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Georges Rousse au TPI : cherchez la petite bête…

Georges Rousse investit l’espace du Théâtre de la Photographie et de l’Image, mais attention ! Ici, inutile d’y chercher une construction grandeur nature, tout s’épanouit entre les cadres. Illusions d’optiques, anamorphoses et techniques mixtes viennent perturber nos sens pour mieux nous dévoiler ces « lieux uniques » chers au photographe…Une kyrielle de clichés et dessins préparatoires aux « espaces utopiques » à voir jusqu’au 16 Mai 2010.

courtesy TPI ©Georges Rousse

- Infatigable voyageur, Georges Rousse s’affranchit des frontières et gravit les montagnes népalaises, entre autres destinations exotiques. Japon, Corée, Chine…un hobby ? Surtout une source de création majeure, la tête dans les nuages, au sommet des plus hauts pics. Georges Rousse se targue d’avoir les pieds sur terre et y redescend chaque fois que les idées fourmillent. Des paysages entrevus, il en reproduit parfois les cartes, mais s’inspire en premier lieu d’une architecture de l’espace qu’il doit à la découverte fatalement libératrice du land art. Mouvement américain célèbre pour ses mises en scènes de paysages reproduites sur pellicules, Georges Rousse s’en approche sans jamais en revendiquer le genre : les œuvres du land art peuvent subsister hors médium photographique tandis que celles de l’artiste niçois de cœur se conditionnent à l’espace et ne sauraient exister autrement. Au travers de techniques telles que la peinture, la photographie et l’architecture, un ensemble où le lieu est réel et pourtant sublimé, Georges Rousse pratique « la photographie plasticienne ». Ainsi précurseur d’un art qu’il cultive depuis son premier Brownie Flash de Kodak offert le Noël de ses 9 ans, sa passion de l’image ne s’étiole pas. Allant jusqu’à créer son propre studio de photographies d’architecture, Georges Rousse se consacre entièrement à la pratique artistique, délaissant toute activité hors de ses « toiles ». S’ensuit la découverte du Carré noir sur fond blanc de Malevitch et de ces premiers tirages grand format pour un public définitivement eighties. Inédit et unique, le travail de Georges Rousse s’impose sur la scène internationale mais également dans les lieux qu’il affectionne, intimistes, friches et entrepôts en tête.

courtesy TPI ©Georges Rousse

- Voilà la base d’un travail que l’on retrouve aujourd’hui exposé sur les murs du Théâtre de la Photographie et de l’Image de Nice, de ces photographies troublantes où l’on cherche immanquablement à percer le mystère de la fabrication. Les plus retords auront peut être fouillé chaque parcelle de la photographie du lieu que Georges Rousse transforme volontiers en une utopie de couleurs. Et pourtant, le postulat de départ n’est rien d’autre qu’un espace abandonné, sombre et gris, croulant de tristesse. Rien de plus, rien de moins, pas de magie. Il est vrai que l’alchimie ne s’opère pas dans l’atelier, mais seulement une fois l’angle de vue de la construction trouvé : une prise photographique en direct de cet effet, à la fois d’optique et anamorphose, de ces murs peints de noirs ou de couleurs, recouverts de milliers de coups de craies… Voilà ce qui fascine. Et ce qui frustre chaque spectateur de l’image, cherchant inévitablement la « petite bête ». Non sans effort. Peine perdue.

courtesy TPI ©Georges Rousse

- Georges Rousse part ainsi à la recherche de ces lieux révélateurs d’une beauté bien cachée sous les décombres, dévoilant l’utopie d’un lieu secret, d’une porte magique vers l’étrange, invitation à l’ailleurs enivrant. En parcourant les différentes pièces du TPI on a ainsi l’occasion de voir les travaux récents et parfois plus anciens de l’artiste, dont deux compositions faites sur mesure pour la Ville de Nice, Station-Lebon et une installation dans les sous-sols du musée des Beaux-arts. Accompagnés d’une maquette explicative, ces deux clichés rendent compte de la maîtrise des éléments de construction de l’œuvre. À chaque étape correspond une mise en perspective, un ajustement. Petit à petit s’animent les différentes composantes, médiums révélant ainsi l’œuvre dans sa superbe finalité. Une vidéo réalisée par les étudiants de la Villa Arson montre également l’ensemble avec justesse.

- Georges Rousse, de passage à Nice ? Pas seulement pour le compte de la Ville mais bien parce qu’une envie l’accaparait depuis quelques temps, celui de s’approprier un des lieux de son enfance et en sauver ainsi la beauté nostalgique. Si vous passez par le Théâtre de la Photographie et de l’Image, ne manquez pas d’en découvrir l’émouvant résultat.

Informations Pratiques

- du 27 février au 16 mai 2010
- Georges Rousse, Lieux uniques
- Théâtre de la photographie et de l’image
27, boulevard Dubouchage 06300 NICE
- http://www.tpi-nice.org/

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