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Thomas Pedersen : le renouveau du design danois

La Danish Design House vous propose de découvrir le renouveau du design danois à travers l’exposition de Thomas Pederson, né à Gislev (Danemark) en 1971. En 2002 il
est diplômé de l’école d’architecture d’AARHUS. Il se fait
connaître à travers la réalisation de son fauteuil StingRay,
comparable à un nid dont la vocation est la détente physique et
morale, base de toute sa philosophie et de sa recherche dans le
design.


« Mon projet de fin
d’étude à l’école
d’architecture d’AARHUS en
2002 fut de créer une
chaise de détente invitant
à la relaxation physique
et mentale. Un endroit
chaleureux et plaisant qui
permettrait à travers une
expérience journalière de
s’échapper physiquement et
mentalement du quotidien.
En effet, la société
actuelle nous sollicite
beaucoup à travers de
nombreuses informations et
un rythme particulièrement
soutenu.
Malgré notre développement
culturel adapté à ce mouvement, nous n’avons pas toujours le
temps de digérer la masse d’information qui nous arrive. Nous
sommes submergés. Certaines personnes trop stressées finissent
déprimées. Nous avons besoin d’un endroit où nous pouvons nous
tenir à distance de ce chaos journalier, un endroit où nous
pouvons trouver une certaine paix et le silence, avant que nous
nous réinvestissions de nouveau dans l’actualité et le « cirque »
qu’est la vie. Nous avons besoin d’un espace de respiration pour
un mieux- être spirituel qui nous permette de supporter
l’environnement.
 » Thomas Pedersen

Stingray, un rocking-chair futuriste !

stingray, Thomas Pedersen

Thomas Pedersen, l’un des plus jeunes designers danois qui
est en train de se forger un nom sur la scène
internationale a présenté en 2002 au concours de l’Ecole
d’Architecture de Århus un rocking-chair futuriste qui est
aujourd’hui produit par Fredericia Furniture sous le nom
de STINGRAY. C’est sa coque, qui évoque irrésistiblement
une énorme raie qui ondule dans les profondeurs marines,
qui lui a donné son nom ( stingray veut dire raie en
anglais), et pourtant c’est la fonction qui a précédé la
forme : « Je voulais faire un siège en mouvement offrant
de nombreuses possibilités « d’assise et c’est alors que
la forme d’une raie s’est imposée à moi comme une « 
réponse à ma quête fonctionnelle. » nous dit Thomas
Pedersen.

Biographie de l’artiste

- 2007
Thomas Pedersen et ses associés ouvrent un espace de
présentation de leur travail à Århus : design workshop 24M
- 2002
Crée sa propre société de développement du design
- 1996-2002
Termine la Aarhus School of Architecture, département
Furniture and Interior Design
- 2000
Travaille au musée de la mer du nord à Hirtshals de
janvier à mars. Participe à la mise en place des
expositions internes et externes.
- 1995-1996
Travaille pour le fabricant de meubles Birkemose A/A à
Gisley
- 1993-1995
Diplôme de l’école supérieure de Nyborg
- 1989-1993
Collabore dans une entreprise à Svendborg : Kurt Hansen
Maskinfabrik
- 1988-1989
Ecole commerciale de Svendborg
- 1971
Thomas Pedersen est né et a grandi sur l’île de Fionie à
Gisley au Danemark

design et artisanat

Le design moderne fait partie de l‘image de marque des Danois et de
leur vie quotidienne.
Bon nombre de produits danois sont devenus des archétypes ou des
« icônes » du design du XXe s. Ni la lampe ni la chaise ni la roue
n‘ont été inventées au Danemark, mais des designers danois ont
interprété ces « outils » élémentaires en créant des formes devenues
célèbres, telles la lampe PH de Poul Henningsen (1894- 1967), le
« siège rond » de Hans J. Wegner (né en 1914) baptisé « The Chair » aux
États-Unis, et la roulette capotée KEVI de Jørgen Rasmussen (né en
1931), dont sont équipées des centaines de millions de chaises de
bureau.

