Frédéric Ballester : un été poétique à La Malmaison

Le Centre d’Art accueille 3 artistes européens pour la saison estivale : Roberto Barni, Marc Piano et Peter Thumm.
Comment avez-vous choisi ces artistes ?

Roberto Barni

Frédéric Ballester : Roberto Barni, depuis l’ouverture du Centre d’art en 2001, était programmé dans le cadre de nos expositions monographiques. Nous avons profité des 10 ans d’existence de la galerie Marlborough, dont Roberto est l’un des artistes, pour organiser la présentation d’œuvres réalisées spécialement pour notre structure.
Marc Piano et Peter Thumm, sont des artistes programmés dans le cadre d’expositions organisées autour de la céramique et cette année ils participent à un échange que la ville de Cannes organise avec la ville de Vallauris et parallèlement à sa Biennale.

La matière, la monumentalité, l’Homme ou l’animal en dimension sont très présents dans ces trois expositions : est-ce une façon de "faire un pied de nez" aux créations plutôt immatérielles des nouveaux média artistiques (vidéos, installations sonores, etc) ?

Frédéric Ballester : La planète est en danger, il est intéressant de trouver des artistes engagés qui soient capables aujourd’hui de nous émouvoir aux travers d’images symboliques et d’une création utilisant des matériaux classiques.
Le Centre d’art depuis sa création s’est prêté à défendre une certaine tradition autour des techniques de la peinture et de la sculpture. Le Centre d’art aura dans les deux années à venir à lier ces éléments traditionnels à des présentations où l’art vidéo et les installations sonores complèteront la mission culturelle de notre institution.

Vous investissez trois lieux - un lieu différent pour chacune de ces expositions - où les œuvres "coulent" de l’intérieur vers l’extérieur et dialoguent avec le public.
L’espace d’exposition extérieur occupe une place très grande : l’été, sa lumière, ses humeurs offrent-t-ils une autre façon de scénographier les œuvres ?

Frédéric Ballester : Le choix des expositions du Centre d’art a toujours nécessité une réflexion qui prend en compte les publics et les saisons, les scénographies découlent de ces éléments exposés….

Comment se sont passées les installations ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de ces installations ?

Frédéric Ballester : Depuis les premières installations et à chaque présentation, notre souci est, et reste, de trouver de nouvelles idées adaptées aux lieux mais aussi en parfait accord avec l’œuvre. Mon équipe constituée de techniciens hors pairs s’investit comme dans un jeu où l’intervention de chacun d’eux est productrice d’inventions…

La Ville de Cannes expose jusqu’au mois d’octobre 4 sculptures en marbre de l’artiste Italienne Rabarama sur la Croisette. En présentant trois œuvres de Roberto Barni de grandes dimensions sur le parvis du centre d’art face à la Croisette, vous avez souhaité établir un face à face inédit ?

Frédéric Ballester : L’exposition Rabarama n’est pas une exposition proposée par le Centre d’art, en outre elle s’offre au public en complément de notre activité…

N’avez-vous pas d’ailleurs été tenté de venir poser quelques-unes des œuvres sur la promenade de la Croisette ? Pensez-vous que cet espace linéaire et plutôt minéral gagnerait à être investi plus régulièrement par l’art ?

Sculpture Marc Piano

Frédéric Ballester : L’arrivée de Bernard Brochand, pour gérer la ville de Cannes, a généré une mission culturelle intense et nouvelle, nous avons mené des expériences dans tous les domaines culturels, danse musique, théâtre, littérature, enseignement et bien d’autres, aussi, bien des choses reste à faire et plus particulièrement dans le domaine de la place publique…

Vous proposez un billet d’entrée valable unique pour les trois lieux et à prix réduit - les lieux sont ouverts tous les jours et tard le soir (20 h ou 21H) : ces actions soulignent-elles une volonté marquée du Centre d’Art d’inviter un large public à la découverte de l’art contemporain ?

Frédéric Ballester : Cette année le Centre d’art propose une ouverture pour les publics en visite entre la ville de Cannes et Vallauris, notre mission permanente est de donner un maximum de plaisir et de découverte à nos clients qui découvrent nos cités, mais aussi à tous ceux qui sont habitués à se délecter de nos expositions ou de nos concerts de Jazz à Domergue.
Donner plus pour un coût minimum peut être cette année 2010, notre devise…

Le Centre d’Art s’est associé à la Biennale internationale de Céramique de Vallauris en recevant le céramiste français Marc Piano : comment s’est imposé ce choix de favoriser la transversalité des lieux d’exposition et des publics culturels ? Y-a-t-il encore un vrai travail à faire en ce sens ?

