| Retour

MJC PICAUD - une nouvelle stratégie culturelle dans le département

Du cinéma, du théâtre, de la musique, des expos, des activités culturelles et artistiques, un centre de loisirs ados... La MJC Picaud, c’est tout ça et bien plus encore !!! Quelle sera la programmation de la future saison ? La crise économique touche-elle la mission culturelle de cet établissement ?
Réponses avec la Directrice Marie-Nicole Théret et la programmatrice musicale et spectacles vivants Delphine Lacroix.

- Nous voilà à l’aube des vacances estivales…Pouvez-vous faire un bilan de la dernière saison pour la MJC Picaud ?

Les musiques actuelles occupent une place importante à la MJC picaud, et ce fut une très belle année pour La Tangente tant artistiquement qu’en terme de fréquentation. En effet, nous avons été sollicités pour accueillir de très beaux artistes de grande renommée tels LE PEUPLE DE L’HERBE, HOCUS POCUS, ADAMA DRAME, ULTRA VOMIT, ALEXIS HK...
Nous avons pu ainsi concourir à enrichir l’offre culturelle sur le bassin cannois et départemental, tout en poursuivant la valorisation de jeunes artistes en lesquels nous croyons très fort comme QUADRICOLOR que nous avons accompagné jusqu’aux portes du PRINTEMPS DE BOURGES ou encore comme WATER PIPE CULT dont la fougue a conquis le jury ainsi que les spectateurs du tremplin 2010 !!!
Et le public ne s’y est pas trompé puisque nous avons ainsi franchi cette année un cap historique de fréquentation avec plus de 7000 spectateurs pour la seule SMAC (Scène de Musiques Actuelles) du département ! Le cinéma n’est pas en reste : 8514 spectateurs pendant Cannes Cinéphiles à l’occasion du dernier Festival de Cannes donc une fréquentation en nette augmentation par rapport à 2009. Nous nous en réjouissons puisque cela veut dire que la récente création cinématographique a pu se confronter à un public renouvelé, curieux et toujours prêt à débattre avec les équipes de réalisation présentes tout au long du festival au Studio 13. Et la toute récente fête de fin d’année a rassemblé 1500 personnes, adhérents et leurs proches.

- La culture pour tous…coûte que coûte ? La dernière lettre aux Adhérents contenait un avertissement, « interpellons les pouvoirs publics en leur faisant part de nos inquiétudes quant à l’avenir de notre structure ». Que se passe-t-il derrière la scène ?

La Directrice de la MJC Picaud, Marie-Nicole Théret

Les difficultés que nous rencontrons sont liées évidemment à un cadre politique général peu enclin à encourager la culture pour tous et sous toutes ses formes. Et pourtant, une structure d’éducation populaire comme la notre portant un axe culturel fort est justement ce qui contribue à créer des liens entre les êtres, les cultures, les âges tout en éduquant le public d’aujourd’hui et celui de demain à faire la différence entre produit marketing et message artistique. De plus, tout en permettant à nos publics de se divertir, nous les amenons parfois à d’autres voies : nombreux sont les jeunes « en déshérence » qui grâce à un passage par le bénévolat chez nous, ont aujourd’hui trouvé leur voie, une formation, créé leur propre activité ou association… Cette part de notre travail ne se voit pas mais elle lui donne aussi du sens…
Quant aux difficultés financières liées à un désengagement partiel de la Ville, pour l’instant encore la face cachée de l’iceberg, elle ne peut pas rester sans conséquences..

- Aurons-nous droit à une rentrée à l’automne 2010 ? Comment se préfigure-t-elle ?

Nous avons craint pour la rentrée 2010 … quelque peu rassurés, il ne s’agit évidemment pas de laisser tomber nos publics et nos partenaires privés ou institutionnels régionaux, nationaux (la DRAC notamment), la Direction des Affaires Culturelles de la Ville …
Pourtant bien évidemment il a fallu réduire à minima notre programmation, passer de plus de 50 concerts à 40 tout juste pour 2010, réduire l’ensemble des coûts liés à l’accueil des plateaux artistiques, moins de têtes d’affiche, plus de découvertes locales et régionales … pirouette périlleuse puisque bien évidemment pour permettre à de jeunes formations de se constituer un public, bien souvent il faut « l’attirer » avec les artistes en tournées nationales…
Malgré tout, la rentrée sera belle, grâce en grande partie, à la compréhension des artistes et des coproducteurs quant à notre situation … Rendez-vous donc le samedi 11 septembre pour une édition exceptionnelle du Festival « Le Jardin du Paradis » qui, consacré à L’AMERIQUE LATINE, permettra de découvrir les surprises que nous réservons … bon allez, quelques noms pour vous permettre de patienter : GUEM le grand maître des percussions, SOMA le groupe de pop rock qui explose, SOPHIE ALOUR TRIO pour « Jazz en Scènes 2010 », FLORENT MARCHET le chanteur qui monte qui monte qui monte !, les Réunionnais de ZISKAKAN, ou encore SASHIRD LAO et TAYLOR MC FERRIN !!!