Profils danois

La renommée mondiale du « Danish Design » date des années 1940 et
1950. Il s‘est développé grâce aux progrès techniques et à l‘aisance
qui suivirent la Deuxième Guerre mondiale, en même temps qu‘à la
rencontre d‘une série de designers de toute première classe, à la
fécondité d‘une collective de designers et au succès qu‘ils ont
rencontré à l‘étranger.
Des artisans, des architectes et des artistes hors pair ouvrirent
alors des voies nouvelles, chacun dans sa partie. Parmi ces
pionniers, Hans J. Wegner, architecte, conjuguait la science du
matériau et une simplification organique sans jamais accepter de
compromis avec la fonction. Finn Juhl (1912-1989) fut le cosmopolite
qui exécuta de grands projets pour le bâtiment des Nations Unies à
New York et pour la compagnie aérienne scandinave SAS. Prenant la
forme pour point de départ et assisté, plus tard, par de bons
techniciens, il put aussi réaliser des meubles. Arne Jacobsen (1902-
1971) pour sa part, fut le moderniste et le minimaliste qui,
techniquement parlant, poussa la construction jusqu‘aux limites du
possible afin d‘obtenir, coûte que coûte, un maximum d‘élégance.

C‘était aussi un esthète qui décelait d‘un oeil sûr les
potentialités des matériaux nouveaux. Børge Mogensen (1914-1972),
était systématique. Il réfléchissait et analysait les dimensions et
les fonctions en disséquant les projets. Pour lui comme pour son
maître, Kaare Klint (1888-1954), il n‘était pas problématique de
s‘inspirer de modèles classiques, en particulier de ceux de la secte
américaine des Shakers. Poul Kjærholm (1929- 1980), de son côté,
était un perfectionniste qui ne sortait pas du cadre de la tradition
fonctionnelle, mais à la différence des pionniers des années 1920,
capables de créer des meubles qui symbolisaient le style nouveau en
oubliant le plus souvent les détails, il poursuivait méthodiquement,
jusqu‘au bout, ses idées de design. Quant à Verner Panton (1926-
1998), c’était un créateur de concepts et un funambule qui d‘un
trait de crayon, sous l‘inspiration du moment, inventait une
nouvelle construction ou un concept original. Il n‘en travailla pas
moins pendant dix ans sur la chaise qui plus que tout autre meuble
devint une icône du design du XXe s. : « la chaise Panton », d‘abord
produite par Herman Miller, puis par Vitra.

La pépinière

Aucun de ces designers n‘a travaillé isolément. Leurs créations sont
nées de leur collaboration avec des producteurs qui voulaient et
pouvaient s‘identifier avec un designer de talent, développer ses
qualités et en faire des produits que le monde entier attendait sans
le savoir.
Les créations initiales du « Danish Design » dans les années 1940 et
1950 étaient presque toutes des objets de la vie quotidienne :
meubles, lampes, textiles, ustensiles de cuisine et outils pour la
maison. Cette qualité les rendant immédiatement perceptibles au
grand public.

- Les pionniers

Cependant, le design danois remonte plus loin dans le temps. Parmi
ses premiers inspirateurs, rappelons Poul Henningsen, architecte,
critique de la société et écrivain, Kaare Klint, architecte de
meubles, Knud V. Engelhardt (1882-1931), graphiste et designer, et
Georg Jensen (1866- 1935), probablement le plus célèbre de tous. Cet
orfèvre en argent a donné son nom à un secteur entier du consortium
danois Royal Scandinavia qui produit des objets exclusifs
d‘artisanat d‘art et de design. Autre figure de proue parmi ces
premiers inspirateurs : Steen Eiler Rasmussen (1898- 1990),
architecte et planificateur urbain, qui organisa, en 1933,
l‘exposition Britisk Brugskunst (Arts décoratifs britanniques) au
Musée des Arts décoratifs danois. Cette exposition exprimait bon
nombre des idéaux qui devaient, par la suite, caractériser le design
danois.
Deux autres facteurs ont leur place dans ce tableau. D‘abord la
collaboration qui s‘instaura alors entre de bons ébénistes et les
meilleurs architectes de l‘époque, illustrée par l‘exposition
annuelle du Salon d‘Automne des Ébénistes (1927-1965), et qui exerça
une grande influence sur les progrès de design. Ensuite, le fait que
l‘industrialisation du Danemark ait été tardive, que ce pays ait
apprécié par tradition, le travail artisanal, et qu‘il ait eu des
critères de qualité sur lesquels s‘est fondée la production
industrialisée lorsqu‘elle s‘est imposée pour de bon.