Frédéric Ballester : La Côte d’azur a perdu beaucoup de temps pour défendre collectivement son patrimoine, nous devons, nous spécialistes de la culture, aider nos hommes et femmes politiques afin de trouver des solutions afin d’élargir et de réunir les publics dans des voies de transversalité entre nos divers lieux… nos deux villes, Cannes et Vallauris pour la première fois cette année y sont parvenues par des gestes simples et solidaires.

Quelles caractéristiques font la spécificité du centre d’Art La Malmaison, comment pourriez-vous définir son identité artistique ?

Frédéric Ballester : Le Centre d’art recherche la singularité d’une œuvre, qui s’exprime et témoigne par une représentation poétique des joies et des désarrois que soulèvent nos sociétés…

La Malmaison, un nom atypique : vous en connaissez l’origine ?

Frédéric Ballester : La Malmaison est d’une architecture marquée par les modes éprouvées au XIXe siècle et il convient de dire que les propriétaires de l’époque ont été fortement influencés par l’architecture et l’esprit régnant de Ruel Malmaison…

Cannes est une ville mondialement connue notamment grâce au Festival du Film : cette médiatisation a -t-elle une influence sur la programmation du Centre d’Art ?

Frédéric Ballester : Le Festival de Cannes pour le Centre d’art aurait du avoir une influence majeure sur l’organisation d’expositions pointues, autour du cinéma. Malheureusement dans la période du festival notre centre n’existe plus, car le lieu se transforme en bureau pour recevoir les publics qui fréquente la "Quinzaine des réalisateurs".

Trois Boules en grès, modelées et peintes
d’engobes de couleur
Peter Thumm

Plus généralement pensez-vous que Cannes a "une personnalité culturelle" qui la démarque des autres villes du département et de France ?

Nous avons dans l’ensemble de nos missions, Les Affaires Culturelles de Cannes, une diversité d’actions qui permet d’offrir à large public ce que peut offrir une grande ville régionale.

Pouvez-vous partagez un avant-goût de la rentrée artistique du Centre d’Art ?
Plus généralement pensez-vous que Cannes a "une personnalité culturelle" qui la démarque des autres villes du département et de France ?

Frédéric Ballester : Nous sommes associés à la rentrée avec le Musée de Montparnasse, à Paris, pour produire dans le cadre de l’année de La Russie une exposition des artistes russes en exils et installés en France après la révolution de 1917.

La crise économique a entrainé à nouveau de fortes restrictions budgétaires notamment dans le domaine culturel : la programmation de la rentrée est-elle touchée par cette problématique ?

Frédéric Ballester : Nous sommes tous touchés par la crise et nous devons tous réfléchir sur le coût de nos opérations. La culture à Cannes ne baisse pas les bras pour autant, mais chacun des protagonistes doit par solidarité faire un effort…

La communauté d’agglomération de la Riviera Française vient de lancer un projet CHEMIN de visites de ses musées utilisant toutes les dernières technologies ; la Ville de Nice propose des visites des musées sans contact via le téléphone portable : que pensez-vous de ces initiatives mêlant art et nouvelles technologies ?
Le Centre d’Art proposera-t-il des applications similaires à ses publics ?

Frédéric Ballester : Nous sommes dans une société fragile, extrêmement sensible, profitons de la modernité avec modération, mais sachons aussi nous libérer avec simplicité sans avoir à consommer inutilement des produits qui nous éloignent de nos sens.

Une œuvre picturale se découvre dans les odeurs de l’atelier et se qu’il en reste. Nous devons avoir le réflexe, face à une sculpture de pouvoir la toucher. Alors nous pourrons lancer nos publics dans des voies nouvelles, le Centre d’art en convient !

Vous œuvrez avec passion au Centre d’Art depuis plusieurs années : quels sont les changements qui ont marqué le Centre d’Art sous votre impulsion ?

Frédéric Ballester : L’évolution des comportements d’une équipe solidaire, créative, motivée par sa passion pour l’art et un public convaincu de notre existence…

Y-a-t-il un projet que vous n’avez pas encore pu réaliser et qui vous tient à cœur plus particulièrement ?

Frédéric Ballester : La réalisation d’une grande exposition dans le cadre du Festival de Cannes, que Dieu m’entende ?

Vous allez commencer la saison en plein cœur de la Coupe du Monde de football : êtes-vous amateur de foot ?!!

Frédéric Ballester : "Le monde est fou, j’adore" est le titre de l’exposition que j’avais trouvé pour illustrer l’exposition de Saint Sylvestre, l’été 2008, aujourd’hui pour moi le foot, ça se passe de commentaires…

Cannes le, 23/06/10
Frédéric Ballester