- La MJC Picaud est la seule Scène de Musiques Actuelles labellisée dans le département des Alpes Maritimes. C’est un avantage devant les autres établissements culturels qui ne trouvent plus les fonds financiers nécessaires à continuer leurs activités ?

Cela peut évidemment nous aider à démarcher de nouveaux partenaires pour tenter de combler les vides de financements … cependant ne nous y trompons pas, l’ensemble des missions et engagements attachés à un cahier des charges de SMAC est lourd puisqu’il se place essentiellement sur le développement professionnel (donc payé !!!) des artistes, des pratiques artistiques ou structurantes (ateliers de formation, espace de répétition à construire…) … ainsi nous espérons néanmoins que certains de nos partenaires notamment départementaux sauront reconnaître l’action menée par notre structure sur l’ensemble du territoire des Alpes Maritimes … Cannes est parfois trop loin de Nice semble-t-il… pourtant les artistes que nous suivons et le public que nous accueillons, lui ne s’y trompe pas !!!

- A-t-on besoin d’une nouvelle stratégie culturelle dans le département ? Quelle est la votre en vue d’une programmation originale et éclectique ?

De nombreuses tentatives ont été faites entre les associations pour sensibiliser les interlocuteurs institutionnels sur ces points mais la reconnaissance du secteur des musiques actuelles comme véritable pan économique et professionnel tarde toujours. De ce fait, la structuration dans le département est tellement récente et fragile, que nous tentons de façon informelle de nous accorder … une chance que nous soyons tous des « militants » musicaux issus plus ou moins de la même génération (celle des « emplois jeunes » et de feu l’aide de l’adem06) et que pour l’instant nous avons tous envie de travailler « de concert » pour équilibrer les esthétiques, les dates… mais il serait temps que les politiques réalisent que la musique c’est de l’emploi, de la formation, de l’insertion pour des jeunes qui « ne rentrent pas dans les cases » mais se réalisent pleinement dans ces métiers, des compétences professionnelles très spécifiques, un rayonnement artistique au-delà des nos frontières départementales pour les groupes « qui décollent », l’attractivité d’un territoire pour des jeunes et des étudiants qui arrivent et s’installent potentiellement chez nous, des touristes qui viennent aussi pour la culture française actuelle, etc…

- Côté cinéma, le Studio 13 encourage l’échange, l’ouverture sur le cinéma d’art et d’essai. Envisagez-vous à continuer cette politique d’accès à la culture pour tous ? Quels sont les partenaires institutionnels qui aident à cette promotion de cinéma ?

Le cinéma reste un pilier important de la M.J.C. Picaud. Par contre, la révolution numérique nous interpelle et nous inquiète comme de nombreuses salles indépendantes. Nous poursuivons cependant notre action d’éducation à l’image auprès des collégiens et lycéens mais aussi auprès du « tout public » par l’organisation de débats et notre participation aux évènements cannois car le cinéma continue à avoir besoin de spectateurs en salle, qui aient envie de partager émotions, idées et idéaux.

- Et le jeune public, comment doit-il être encouragé à consommer la culture ?

« Consommer » ne nous semble pas être le terme approprié, « consommer » c’est rapide, ça n’implique ni réflexion, ni émotion profonde, seule une satisfaction immédiate intéresse le consommateur alors que le spectateur vient chercher du sens, donner un sens différent à sa vie, à un moment, à son univers réflexif et émotionnel… « s’enrichir culturellement » nous semble donc plus approprié. Amener le jeune public à fréquenter les salles de spectacle suppose donc une véritable éducation, une volonté parentale, une sorte d’école du spectateur où l’enfant ressent, prend conscience que la « matière artistique » vient de l’humain, de l’école de la vie … proposer de la qualité culturelle à notre avis ne suffit pas, il s’agit aussi que le jeune public puisse rencontrer les artistes, les auteurs, en débattre avec d’autres enfants, des adultes, des enseignants … car il n’y a pas de construction culturelle sans apprentissage ou sans débat … bref sans « sensibilis-action ».

MJC PICAUD - 23 ,Avenue du Dr Picaud - 06400 CANNES Tél. : 04 93 06 29 90 - Fax : 04 93 99 27 85 - [email protected].
www.mjcpicaud.free.fr

pub