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Monte Carlo : Lumière sur Matjash Mrozewski, talentueux chorégraphe

Un cadre idyllique, des danseurs incroyables et le savoir-faire magique d’un chorégraphe, ont enchanté Les Nuits de la Danse. Trois créations à découvrir, trois chorégraphes…Nous avons rencontré l’un de ces « maestro » : Matjash Mrozewski qui se cache derrière le « Pavillon d’Armide ».

Dans quelques minutes, le public prendra place, face à la scène installée sur les terrasses du Casino de Monaco. Dans quelques minutes, le public découvrira la dernière création de Matjash Mrozewski, ce marionnettiste qui joue avec les émotions et la danse. Rencontre…

Matjash Mrozewki
DR

On vous qualifie de chorégraphe « hybride », votre travail est à la fois profondément classique, profondément ancré dans les émotions et les sentiments mais en même temps caustique. Ca bouscule, ça secoue…

Matjash Mrozewki : "J’ai beaucoup de mal à parler de mon propre travail. J’aime ce contraste, mes inspirations elles-mêmes sont assez contrastées… J’aime les ballets classiques, les histoires d’amour, mais j’aime aussi raconter des histoires, les valeurs humaines, ce n’est pas juste abstrait ! J’aime les émotions… Je pense que cette description correspond bien à mon travail, même si c’est difficile de se définir. J’essaie de créer de nouvelles choses et de trouver qui je suis mais je n’essaie pas de mettre une étiquette sur ce que je fais, je cherche toujours… (rires)

Quelle est votre relation avec la danse ? Quand avez-vous commencé à danser ?

Matjash Mrozewki : En fait je crois que j’ai commencé par inventer des chorégraphies avant même de savoir danser ! Cela remonte à l’enfance, je grimpais déjà sur les meubles, bougeais dans tous les sens, je faisais de la gymnastique quand j’étais petit. Après j’ai aussi découvert la musique ! A l’âge de dix ans, j’ai commencé le jazz, l’année d’après, je suis rentré à l’Ecole des Ballets, c’est surtout là que j’ai appri. Ensuite il y a eu le Ballet National du Canada à Toronto, Dance For You à Genève et puis ici, à Monaco, il y a dix ans…

Pourquoi s’être tourné vers la danse alors et non pas la musique ou le théâtre qui faisaient aussi partie de vos envies ?

Matjash Mrozewki : J’ai tout essayé étant petit, j’ai fait du théâtre, pris des cours d’accordéon et même des courses de ski alpin ! J’adorais aussi écrire des histoires, c’était le cadeau que j’offrais entre dix et douze ans aux gens autour de moi : une histoire… J’ai fait des films, j’ai dessiné, mais quand je suis arrivé à l’Ecole des Ballets j’ai compris qu’il fallait que je fasse de la danse. Sans forcément faire de choix, souvent, c’est aussi comme ça que ça se passe : la danse s’est imposée tout simplement.

Comment vous êtes-vous retrouvé aux Ballets de Monte-Carlo ?

Matjash Mrozewki : Sûrement parce que j’ai dansé ici, il y a dix ans. Il y a quelque chose qui me lie à cet endroit. Jean-Christophe (Maillot, directeur-chorégraphe) et moi sommes très proches. Il savait que je m’étais lancé dans la chorégraphie et il voulait voir comment j’avais évolué. Je pense qu’il a pris son temps, il m’a laissé mûrir et quand il a senti que j’étais prêt, on a travaillé ensemble. L’an dernier nous étions à San Fransisco, nous avons réunis les Ballets de Monaco et le Ballet National du Canada.

Asier Uriagereka Julien Bancillon
DR

Comment avez-vous travaillé sur la création de ce soir, le Pavillon d’Armide ?

Matjash Mrozewki : Jean-Christophe m’a demandé de faire quelque chose inspiré des Ballets Russes (dont Monte-Carlo célèbre le centenaire, ndlr), j’avais fait une pièce à Londres, inspirée de cet univers. On voulait surtout faire une pièce qui rappellerait l’opéra baroque. Car j’adore ça depuis que je suis adolescent ! Je ne savais pas comment faire mais je voulais inventer des histoires et construire autour d’un personnage central (ici le couple, ndlr). C’est comme ça que je me suis lancé, je ne voulais pas d’une musique baroque moderne, je suis allé voir un compositeur londonien à qui j’ai fait écouter un morceau, je lui ai demandé de voir ce qu’il pouvait en faire et il a créé cette musique incroyable, à la fois imprégnée du baroque, du drame et de la retenue. C’est très contemporain et j’adore ! Dominique Drillot qui s’occupe des lumières m’a parlé de ce décor de murs mouvants, l’aventure était lancée ! J’ai monté la pièce en trois semaines. Mais ce n’était que le premier brouillon, je suis revenu ensuite pour une semaine. J’ai retouché de petite choses à droite à gauche…

Ce n’est pas difficile de diriger seize danseurs à la fois ?

Matjash Mrozewki : Non. J’ai donné des cours à des classes de trente personnes à l’Ecole des Ballets… C’est différent, on doit crier plus fort et focaliser l’attention de tout le monde. Mais ici, ce sont vraiment d’excellents danseurs !

