grand public un auteur du patrimoine culturel français est devenu l’un des objectifs de la direction du CUM. En 2010, ce sera au tour de Françoise Sagan d’être célébrée. « Pour ces cycles, nous essayons toujours d’aller au-delà de simples conférences, en accueillant notamment des témoins contemporains de l’auteur, et ce afin de rendre la manifestation plus vivante et d’attirer un public plus large », indique Raoul Mille. Attirer un public plus large, c’est aussi l’objectif du cycle « Les rencontres polémiques du CUM - Les médias en accusation », proposé à un nouvel horaire, et animé par Denis Tillinac, qui accueille un journaliste représentatif d’un secteur d’activité mis en situation d’accusé dans cette mise en demeure citoyenne visant à analyser la puissance du « 4è pouvoir ». Le CUM a depuis toujours ouvert ses portes aux médias et à leurs évolutions avec, notamment, dès 1939, la réunion de 125 rédacteurs en chef venus des quatre coins du monde, qui allait conduire à la création d’une Fédération internationale de la profession. « Les médias sont le reflet de la société. Et s’il est important que le CUM ne soit pas la remorque du temps et des modes, il ne doit pas pour autant s’abstraire des mouvements de pensée contemporains », estime Raoul Mille.

La Méditerranée, « cette machine à faire de la civilisation »

Raoul Mille ©H. Lagarde

Autre souvenir important pour ce dernier : la programmation de musique arabo-andalouse qui a clôturé la saison 2009. « Ces spectacles ont symbolisé mieux que ne l’aurait fait une grande série de conférences le lien que nous voulons continuer à tisser autour de la Méditerranée, se félicite-t-il. Une belle expression du métissage, sans les mots ». Un esprit illustré par la fresque « Allégorie de la Méditerranée », de Bouchon, trônant dans l’amphithéâtre et voulu dès l’origine par Paul Valéry, en poursuivant son rêve de Méditerranée, « cette machine à faire de la civilisation ». Il écrivait : « Ce sont les Méditerranéens qui ont fait les premiers pas certains dans la voie de la précision des méthodes, dans la recherche de la nécessité des phénomènes, par l’usage délibéré des puissances de l’esprit, et qui ont changé le genre humain dans cette manière d’aventure extraordinaire que nous vivons ». Pour le Maire de Nice de l’époque, Jean Médecin, le CUM se devait d’être un organisme d’enseignement supérieur, un institut de recherche scientifique et le lieu de rencontre des esprits éminents venus du monde entier. En choisissant comme administrateur Paul Valéry, il s’agissait de « rehausser la renommée de Nice dans l’Europe entière ». Dans cet esprit, l’ambition du CUM est claire : apparaître comme le centre culturel international, le temple du savoir et des grands esprits du siècle. Au moment où est créée l’Union pour la Méditerranée, le CUM va pouvoir œuvrer pour que Nice réaffirme sa place de grande métropole du Sud, riche d’un important capital historique, humain, intellectuel et créatif, tourné à la fois vers l’Europe et le continent africain.

Contact :
CUM - 65, Promenade des Anglais - Nice
Tél. : 04 97 13 46 10 - www.cum-nice.org

pub