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"La Carte d’après Nature", l’exposition inaugurale Villa Paloma

Pour l’exposition inaugurale de la Villa Paloma le Nouveau Musée National de Monaco confie à l’artiste allemand Thomas Demand le rôle de “guest curator”.

“Monaco ! Le surréalisme ! La nature ? Il n’y a pas beaucoup de nature à voir, même si le pays entier repose sur un sévère rocher troué de grottes qui furent habitées par l’Homme de Grimaldi, avant même que des animaux aient été peints sur les murs à Lascaux. Il y a là des terre-pleins centraux, hydrocultures bien entretenues, des petits parcs. Mais rien ici ne pourrait sustenter mon appétit teuton pour la nature sauvage. Cependant, il y a un mode de vie qui aurait pu plaire aux Surréalistes (et ce fut en effet le cas), de fantastiques jardins botaniques, qui ont servi de base au carton d’invitation et, près de la Villa Paloma, un musée anthropologique presque vide qui nous fournit une vitrine pour les modèles en porcelaine de Chris Garofalo. Alors, me suis-je dit, si l’on parle ici de nature, cela doit être de la nature domestiquée, comme les plantes en pots, les jardins, les parcs à thème et les reconstitutions de la nature sauvage Transformations, tous genres de présentation, d’interprétation et, finalement, de représentation symbolique”.

Extrait du texte rédigé par Thomas Demand dans la publication de l’exposition.

Le concept de l’exposition se réfère au magazine à la courte vie de René Magritte, "la Carte d’après Nature". À partir de 1952, et le temps de 14 numéros, il combine poésie, illustrations, nouvelles et autres contributions puis envoie ces publications sous forme de simples cartes postales. Sur un mode similaire, l’artiste Thomas Demand a sélectionné pour l’exposition des travaux d’artistes ayant tous mené une réflexion sur la Nature et ses représentations, liés les uns aux autres de manière poétique, associative et élégante. Deux idées guident la combinaison des travaux des artistes présentés : les formes d’une nature apprivoisée et le dialecte abrupt du surréalisme forgé par Magritte qui depuis reste une source d’inspiration. Tout comme Magritte liait ses œuvres à des idées virulentes de toutes origines, des artistes appartenant à plusieurs générations différentes sont inclus dans la sélection très variée faite par Demand, qui comprend entre autres Kudjoe Affutu, Saâdane Afif, Becky Beasley, Martin Boyce, Tacita Dean, Thomas Demand, Chris Garofalo, Luigi Ghirri, Leon Gimpel, Rodney Graham, Henrik Håkansson, Anne Holtrop, August Kotzsch, René Magritte, Robert Mallet-Stevens, Jan et Joël Martel et Ger van Elk.


Cette exposition est organisée avec le soutien de la Fondation René Magritte-Bruxelles.

La Villa Paloma transformée en Musée National se devait de conserver son aspect originel au coeur d’un jardin en balcon sur la ville ; pour autant sa nouvelle fonction bouleverse toutes les pratiques d’usage du lieu d’origine. Ainsi l’accueil initial placé au niveau médian du bâtiment dans une situation d’extrême proximité avec les nuisances de la rue ne pouvait plus répondre au scénario d’accès voulu pour un tel musée, un scénario qui offre au visiteur le temps nécessaire à la décompression pour le placer dans une situation
de sérénité et d’ouverture d’esprit propice à la visite. Dès lors l’accès par le jardin s’imposait et l’entrée dans le bâtiment trouvait place au niveau le plus bas occupé par d’anciens locaux de service. Libérés de tout cloisonnement
secondaire, les quatre niveaux de la Villa, distribués par le grand escalier qu’il a fallu néanmoins prolonger jusqu’au rez-de-jardin, abandonnent leur aspect trop domestique pour acquérir des volumes plus dépouillés et propices à la présentation des oeuvres. L’âme intérieure de la Villa n’a pas pour autant disparu. Elle trouve place dans la conservation des décors du grand escalier, ses vitraux, ses mosaïques, ses colonnes, ses corniches en plafond. Elle se retrouve aussi dans l’attention portée au maintien de certains regards
vers l’extérieur : ainsi dans chaque salle d’exposition, deux fenêtres, même bridées dans leur dimensionnement pour maintenir un maximum de surface d’accrochage, permettent de conserver le charme d’un éclairage naturel et de toujours ressentir la Villa dans son environnement.

Il a fallu bien évidemment apporter la technicité nécessaire à la présentation et la conservation des œuvres sans défigurer les volumes intérieurs déjà très bas de plafond. Ainsi les planchers de la Villa ont été renforcés, les façades fortement isolées, tous les châssis vitrés rendus isolants et à coupure thermique, les murs intérieurs doublés d’une peau propice à l’accrochage des
œuvres, la distribution de l’air climatisé dissimulée dans l’épaisseur des parois et les appareils d’éclairage choisis pour leur performance et leur faible encombrement pour être dissimulés dans les plafonds. Les salles d’exposition prennent alors l’aspect de volumes dépouillés, habillés d’un blanc presque pur où seules les œuvres exposées font relief.

Tous les espaces de la Villa sont accessibles au public et consacrés aux expositions. Les locaux techniques et de logistique ont alors trouvé place dans une extension souterraine réalisée en lieu et place de l’ancienne piscine et dont le toit constitue aujourd’hui le parvis d’accès au musée. Cela ne suffisant pas, et après avoir caressé l’idée d’une extension contemporaine marquante en lieu et place du bâtiment de services annexé depuis l’origine à la Villa, il nous a été demandé d’investir ce dernier en conservant son gabarit et son aspect général.

NMNM / VILLA PALOMA - 56, boulevard du Jardin Exotique - Monaco

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