Seize danseurs de nationalités différentes, réunis par ce même langage qui est la danse finalement…

Matjash Mrozewki : Certes, mais je parle aussi beaucoup avec eux quand même ! Quand j’arrive dans la pièce, je vois des français, des espagnols, des anglais… C’est parfois amusant car je parle vite. Il y a un danseur français dans la troupe qui me regarde souvent avec de grands yeux, éberlué : « mais qu’est-ce qu’il dit ? ». Mais on s’en sort, on y arrive !

Jennifer Brie Stephan Bourgond
DR

C’est important pour vous d’être ici ce soir ?

Matjash Mrozewki : Je pense qu’ils n’ont pas besoin de moi ! C’est dur parfois, car le moment qui est si important pour vous, celui où votre cœur est sur scène, que vous êtes trop investi, vous ne faites rien, c’est paradoxal. Cette pièce, Pavillon d’Armide, est importante pour moi, la compagnie est vraiment douée, je les connais bien, c’est peut-être ça aussi qui me rend nerveux. Parfois je voudrais ne pas être là et attendre quelque part en sirotant un verre…

Dans quelques minutes le public va découvrir votre travail. Comment vous-sentez vous avant le grand saut ?

Matjash Mrozewki : Je suis excité c’est sûr, j’ai hâte. J’ai surtout peur du public, car je ne le connais pas ! J’espère que les gens vont aimer le spectacle. Je me suis beaucoup investi dans cette pièce, c’est une histoire, plus ou moins… (rires) C’est aussi beaucoup de matériel, de technique, j’espère que ce n’est pas trop. La musique est lente par moment, j’espère ne pas ennuyer le public. Il y a beaucoup de choses qui m’angoissent quand j’y pense, des questions que je me pose surtout. Nous verrons bien…"

Propos recueillis par Aurélie Mignone

Le spectacle :

Matjash Mrozewki a crée pour la compagnie de Jean-Christophe Maillot, une chorégraphie inspirée des Ballets Russes (dont le Centenaire sera célébré sur les deux prochaines saisons de Monaco). Le fil conducteur de cette pièce n’est autre que le couple, les réminiscences de la relation amoureuse. Un pantomime, un comte baroque, une fable dansée, une histoire de couple, deux amoureux qui évoluent, des danseurs habités de sensations fortes : l’envoûtement, l’abandon, la passion, l’amour en somme…

Le chorégraphe :

Matjash Mrozewski est un chorégraphe indépendant établi à Toronto, diplômé de l’École nationale de ballet du Canada en 1993. Il a dansé professionnellement pour le Ballet national du Canada, le Ballet du Grand Théâtre de Genève et les Ballets de Monte-Carlo. Il a cessé de danser en 2001 pour se consacrer entièrement à la chorégraphie. Depuis, il a créé des œuvres pour, entre autres, le San Francisco Ballet, le Ballet royal du Danemark, le Ballet national du Canada, le Toronto Dance Theatre, le Pittsburgh Ballet Theatre, le Milwaukee Ballet, l’École nationale de ballet, le West Australian Ballet, le Houston Ballet, le Ballet de Stuttgart, le Ballet royal de Suède, le Washington Ballet, le Royal Ballet et, plus récemment, l’Australian Ballet. En 2003, il a créé sa première pièce intégrale, Break Open Play, dans le cadre des « Commandes de danse jeunesse » du Centre national des Arts. Il a aussi créé ou adapté des chorégraphies pour des films des réalisateurs canadiens Mark Adam, Veronica Tennant, James Cooper et Moze Mossanen, et il a signé des œuvres pour Dancers for Life, le Festival Danse Canada, le fFIDA, Dusk Dances, Fashion Cares, Hommage aux artistes canadiens pour SAR le Prince de Galles, les cérémonies d’ouverture de la XVIe Conférence internationale sur le SIDA, et des activités d’entreprise des sociétés MAC Cosmetics et Hermès. Après avoir passé cinq ans loin de la scène, il a lui-même interprété l’une de ses chorégraphies pour ProArteDanza en 2007, et est apparu avec le Ballet national du Canada comme artiste invité dans les 24 Préludes de Chopin de Marie Chouinard. Il s’est subséquemment produit avec la compagnie de cette dernière dans Orphée et Eurydice. Cette année, il a créé de nouvelles pièces avec l’École nationale de ballet et le Tulsa Ballet, et il en créera une autre prochainement avec les Ballets de Monte-Carlo.

Mimoza Koike Jérôme Marchand
DR

Informations Pratiques :

Les Nuits de la Danse 2009

- Création « Le Pavillon d’Armide » de Matjash Mrozewski
- Création « Le Spectre de la Rose » de Marco Goecke
- Création « Men’s dance for women » de Jean-Christophe Maillot

- Du 22, 23 et 25 juillet à 21h45
- Le 24 juilllet à 22h

- Terrasses du Casino de Monte-Carlo 98 000 MONACO

- Réservation : 00 377 98 06 28 28

Tarifs

- de 8 à 29 €
- Avec le billet du spectacle, tarif préférentiel de 3,50 € (au lieu de 6,00€) à l’exposition « Etonne-moi ! » Serge Diaghilev et les Ballets Russes au Nouveau Musée National de Monaco.

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