- Perspective internationale

Le concept de design danois se rattache également à une évolution
qui a débuté pendant la première décennie du Xxe siècle et s‘est
poursuivie avec l‘école allemande de Bauhaus et le style
international des années 1920, dont les créations et les édifices
devaient exprimer un retour au fonctionnalisme pur et à une absence
de décorations qui tenait du manifeste.

Malgré l‘excellence du design des architectes germano-américains
Ludwig Mies van der Rohe et Walter Gropius ainsi que du novateur
franco - suisse Le Corbusier, les idées de ces grands maîtres
amenèrent beaucoup trop aisément des architectes moins doués à
prôner un formalisme qui valut une célébrité douteuse au design et
au fonctionnalisme. Le design danois introduisit plusieurs éléments
qui manquaient au fonctionnalisme : une conception plus organique de
la forme, un profond respect de la fonction et un réel intérêt pour
les relations qui existent entre l‘utilisateur, l‘objet et leur
environnement. Il fallait simplifier les objets, mais sans
exagération et leur perception ne devait pas relever uniquement de
la vue, mais faire appel à la raison et à tous nos sens.

- L‘essence du design danois

Le design s‘exprime aussi à travers l‘esthétique d‘un produit, mais
quelle que soit la beauté du design danois classique, il était rare
que ses créateurs aient recherché directement la beauté. Ils
tentaient plutôt de résoudre les problèmes aussi simplement que
possible, sans réduire pour autant la complexité de la tâche
assignée ni jamais oublier qu‘un nouveau produit doit avant tout
être un bon outil pour ceux qui s‘en servent. Ces exigences sont
fondamentales pour le design danois. Au Danemark, on considère que
le design est un processus dont l‘objectif est de résoudre un
problème. La solution de ce problème doit être aussi simple et
naturelle que possible sans en réduire la complexité. Le but qu‘on
recherche est de permettre à l‘utilisateur de s‘identifier avec son
outil et la solution adoptée doit respecter les exigences du budget
et de l‘environnement.
À partir de là, il devient évident que le design danois n‘est ni un
style ni une mode, mais qu‘il représente et qu‘il est le résultat
d‘une série d‘objectifs et de valeurs dont la validité sera de très
longue durée. Jens Bernsen

Le gène du design danois

- Extrait de l’article de Valérie Fromont
- Journal Le Temps (Suisse)
- Mercredi 15 octobre 2008

- Une nouvelle génération de créateurs remet le design danois à
l’honneur après l’âge d’or des années 50.
« Vous voulez comprendre le design danois ? Allez faire les
boutiques ! » lancent les professionnels à Copenhague. Vraiment ? Fautil
faire du shopping pour aller à la rencontre d’une identité
culturelle et esthétique ?
« Avoir un environnement cosy est essentiel pour nous qui passons
beaucoup de temps à la maison, en raison de la rudesse des
conditions climatiques », confirme Christian Holmsted Olesen,
conservateur du Danish Museum of Art and Design de Copenhague.
Le design est ancré dans les esprits, les maisons, les cafés, les
institutions privées et publiques. « Chez le dentiste, à l’hôpital,
dans les mairies, les églises, vous trouvez des meubles design
d’Arne Jacobsen ou de Hans J. Wegn
er », raconte Thomas Bentzen, un
jeune designer basé à Copenhague et partenaire du studio Louise
Campbell, un des plus importants bureaux de design de la nouvelle
génération danoise.

Comme dans les autres pays scandinaves, le design est enraciné dans
le quotidien des habitants, parce qu’il a toujours été conçu dans
une optique démocratique. Pour Christian Scherfig, directeur du
Dansk Design Center, « la qualité du design danois se remarque
surtout dans les objets de tous les jours. Même les articles peu
coûteux sont souvent très bien faits. »
Des valeurs intimement liées
à l’idéologie politique des pays nordiques : l’historien danois
Søren Mørch rappelle que des matériaux relativement pauvres, comme
les bois légers, ont été optimisés par une tradition fermière « avec
une immense attention portée à la maison, à la famille et à la vie
de tous les jours. Le Danemark n’a d’ailleurs jamais été un pays
régi par une logique de classes. » Dans cette perspective, le design
a toujours été conçu comme un enrichissement du quotidien, donnant
accès aux beaux objets au plus grand nombre.
L’artisanat danois, avec une forte tradition d’ébénisterie, est
devenu un phénomène mondial, lorsqu’en 1949 la Round Chair de Hans
J. Wegner fit la couverture du magazine American Interiors et fut
décrétée « la plus belle chaise du monde ». La fascination pour ces
meubles aux formes simples et pas encore gagnés par la production de
masse fut un succès. Parmi les grands noms de l’époque, on peut
encore citer Arne Jacobsen, Finn Juhl, Verner Panton ou Poul
Kjærholm. La plupart des grands designers de cette époque sont issus
du sérail de l’Académie royale des beaux-arts de Copenhague -
également appelée l’Ecole Klint du nom de son fondateur,
l’architecte Kaare Klint, en 1924.

C’est dans ces murs qu’est désormais installé le Danish Museum of
Art and Design. Si l’enseignement de cette école était un projet
d’inspiration moderniste et écartait le style décoratif, il n’était
en aucun cas fondé sur une idée de rupture. Tout au contraire, Klint
apprenait à ses élèves à construire sur la base des formes du passé,
à les améliorer en les simplifiant. Il faisait travailler ses élèves
sur les collections du Musée des beaux-arts, sur le mobilier chinois
et britannique qui y est toujours conservé, notamment les chaises
« Contrairement à d’autres nations de design, les Danois n’ont jamais
eu pour but d’inventer de nouvelles choses. Les enseignants
souhaitaient transmettre à leurs élèves des outils pratiques et non
une discipline théorique. D’ailleurs, le Bauhaus a été extrêmement
mal reçu chez nous », explique le conservateur du musée, Christian
Holmsted Olesen. Aujourd’hui, les chefs-d’oeuvre de l’âge d’or du
design danois des années 40 et 50 sont exposés à côté des antiquités
qui les ont inspirés et il est incroyablement touchant de voir de
quelle manière cette esthétique danoise a pris forme. « C’est assez
cocasse de voir aujourd’hui les éditeurs danois obsédés par les
copyrights alors qu’à l’époque la copie était totalement admise ! »
ironise Christian Holmsted Olesen. Simplifier jusqu’à l’extrême -
afin que tout, dans le meuble, ait une raison d’être fonctionnelle -
était un des principes de Kaare Klint, exaltant ainsi des valeurs
d’utilité, de sérieux, de modestie - les garants du bon goût de
l’époque. Cet architecte était également obsédé par les
mathématiques et par la géométrie, construisant des bibliothèques où
les livres puissent être rangés en ordre au millimètre près. Son
goût de la mesure s’est surtout traduit par une obsession
perfectionniste pour les justes proportions, qu’il a transmise à
toute une génération de designers. Même des figures dissidentes -
comme Poul Henningsen, qui cherchait à créer des lampes qui
imiteraient au mieux la lumière du jour, ou Verner Panton, qui
embrassa avec enthousiasme le mouvement pop et ses plastiques
psychédéliques - furent les créateurs d’objets célébrés pour leurs
proportions parfaites. Le regain d’intérêt actuel pour le design des
années 50 témoigne de la pérennité de ces formes classiques
Aujourd’hui, le design danois fonctionne toujours comme un label de
qualité. Mais l’héritage des grands noms et de l’âge d’or du design
est parfois lourd à porter pour les jeunes générations de créateurs
danois. Afin de symboliser la rupture, le designer Hans Sandgren
Jakobsen est allé jusqu’à casser à la hache des chaises de Hans J.
Wegner lors d’une performance au musée Trapholt de Kolding.
Conscients des enjeux écologiques qui traversent leur discipline,
ils travaillent de manière respectueuse de l’environnement. Mais ils
ont aussi compris que la légèreté, le décoratif et l’éphémère
n’étaient pas des tabous. Ces trentenaires représentent
l’opportunité pour les fabricants danois d’étoffer leur gamme avec
de nouveaux produits adaptés à de nouvelles habitudes.

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